
Isa, tome 1, l’île des exclus
Auteure Sergine Desjardins
Guy Saint-Jean éditeur
Le roman d’ISA : dans ce tome premier, pourrait-on ici parler de misérables au Canada, de personnes auxquelles des individus peu soucieux de justice imposent un destin qu’ils ne voudraient pas pour eux-mêmes et c’est précisément parce qu’ils ne voudraient pas d’un tel destin qu’ils s’acharnent tant sur les autres ?
ISA, c’est une des trois filles d’une famille choyée du Nouveau-Brunswick. Une famille qui fait des jaloux… Une famille unie, heureuse. Oui mais voilà, quand on est heureux ne vaut-il pas mieux ne pas le montrer ? Pour Isa, il aura fallu simplement qu’elle se baigne joyeusement au vu et au su de tous pour que des rougeurs sur sa peau la fasse non pas marquer au fer rouge mais déporter sur une île pour lépreux avec de véritables lépreux, dans un barraquement où hommes, femmes, malades mentaux, vicieux et jeunes filles dorment tous ensemble gardés par un seul couple installé dans une maison non loin de là mais assez loin quand même.
Isa dont la maman est très amie avec le curé, ce dernier ayant aussi fait des études en médecine, ce dernier qui non seulement n’a rien fait pour lui venir en aide mais qui aura été artisan de sa mise à l’écart.
Isa dont la soeur est partie étudier à Québec où elle vivra chez sa tante et connaîtra l’amour avec un grand A tout en étant partagée entre le bonheur en ménage et l’envie d’une carrière dans cette communauté de femmes où elles habitent. Oui, mais sera-t-elle toujours aussi acceptable par la famille et surtout par le père du jeune homme quand le pharmacien apprendra qu’il y a, en plus d’une dévergondée voyageuse, une lépreuse chez la fiancée de son fils ? Car à vivre avec les lépreux…
Isa, L’île des exclus est une saga absolument poignante dans laquelle il sera largement question de la petitesse d’âme et de coeur chez nombre de gens et inversement de la grandeur d’autres, un roman historique qui nous ramène en 1844, époque où la médecine et les croyances religieuses soupèsent les décisions au nom de tous, soi-disant pour le bien de tous, mais comme aujourd’hui telles décisions sont souvent motivées par les intérêts quels qu’ils soient des décideurs organisateurs des conditions de vie pour la majorité qui aideraient sans que cela paraisse à leur moyen personnel de faire fortune et tous les moyens sont bons quand les populations sont confiantes et ne se doutent pas des réseaux les plus crapuleux qui ont cours dans les plus belles résidences et sous les enseignes les plus nobles.
Le roman est dédié À tous les exclus et à ceux qui leur tendent la main.
EXTRAITS /CITATIONS
« Charlotte lui avait confié que si elle avait été un homme, elle serait devenue médecin. » (p. 20)
« Il priait Dieu afin que rien ne transparaisse dans son visage des émotions qui l’assaillaient : il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine répulsion devant ces êtres défigurés ou mutilés par la maladie. » (p. 21)
« – Je sais de qui tu parles. Inutile de le nommer, répondit François. C’est vrai qu’il a usé de son pouvoir. Avant que son neveu n’attrape la lèpre, il n’a pas levé le petit doigt. » (p. 23)
« Après ce dimanche-là, plus rien ne fut pareil à Tracadie. La peur, pour ne pas dire la terreur, d’attraper la lèpre suscita les comportements les plus irrationnels. Guérisseurs et charlatans firent des affaires en or. Ils affluèrent au village, affirmant avoir en leur possession des objets censés prémunir contre la lèpre. » (p. 43)
« J’en avais déduit que les femmes étaient plus émancipées qu’ici. Je me suis trompée. » (P. 48)
« Elle se doutait bien que François était là. Il y était effectivement, retenant son souffle, priant pour qu’elle s’en aille au plus vite. » (p. 75)
« François pensa à tous ceux, dont Isabelle, qui avaient été examinés à la sauvette et il se sentit soudain écrasé par le poids de cette énorme et terrifiante responsabilité. » (pp. 79-80)
« Parmi eux, s’étaient glissés quelques curieux aimant se repaître du malheur des autres. » (p. 92)
« Comme Vanier l’espérait, la foule se dispersait aussitôt. Il avait ainsi tout le loisir d’acheter à un prix ridicule des terres qu’il revendait à prix fort. » (p. 148)
Isa, tome 1, L’île des exclus de la plume de Sergine Desjardins est un roman, premier tome d’une série historique canadien sur la condamnation par la lèpre et ses conséquences sur les proches, publié chez Guy Saint-Jean éditeur.