Archives de Catégorie: romans historiques

Pérou

Les chemins sacrés

Histoires de transformation au coeur des Andes

perou
Un livre soigné dans lequel chacune des pages porte tout autour du texte des impressions de montagne sacrée, de vieilles pierres empreintes de sagesse et d’enseignement.

Qu’ai-je de beau à offrir maintenant ? se demande-t-elle, un peu désespérée. (p. 97)

Ce livre est une invitation à prendre connaissance des enseignements de Sarâ.

— Bon… Avant de nous diriger vers le temple du Condor, j’aimerais partager ceci avec vous. Dans la cosmologie péruvienne existent trois mondes représentés chacun par un animal : le monde d’en haut représenté par le condor, le monde d’ici, par le puma, et le monde d’en bas, par le serpent. (p. 208)

Avec des photos des lieux sacrés, d’humains sur les îles flottantes des Uros…

S’approchant d’elle, il lui donne un léger baiser sur la bouche. Anna recule un peu, surprise. Quoi faire ? S’en aller, se sauver ou rester là et vivre ce qui se présente ? (p. 267)

Une fiction à plusieurs facettes se déroulant dans un pays aux facettes multiples.

— Mes amis, tout à l’heure, ceux qui le désirent survoleront les lignes de Nazca. Vous en avez sûrement entendu parler, car elles font partie des grandes énigmes de ce monde. (p. 342)

L’auteure, Sarâ Julia, est accompagnatrice de voyages mais aussi écrivaine, musicienne-compositeure, accompagnante psychospirituelle, organisatrice et guide de voyages initiatiques. Elle amène annuellement de nombreux pèlerins sur les chemins sacrés du Pérou et nous fait vivre dans ce récit de formidables histoires des Andes avec en parallèle de grandes vérités ancestrales et une vie antérieure transcendant le temps et l’espace.

Pérou, Les chemins sacrés, Histoires de transformation au coeur des Andes est publié aux éditions Le Dauphin Blanc.

http://dauphinblanc.com/catalogue/perou/


Panique au Vatican

paniqueauvaticanPour faire honneur aux Patriotes dont c’est la fête, voici un thriller de Mark Zellweger que l’on propose pour la fête des pères et pour vos lectures d’été. Il s’agit d’une brique dans laquelle il est question d’individus haut perchés mais secrets qui sont impliqués dans l’élaboration de stratégies mondiales en contact avec des militaires haut gradés.

On y trouve aussi une australienne mariée à un prince préférant les jeunes garçons et qui doit conséquemment subir des traitements de fertilité dans une clinique privée où l’infirmière n’est pas vraiment de formation médicale ainsi que toute une panoplie de personnages parfaitement urbains et de calibre très international du 21e siècle.

Ce roman d’espionnage international nous mène du père veuf installé en extraordinairement situé chalet-forteresse suisse jusqu’au pape et son administration au Vatican en passant par la Chine, le Tibet, le désert de Gobi et bien des ailleurs lointains.

Les discussions d’une Master Class of Strategy font office de prologue à plus de 500 pages d’aventures en lieux pittoresques en compagnie du service de renseignements indépendant et neutre nommément le Sword et sa petite cellule clandestine que son directeur Mark tient à imposer autant à l’OTAN qu’à l’ONU et aux pays individuels qu’il considère comme ne recherchant que des intérêts partisans à court terme, toutes ces aventures  n’empêchant pas ledit Mark de bien s’occuper de ses jumeaux orphelins de mère depuis de 11 septembre et d’apprécier les levers et les couchers de soleil.

CITATIONS / EXTRAITS

« La dernière élection pontificale avait fait sensation. Anastase, le cinquième du nom, était le premier souverain pontife de tous les temps d’origine chinoise. » (p. 57)

« – Par principe, je me méfie toujours de la vérité toute prête que l’on me sert par journalistes interposés. » (p. 70)

« – Quoi de mieux qu’assistante médicale dans le service de gynécologie du San Martino International Private Hospital, hein ? demanda Mark, pas peu fier de son idée. » (p. 75)

« – C’est ce que nous avons compris, quand elle nous a parlé de vous. Votre mère nous a contactés car elle est persuadée que vous n’allez pas très bien, et que l’on vous empêche de la voir. J’ajouterai que la dernière fois que vous vous êtes vues, il y avait un garde du corps qui épiait tout ce que vous vous disiez. Est-ce exact ? » (p. 87)

« Ils montèrent ainsi pendant presque cinq heures, sans s’arrêter, évoluant à un rythme lent et régulier. Ils avaient dévié à droite de la Highway 138, le long des crêtes, à quasiment trois mille mètres. Un léger vent frais soufflait » (p. 224)

Panique au Vatican de Mark Zellweger est publié en français aux éditions Eaux troubles.

Joyeuses journée des patriotes, fête des pères et lectures d’été !


Rannaï, T2

RannaiT2.jpgSuite et fin d’un roman passionnant dans lequel se côtoient et se supplantent la ville-dômes et les communautés agricoles, les Dix richissimes hyper-puissants et la populace sans oublier les oubliés et les déplacés sur la Lune implantés là sans leur consentement par les Dix superbes…

L’histoire se passe dans cent ans et c’est comme si, comme le fait l’auteure Karine Raymond en laissant son imagination poser les probabilités, on se demandait comment aurait évolué notre pays « si nous avions conservé les valeurs des Premières Nations au lieu d’adopter les structures françaises et anglaises ? »

Dans ce tome 2 de Rannaï, une formidable suite improbable d’événements se produisent, se bousculent, se superposent. Les personnages plus grands et plus vrais que nature s’entrechoquent et poursuivent leur destin complètement à l’encontre d’eux-mêmes, du monde et de la Terre ou totalement en union avec un mode de vie des plus simple. Les familles séparées se cherchent, on a l’espoir que les trois soeurs vont se retrouver avec leurs parents à la ferme familiale délaissée. On a l’espoir que les humains et les humaines trouveront leurs motivations et des élans amoureux tout aussi durables que leurs projets. On est séduit par les jardins décrits avec tant de passion au détour d’une forêt ou de framboisiers mais aussi par les nombreuses réflexions imbriquées dans le texte : liberté de partir vivre ailleurs et permissions incessantes à demander aux autorités, entente familiale, libertés prises par les riches organisés et les protections qu’ils s’enracinent entre eux, les choix que l’on fait pour soi et pour les autres…

Un roman sublimement rebelle pour indignés, publié chez Druide.

EXTRAITS / CITATIONS

« La sensation de ne pas être adéquate, d’être un parasite pour sa propre planète. Ici, le mode de vie minimaliste était ardu et angoissant, mais il lui permettait, en quelque sorte, de se racheter. Accepter le rythme de la nature, être humble devant sa complexité. » (p. 74)

« En la voyant, il avait compris qu’il ne ferait jamais partie de sa vie. Il n’était qu’un asticot englué dans une toile qui devait oublier l’existence même du bonheur. » (p. 96)

Tant que Mah s’était adressée à des fonctionnaires pour plaider la cause de la Bulle citoyenne, elle n’avait eu aucune embûche. Toutefois, se rapprocher d’un mouvement activiste la positionnait dans la mire des maîtres du jeu. Est-ce à dire que tous les paliers du gouvernement étaient corrompus ou, du moins, bâillonnés ? » (p. 133)

http://www.editionsdruide.com/livres/hiver-2016/Rannai/


Aussi longtemps que les rivières couleront

aussilongtempsUn roman humain bouleversant de James Bartleman, premier Autochtone ambassadeur canadien, qui a su imprégner ce grand roman de toute la souffrance et de tout le pardon jusqu’à une commission de réconciliation au sujet des anciens pensionnats d’abuseurs sexuels se protégeant entre eux pour leurs intérêts tout en prêchant hypocritement le contraire de ce qu’ils faisaient.

Pensionnats autochtones et abuseurs sexuels
Aussi longtemps que les rivières couleront
raconte avec immensité historique et humaine l’histoire de Martha, petite fille autrefois heureuse enlevée à sa famille et à sa communauté à l’âge de six ans pour en faire une petite canadienne de religion blanche et dans la foulée fut pendant des années abusée sexuellement par le prêtre vénéré et bien nourri du pensionnat ontarien où elle était forcée de vivre. À son retour à l’âge de 16 ans, la jeune femme est vide de sens et elle se perd dans l’alcool, se fait enlever son enfant par les autorités, part ensuite pour Toronto où elle découvre un autre monde et où elle cherche son fils pour enfin revenir chez les siens à la suite du décès de sa mère et s’occuper de sa plus jeune.

Il faut lire ce grand roman révélateur et vraiment bien documenté non pas uniquement par solidarité humaine envers les Autochtones mais parce que les tordus qui se protègent entre eux et qui prêchent pour les autres l’inverse de leurs agissements sont loin d’être disparus des hauts niveaux de contrôle omniprésent.

Suicides chez les jeunes
Il faut lire ce grand roman parce qu’il est sublime de vérité aussi sur le fléau des suicides chez les jeunes, conséquences ici de parents maltraités qui ont perdu leur essence et qui n’ont plus rien à enseigner à leurs enfants. Parce qu’il raconte un quotidien de paix dérangé par les Canadiens Anglais suprématistes qui avaient pour objectif nihiliste de tout détruire ce qui existait déjà avant leur arrivée et qu’encore une fois ce genre d’individus qui abusent pour leurs intérêts n’ont pas nécessairement cessé d’exister ni perdu leur détermination.

Aussi longtemps que les rivières couleront est un grand roman historique de conciliation qui aide à comprendre et à passer à autre chose si on a eu le malheur d’être trop quelque chose aux yeux de stratèges et qu’on a par voie de conséquence fait partie de celles/ceux qu’ils ont, un jour ou une décennie, prise pour cible afin de s’implanter sans conteste comme princes s’éclatant dans le grand luxe aux frais des gens qu’ils écrasent en toute connaissance de cause et dans le déni le plus total ajouté de propagande organisée et largement soutenue par les gens qu’ils ont mis en place.

CITATIONS / EXTRAITS

« Les femmes se sont tues pendant un moment, puis ont demandé aux hommes s’ils croyaient que l’argent qu’ils recevraient du commerçant pour leurs peaux suffirait à rembourser leurs dettes et s’équiper pour l’année suivante. Les hommes l’ignoraient et ont donc orienté la conversation sur le thème de la chasse. » (p. 17)

« – Petite fille, je t’ai prévenue […] Le Wendigo ne fait pas que manger les gens. Il peut s’emparer des enfants d’une mère, voler leur âme, s’arranger pour qu’ils se détestent eux-mêmes et haïssent leurs proches, détruire leur culture et les changer en démons sans âme. Pire encore, il peut transformer les enfants en wendigos. » (p. 75)

« – Non, non ! S’il te plait ! Il dirait que je mens, les religieuses l’appuieraient, la police croirait sa version plutôt que la mienne et ce serait moi la personne qui aurait des ennuis. De toute façon, je veux tourner la page et regarder en avant. » (p. 79)

Aussi longtemps que les rivières couleront, un grand roman historique canadien de James Bartleman, est publié aux éditions des PLAINES, collection Premières Nations.


MULIATS

MULIATS, theatre innu québécoisQuand un envahisseur débarque, sa première priorité est de tout raser et de remplacer les anciens petits et grands réalisateurs par ses pions et imposer ses nouvelles façons de supérioriser ses intérêts.

À partir de là, les délogés typiquement crient à l’aide et au bandit voleur. Sauf que l’écrasant s’attend à cela de la part de l’écrasé qui devra soit tenter de survivre en ayant perdu ses réalisations et souffrir la douleur de voir des truands se targuer des crédits de ses efforts de toute une vie, de toute une décennie, de toutes ses idées et énergies investies jour après jour, année après année.

Alors comment faire ? Critiquer, alors que l’envahisseur a déjà prêché sa bonne parole et commis des lois contre le discours haineux qu’il a provoqué ? Simuler, comme le recommandait un philosophe grec, risque de nous engager dans la collabo et la perte de toute façon de nos actifs et libertés aux côtés de stratèges bien organisés.

On a vu à nombreuses reprises sur Terre des envahisseurs, les Blancs partout où ils voulaient faire fortune puis déguerpir avec le butin et autres situations semblables parfois à plusieurs reprises comme ici d’abord avec les colons Français puis quand les Anglais ont décidé de les déloger en brûlant systématiquement leurs maisons et leurs récoltes et en redivisant à leur manière les terres.

Mais il reste les gens qui restent, même histoire pour ceux ou celles qui auraient créé une entreprise et se seraient fait voler le fruit de leur travail. Ces hommes et ces femmes ont été volontairement cassés par leurs bourreaux qui typiquement feront pour eux-mêmes une propagande de victimes alors que les véritables victimes ne peuvent rien dire, rien faire puisque les prêcheurs ont déjà mis la majorité de leur bord. Comment se faire entendre ? Comment rétablir l’entente avec les descendants à la suite de tant de destruction ?

Les humains brimés risquent d’avoir les nerfs à vif et de réagir au quart de tour, passer donc pour violents. Les humains en haut du pavé, quant à eux, n’ont pas envie de perdre leurs acquis, ni au profit de ceux à qui ils les ont enlevés ni à d’autres qui voudraient tout leur prendre pour recommencer leur petit jeu de guerre.

C’est un peu le problème que propose MULIATS, un mot titre d’une pièce de théâtre qui en innu, c’est-à-dire dans la langue du peuple autochtone qui vit juste au sud du peuple inuit, signifie Montréal.

« Vous savez toujours mieux que les Indiens ce qui est bon pour les Indiens »

Toute femme vous dira que l’on pourrait remplacer le mot Indiens par le mot femmes. Remplacer le mot Blancs par le mot hommes. Et la mauvaise blague, c’est qu’au pays de la langue française, ils ont réussi à imposer que le mot Homme prenne la place des hommes et des femmes alors même que sans femmes il n’y aurait pas d’humains. Quels imposteurs à la fin !

Alors comment faire ? Aller voir la pièce et discuter avec eux en appréciant l’opportunité d’échange et aussi le délicieux thé nordique qu’ils offrent au public à la fin de chaque représentation.

MULIATS est présenté au Théâtre Denise Pelletier jusqu’au 20 février 2016. C’est une oeuvre collective de la jeune compagnie MENUENTUAN qui rassemble des Québécois et des Autochtones. MULIATS raconte deux jeunes, un Montréalais et un Innu qui partagent un appartement en colocation et qui doivent quotidiennement faire face aux chocs des cultures qui s’ignorent tout en ayant vécu côte à côte depuis des siècles. C’est un peu comme cette semaine, alors que j’ai tenu la porte deux fois de suite à une personne qui s’est entêtée à me parler en anglais…

http://montreal157.blogspot.ca/2016/01/muliats-theatre-innu.html


Le carnaval des innocents

lecarnavaldesinnocentsromancolombienHistoriquement révolutionnaire, rebelle, carnavalesque et quelque peu coquin, ce roman de l’auteur colombien Evelio Rosero dépeint en toutes lettres les festivités entourant la période entre Noël et le 6 janvier, alors qu’à peu près tout est permis dans la ville de Pasto, tout en revisitant par le biais d’un char du défilé, l’histoire glorieusement réfutée de l’illustre Libérateur de l’Amérique du Sud contre la colonialiste Espagne, Simon Bolivar.

Avec des débuts s’apparentant au roman drôle passant au drame historique tout en nourrissant la fiction, il y a à boire et à manger dans ce livre qui passe des folies du carnaval aux folies de la guerre en passant par des manoeuvres de grand stratège qui, comme cela se voit encore aujourd’hui à toutes échelles pour la moindre goutte de pouvoir, souhaite ramener toute la gloire à sa personne.

Des personnages pittoresques comme Don Furibard du Klaxon et sa dévote épouse et un gynéco complètement obsédé par l’idée de remettre les pendules à l’heure, des étudiants, des militaires, les gens de la ville qui subissent les folies des uns et des autres, les artisans, les hommes fous, les belles jeunes filles… 304 pages aux soubresauts fréquents, même chez les vieux couples mariés depuis des lustres, qui se terminent par deux étonnantes, éloquentes lettres de Bolivar.

Ici, de fait, la guerre et le carnaval se courtisent et mettent en scène des personnages qui se ressemblent.

CITATIONS / EXTRAITS

« Primavera en eut les yeux exorbités, elle ne pouvait croire ce qu’elle voyait, mais il fallait le croire, il y avait bel et bien un singe dans la chambre » (p. 25)

« – Onze heures, dit-il en consultant la pendule murale du cabinet, le jour des Saints Innocents n’est pas encore fini. » (p. 79)

Le carnaval des innocents, du Colombien Evelio Rosero, est traduit en français et vient de paraître aux éditions Métailié, Paris. Le carnaval des innocents a reçu le prix national du meilleur roman en 2014.


Terre des femmes

nassirabelloulaSLM2015

Bouleversant, le plus récent roman de Nassira Belloula dans lequel se mêlent dans une prose poétique le sang des accouchements à celui des batailles et des guerres menées par les hommes et les femmes sur cinq générations.

La nouveauté, c’est qu’au lieu de voir l’Histoire en excluant les femmes, cette fiction historique part des femmes, de mère en fille, leur accueil au village lorsqu’elles sont déplacées, leur histoire d’amour et leur vie auprès ou en l’absence de leur homme ou de la famille ou encore des personnes de confiance recommandées par des hommes ou des femmes qui leur veulent tout le bien possible même si toutes ces vies sont assujetties aux atrocités des colonialistes et opportunistes parfois politiques, d’autres fois de la « noblesse » ou encore militaires Français en Algérie pendant les plus de cent années d’occupation. Individus égorgés, filles violées, villages rasés, maisons et récoltes brûlées, Algériens pourchassés pour être tués, chassés de chez eux, hommes et femmes ensemble ou esseulés devant tout recommencer ailleurs. Et de mère en fille, la vie continue dans ce roman qui se situe entre 1847 au moment de l’invasion des Français jusqu’au déclenchement de la Guerre d’Algérie. C’est souvent déchirant. C’est toujours dense d’Histoire et de féminité mais aussi de masculin. Pour la dernière de la lignée, un chapitre haletant, un vrai page turner.

CITATIONS DE NASSIRA BELLOULA EN ENTREVUE

« Pour chaque femme, il y a une époque qui est relatée avec les faits, les événements, ce qui s’est passé à cette époque-là », explique Nassira Belloula en entrevue vidéo dans laquelle il est aussi fortement question de la condition féminine. « Un survol de cent ans d’Histoire » dans les Aurès avec « beaucoup de déchirements ». « les derniers attentats de Paris […] on voit que rien n’a changé. »

CITATION EXTRAITE DU LIVRE

« Tadla soupira, les choses devaient passer ainsi, elle ne dérogeait pas à la règle, après tout, son sort était lié intimement à sa filiation féminine, ce lien confus et douloureux qui faisait d’elle le prolongement de la destinée des siennes, destinée de souffrance, semble-t-il, car à partir de ce passé, le chemin tracé était assez laborieux. Il finirait bien par arriver quelque part. Elle pensa à Yélli, sa mère, ne lui avait-elle pas donné la vie dans la plus profonde des solitudes. Elle, le fruit d’un amour interdit. Qui sait ce qui serait advenu d’elle, sans la force et la ténacité de ses deux grands-pères, ennemis héréditaires, réconciliés dans le malheur. » (p. 108)

Dans le texte sont par ailleurs insérées de nombreuses citations, des paroles ou des écrits notamment de personnalités à la carrière de tous niveaux, y compris des plus hauts perchés.

Terre des femmes mériterait bien une Note de l’auteur en fin d’ouvrage s’il était publié ici, mais vu qu’il est publié en Algérie (Chihab éditions), il n’est malheureusement pas disponible chez nous. S’agirait-il là d’un triste manque dans les réseaux de communications mondiaux qui font en sorte que nous ne sommes pas en mesure de connaître aussi bien qu’on le voudrait ? Comment y remédier ? La France a-t-elle une oreille à l’écoute ou une idée d’apaisement pour rétablir la paix de l’âme ?

J’ai eu le plaisir de rencontrer Nassira Belloula au Salon du livre de Montréal 2015 où elle m’a accordé une entrevue vidéo : Nassira Belloula, algéroise et montréalaise.

 


Sordide complot

« Si tu crois que j’ai réussi
à me rendre où je suis en étant honnête,
tu rêves en couleur. »

SLM 2015
Tant d’hommes sont tellement prêts à tout et n’importe quoi pour parvenir à leurs fins.

Perso, il m’est déjà arrivé d’avoir à subir une seconde fois des tests pré-emploi en raison d’une maladie impossible. Ce jour-là, une infirmière a soit subi de l’intimidation soit reçu un grosse enveloppe brune de la part de cet homme d’une cinquantaine d’années qui discutait vivement avec elle de l’autre côté des vitres. Dommage qu’en échange de ses problèmes de prostate je n’aie pas été enceinte…

J’ai aussi connu un cancre qui est un jour passé VP d’une grande banque canadienne et dont le visage se défaisait immanquablement quand je lui disais que non je ne connaissais personne là où je venais d’être embauchée. Moi je n’avais pas accès à tous ces lieux réservés aux hommes.

Et connaissez-vous quelqu’un qui faisait tout bien et qui était sur le sentier d’une belle carrière et qui dans l’espace d’un éclair a vu le sol se dérober sous ses pieds et soudain se voir déchu au profit de trolls aux magouilles bien rodées avec des intermédiaires et même un journaliste bien graissés qui en beurrent épais pour convaincre tout l’entourage ?

Nous aurions besoin de la chouette équipe de Caméra Danger pour nous sortir de tous ces cauchemars.

Tome 9, Sordide complot, raconte l’histoire d’une course de vélo de montagne qui tourne au cauchemar à Sugarloaf. C’est un roman, un polar oh combien d’actualité.

Une fiction grinçante de vérité avec des rebondissements vraiment bien menés.

CITATIONS / EXTRAITS

« Il espère s’y voir tenant fièrement la médaille d’or qui lui ouvrira la porte des prochains Jeux olympiques. Il vient d’avoir dix-huit ans. Passionné par son sport et très tenace, il envisage l’avenir avec optimisme. » (p. 14)

« Il semble plutôt du genre solitaire, mais il est quand même venu s’entraîner un pe avec nous. Il est vraiment bon et m’a d’ailleurs donné quelques conseils. » (p. 45)

Sordide complot, tome 9 de la série Caméra Danger, est écrit par Lucia Cavezzali et est publié chez Marcel Broquet, la nouvelle édition.

J’ai eu le plaisir de rencontrer l’auteure en entrevue au Salon du livre de Montréal 2015.


Les Transparents

Prix José Saramago 2013

Traduit du portugais (Angola)

 Les Transparents ONDJAKI Titre original : Os Transparentes Langue originale : Portugais (Angola) Traduit par : Danielle Schramm Éditions Métailié, Paris
Les Transparents
Auteur : ONDJAKI
Titre original : Os Transparentes
Traduit par : Danielle Schramm
Éditions Métailié, Paris

L’auteur Ondjaki est né à Luanda en 1977 et est reconnu comme l’un des plus prometteurs du continent africain.

Les Transparents raconte l’histoire des gens dont la vie sera incroyablement perturbée par toute volonté soudaine du gouvernement, tout particulièrement les habitants d’un immeuble où l’eau si rare coule à flots, étonnante fuite intarissable qui désarme l’espace d’un moment les visiteurs indésirables. Le roman dépeint aussi l’excitation due à une éclipse qui a choisi l’Angola comme meilleur pays d’où l’observer. Mais dans toute cette agitation s’active aussi un expert débarqué des États-Unis pour conseiller le gouvernement sur l’exploitation du pétrole qui se trouve sous la capitale. Et puis, il y a le facteur, le marchand de coquillages, l’aveugle, Marie Laforte qui a son petit commerce de grillades, la vieille qui vit dans la capitale mais qui ne parle que son patois que personne ne comprend plus, les jeunes qui se trouvent des magouilles pas toujours parmi les meilleurs moyens… Il y a les membres du gouvernement qui sont pas toujours très gentils avec leur personnel féminin ou masculin, les frères corrompus toujours d’accord enfin ils sont contrôleurs avec de la parenté haut placée, et puis il y a Odonato et même aussi Paulo Flores le chanteur (que nous n’avons pas pu voir à Montréal en juillet pour des motifs de visa).  Mais en même temps que tout le monde s’attend à rien, personne s’attend à ce qui va se produire. C’est la vraie vie. Vraisemblablement invraisemblable.

Ce livre est écrit pratiquement sans ponctuation ; le monde et les personnages en contiennent déjà bien assez.

CITATIONS / EXTRAITS

« – je sais bien que ce sont des coquillages. je suis aveugle mais je connais le bruit des choses, ce n’est pas ça… » (p. 21)

« – et comme si ça ne suffisait pas, on voit apparaître une quantité de trous dans la ville, avec des affichages de ce truc qu’on appelle le CIPEL, il y a des graffitis dans les rues qui traduisent ça “ compagnie des imbéciles qui pâturent ensemble à Luanda ”, et autres plaisanteries » (p. 73)

« la climatisation avait bégayé toute la nuit, un bégaiement qui n’avait rien de frais, qui expulsait des bouffées d’air chaud, comme un ventilateur qui aurait renoncé à sa fonction rafraîchissante. » (p. 131)

« est-il vrai que l’Angola est le meilleur endroit au monde pour assister au phénomène ? » (p. 201)

Les Transparents, du jeune auteur angolais ONDJAKI, est publié en français aux éditions Métailié, Paris. Prix José Saramago 2013.

http://editions-metailie.com/livre/les-transparents/


Dictionnaire amoureux du Québec

Lecture qui s'avérera tout aussi intéressante pour les Québécois que pour les francophones du monde entier, le Dictionnaire amoureux du Québec de Denise Bombardier est publié chez Plon.

Lecture qui s’avérera tout aussi intéressante pour les Québécois que pour les francophones du monde entier, le Dictionnaire amoureux du Québec de Denise Bombardier est publié chez Plon.

Connue pour son franc parler et sa volonté de revendiquer la liberté de réfléchir trop souvent interdite même chez nous, l’auteure Denise Bombardier nous a élaboré un ouvrage sur le Québec qui prend du recul face aux courants à visions raccourcies d’aujourd’hui pour leur préférer un survol des influences bonnes ou mauvaises qui ont eu un impact à long terme sur les comportements des Québécois et qui restent dans la mémoire profonde encore de nos jours.

Le Dictionnaire amoureux du Québec a été conçu pour toute la francophonie qui y trouvera des entrées sur certains personnages historiques, des villes, la religion catholique, les hommes québécois, les femmes québécoises, des régions… L’auteure y relate avec aplomb ce qui rend le Québec si unique.

EXTRAITS / CITATIONS

« Sa relation douteuse avec les femmes, qu’il semble attaquer plutôt que séduire, l’entraînera dans des déboires futurs, mais jamais il ne s’amendera. Au contraire, ce chaud lapin, prêtre aux mains consacrées, en fera un usage douteux au-delà de la Sainte Table, ce qui lui vaudra des exclusions épisodiques des paroisses où il officiera comme curé. » (p. 96, Chiniquy)

« Le Québec francophone et le Canada anglais non seulement ne chantent pas le même hymne, mais, en français, l’on se rappelle le passé de nos ancêtres, « cette race fière », alors que les Canadiens-anglais, eux, sont prêts à tout pour ce « pays du Nord, puissant et libre », qu’ils regardent grandir. » (p. 202, Hymne national (L’))

« Elles ont souvent réussi à évoluer avec plus de souplesse, d’ouverture d’esprit et de lucidité que nombre de Québécois qui, eux, ont reproduit dans la société décléricalisée et déchristianisée tous les travers, les tics et l’idéologie bornée du Québec de la catholicité étouffante. » (p. 341, Religieuses (Les))

Lecture qui s’avérera tout aussi intéressante pour les Québécois que pour les francophones du monde entier, le Dictionnaire amoureux du Québec de Denise Bombardier est publié chez Plon.

J’ai eu le plaisir d’assister au lancement officiel qui a eu lieu à Montréal dans un musée historique où l’on peut encore visiter des ruines authentiques, Pointe-à-Callière.