Archives de Tag: Métailié

Le carnaval des innocents

lecarnavaldesinnocentsromancolombienHistoriquement révolutionnaire, rebelle, carnavalesque et quelque peu coquin, ce roman de l’auteur colombien Evelio Rosero dépeint en toutes lettres les festivités entourant la période entre Noël et le 6 janvier, alors qu’à peu près tout est permis dans la ville de Pasto, tout en revisitant par le biais d’un char du défilé, l’histoire glorieusement réfutée de l’illustre Libérateur de l’Amérique du Sud contre la colonialiste Espagne, Simon Bolivar.

Avec des débuts s’apparentant au roman drôle passant au drame historique tout en nourrissant la fiction, il y a à boire et à manger dans ce livre qui passe des folies du carnaval aux folies de la guerre en passant par des manoeuvres de grand stratège qui, comme cela se voit encore aujourd’hui à toutes échelles pour la moindre goutte de pouvoir, souhaite ramener toute la gloire à sa personne.

Des personnages pittoresques comme Don Furibard du Klaxon et sa dévote épouse et un gynéco complètement obsédé par l’idée de remettre les pendules à l’heure, des étudiants, des militaires, les gens de la ville qui subissent les folies des uns et des autres, les artisans, les hommes fous, les belles jeunes filles… 304 pages aux soubresauts fréquents, même chez les vieux couples mariés depuis des lustres, qui se terminent par deux étonnantes, éloquentes lettres de Bolivar.

Ici, de fait, la guerre et le carnaval se courtisent et mettent en scène des personnages qui se ressemblent.

CITATIONS / EXTRAITS

« Primavera en eut les yeux exorbités, elle ne pouvait croire ce qu’elle voyait, mais il fallait le croire, il y avait bel et bien un singe dans la chambre » (p. 25)

« – Onze heures, dit-il en consultant la pendule murale du cabinet, le jour des Saints Innocents n’est pas encore fini. » (p. 79)

Le carnaval des innocents, du Colombien Evelio Rosero, est traduit en français et vient de paraître aux éditions Métailié, Paris. Le carnaval des innocents a reçu le prix national du meilleur roman en 2014.


Les Transparents

Prix José Saramago 2013

Traduit du portugais (Angola)

 Les Transparents ONDJAKI Titre original : Os Transparentes Langue originale : Portugais (Angola) Traduit par : Danielle Schramm Éditions Métailié, Paris
Les Transparents
Auteur : ONDJAKI
Titre original : Os Transparentes
Traduit par : Danielle Schramm
Éditions Métailié, Paris

L’auteur Ondjaki est né à Luanda en 1977 et est reconnu comme l’un des plus prometteurs du continent africain.

Les Transparents raconte l’histoire des gens dont la vie sera incroyablement perturbée par toute volonté soudaine du gouvernement, tout particulièrement les habitants d’un immeuble où l’eau si rare coule à flots, étonnante fuite intarissable qui désarme l’espace d’un moment les visiteurs indésirables. Le roman dépeint aussi l’excitation due à une éclipse qui a choisi l’Angola comme meilleur pays d’où l’observer. Mais dans toute cette agitation s’active aussi un expert débarqué des États-Unis pour conseiller le gouvernement sur l’exploitation du pétrole qui se trouve sous la capitale. Et puis, il y a le facteur, le marchand de coquillages, l’aveugle, Marie Laforte qui a son petit commerce de grillades, la vieille qui vit dans la capitale mais qui ne parle que son patois que personne ne comprend plus, les jeunes qui se trouvent des magouilles pas toujours parmi les meilleurs moyens… Il y a les membres du gouvernement qui sont pas toujours très gentils avec leur personnel féminin ou masculin, les frères corrompus toujours d’accord enfin ils sont contrôleurs avec de la parenté haut placée, et puis il y a Odonato et même aussi Paulo Flores le chanteur (que nous n’avons pas pu voir à Montréal en juillet pour des motifs de visa).  Mais en même temps que tout le monde s’attend à rien, personne s’attend à ce qui va se produire. C’est la vraie vie. Vraisemblablement invraisemblable.

Ce livre est écrit pratiquement sans ponctuation ; le monde et les personnages en contiennent déjà bien assez.

CITATIONS / EXTRAITS

« – je sais bien que ce sont des coquillages. je suis aveugle mais je connais le bruit des choses, ce n’est pas ça… » (p. 21)

« – et comme si ça ne suffisait pas, on voit apparaître une quantité de trous dans la ville, avec des affichages de ce truc qu’on appelle le CIPEL, il y a des graffitis dans les rues qui traduisent ça “ compagnie des imbéciles qui pâturent ensemble à Luanda ”, et autres plaisanteries » (p. 73)

« la climatisation avait bégayé toute la nuit, un bégaiement qui n’avait rien de frais, qui expulsait des bouffées d’air chaud, comme un ventilateur qui aurait renoncé à sa fonction rafraîchissante. » (p. 131)

« est-il vrai que l’Angola est le meilleur endroit au monde pour assister au phénomène ? » (p. 201)

Les Transparents, du jeune auteur angolais ONDJAKI, est publié en français aux éditions Métailié, Paris. Prix José Saramago 2013.

http://editions-metailie.com/livre/les-transparents/


La confession de la lionne

La confession de la lionne  Auteur : Mia Couto Traduit du portugais (Mozambique) par Elizabeth Monteiro Rodrigues Édition Métailié, Paris

La confession de la lionne
Auteur : Mia Couto
Traduit du portugais (Mozambique) par Elizabeth Monteiro Rodrigues
Éditions Métailié, Paris

Un roman sublime de littérature africaine dans lequel une femme retrouve au bout de 16 ans le chasseur qui l’avait séduite dans sa jeunesse en fleur alors que le village avait fait appel à lui pour tuer un dangereux crocodile. Mais va-t-il tenir promesse, cette fois ?

Les chapitres alternent entre les pensées de la femme et le journal du chasseur avec une superbe transmission des préoccupations de l’un comme de l’autre dans le cadre de leur vie et de cette histoire de lions mangeurs de femmes.

Mia Couto parvient ici à nous faire connaître l’Afrique de l’intérieur. La vie, la savane, les animaux sauvages, les hommes, les femmes, les conseils de village, la rivière, les interdits… Un véritable voyage en Mozambique !

EXTRAITS / CITATIONS

« On n’entendait aucun bruit, pas une feuille ni une aile ne crépitaient au-dessus de sa tête. Genito Mpepe était pisteur, il connaissait les signes imperceptibles de la savane. » (pp. 20-21)

« Chez nous, la nuit précédente, l’ordre avait été dicté : les femmes resteraient cloîtrées, loin de ceux qui arriveraient bientôt. Une fois de plus nous étions exclues, écartées, effacées. » (p. 43)

« Il me vint par exemple à l’idée de demander au chasseur, puisqu’il avait une moto, qu’il aide ma mère à porter l’eau. Qu’il aide les femmes de Kulumani à aller chercher du bois, à réunir de l’argile, à transporter les récoltes des machambas. Et surtout qu’il ne me demande rien à moi. » (p. 53)

« – Ce n’est pas que j’ai peur, déclare Naftalinda avec des airs d’impératrice. Mais j’ai entendu dire que les lions ne tuent que des femmes. Je ne sais pas si moi, en tant que première dame, je suis aussi comprise au menu des bêtes sauvages. » (p. 70)

La confession de la lionne, de Mia Couto a été traduit du portugais (Mozambique) par Elizabeth Monteiro Rodrigues et publié aux éditions Métailié, Paris.


Je suis le Libanais

Je suis le Libanais  -  Giancarlo DE CATALDO Titre original : Io sono il Libanese Traduit de l'italien par Paola De Luca et Gisèle Toulouzan  Éditions Métailié, Paris

Je suis le Libanais
Auteur : Giancarlo De Cataldo
Titre original :
Io sono il Libanese
Traduit de l’italien par :
Paola De Luca
et
Gisèle Toulouzan
Éditions Métailié, Paris

Un roman sur la mafia italienne
Écrit par un magistrat italien également écrivain parmi les plus importants de son pays, ce roman Métailié collection NOIR raconte de la manière la plus suave quelques aventures et mésaventures d’un jeune petit bandit de rues aspirant à devenir le maître mafieux de tout Rome. Mais pour cela, il faut…

Le Libanais, a.k.a. Libano, n’a pas envie d’une vie simple et sans saveur ; il veut la grande vie. Et c’est pour cette raison que quand il fait la connaissance d’une fabuleuse bourgeoise gauchiste, il se sent tout à fait à la hauteur. C’est pour cela aussi qu’il se lance dans un enlèvement, puis dans d’autres manoeuvres criminelles afin d’empiler la faramineuse somme dite pour faire affaires avec un gros patron mafieux bien établi d’une autre ville qu’il a connu en prison.

Je suis le Libanais est un roman fort qui nous fait connaître quelques aspects de la mafia italienne et qui dépeint la longue expérience de ce magistrat par rapport aux ambitions et aux choix que l’on décide de faire pour soi-même face à son destin mais également celui des autres autour de soi.

EXTRAITS / CITATIONS

« À son tour, le Libanais afficha poliment un air affligé. Le fait d’être « fidélisé » lui permettrait certes de profiter du nom de la famille, mais il deviendrait leur obligé. » (p. 18)

« – Je devrai donc trancher entre recel de malfaiteur et complicité d’assassinat. Pour être plus clair : deux ans avec sursis, étant donné que vous n’avez pas de casier, ou perpétuité. » (p. 23)

« En même temps, il ne voulait pas trinquer pour les beaux yeux de ce futé de ‘o Miracolo. » (p. 24)

« Il partit aux premières lueurs. En emportant ce qui restait de came : il pouvait peut-être la lui revendre, ce qui, sans trahir les accords avec Puma, serait tout bénef. » (p. 47)

Je suis le Libanais de Giancarlo De Cataldo (Les Traîtres), traduit de l’italien par Paola De Luca et Gisèle Toulouzan,  paraît dès demain mardi 6 mai 2014 aux éditions Métailié, Paris.


Résister ne sert à rien

Résister ne sert à rien Auteur : Walter SITI Titre original : Resistere non serve a niente Éditions Métailié

Résister ne sert à rien
Auteur : Walter SITI
Titre original : Resistere non serve a niente
Éditions Métailié

Tommaso, fils du petit peuple romain, obèse dans son adolescence ayant corrigé cela d’un coup, génie des mathématiques devenu bankster milliardaire à trente ans à peine, survole au-dessus de la vie depuis qu’il a été recruté par la mafia pour laver l’argent sale dans les eaux troubles de la spéculation financière.

Un roman people – sexe – argent – mafia – haute finance
Spéculation sur la sexualité toujours en arrière pensée et les millions de profits toujours sur le front forment ce roman aussi déjanté que le monde actuel dans lequel tout un chacun veut être une star et passe son temps à guetter et à critiquer les personnalités remarquées et dans lequel on ne s’y retrouve plus tellement par rapport aux traditionnelles valeurs et façons réfléchies. Dans ce roman people – sexe – argent – mafia – haute finance, ce qui est réfléchi c’est la volonté de revirements de situations en queue de poisson donnant à celui-là qui se trouve au volant une avance temporaire. Walter Siti nous emmène dans cette immense piscine globale sans fond en voguant sur la faculté de faire perdre le fil à l’autre, en surfant avec aisance sur une connaissance approfondie des mécanismes et du jargon de l’économie numérisée et en éliminant, à force, la fameuse zone grise entre les mafias et la haute finance qui graduellement devient en fait la finance tout court.

EXTRAITS / CITATIONS

« Je n’ose pas m’approcher, chaque conversation est une forteresse dont il serait trop facile de me repousser d’un coup d’oeil de stupeur déconcertée, pas même besoin de mépris. » (p. 22)

« – On devrait se cloner pour se voir plus souvent. » (p. 23)

« – Ben, l’année dernière, environ 43 millions… le dividende était de cent trente et nous sommes trois associés… » (p. 40)

« – Freine, freine, c’est quoi, ça ? Un voyage touristique dans les territoires de l’hétérosexualité ? » (p. 43)

« Les yeux vaguement basedowiens ne me regardent jamais, peut-être m’a-t-il choisi moi parce que sa perceuse psychique méprise les orifices institutionnels, ce que l’argent pourrait lui procurer facilement et qu’il doit certainement avoir, complices de combines ou lèche-culs à tant du mètre. Ou bien même par snobisme d’originalité, pour rendre grâce au hasard. » (p. 44)

« Les ordinateurs sont même trop rapides, de temps en temps, tu dois désactiver le programme pour raisonner avec ta tête. Le noeud, c’est la Gabry, je le comprends, ou peut-être non, peut-être est-ce le ver rongeur d’un examen de conscience plus égoïste, fébrile parce que en retard. » (p. 46)

Mais la vraie question, en fin de compte, n’est-elle pas de se demander si l’auteur a raison en ce qui a trait à l’affirmation convaincante du titre de son livre ? Bonne lecture ! Bon suivi dans la déroute !

Traduit de l’italien, le roman people – sexe – argent – mafia – haute finance Résister ne sert à rien de l’auteur italien Walter SITI est publié en français aux éditions Métailié, Paris.


Le Duel

Le Duel Auteur : Arnaldur Indridason Éditions Métailié, Paris

Le Duel
Auteur : Arnaldur Indridason
Éditions Métailié, Paris

« La suspicion règne à tous les étages. […] Que savons-nous vraiment de ce duel ? […] L’issue serait-elle décidée d’avance ? »

Ce polar de l’Islandais Arnaldur Indridason nous ramène à l’été 1972 où nombre de touristes se côtoient en silence à Reykjavik pour un championnat du monde d’échecs opposant l’Américain Fischer et le Russe Spassky alors que le monde est toujours divisé en deux par la guerre froide et que  l’Islande représente un intérêt stratégique pour plusieurs pays, y compris les Russes qui viennent quelques années auparavant d’envahir Prague. Et voilà qu’un jeune homme tranquille se fait poignarder dans un cinéma et que la personne en charge de l’enquête a eu une enfance difficile en raison de son père qui ne l’a jamais reconnue et de la tuberculose qui l’a fait passer de longs moments dans des hôpitaux spécialisés en Islande et au Danemark.

Arnaldur Indridason sait vraiment plonger le lecteur dans les fouillis politiques de cette époque tout en décrivant parfaitement les comportements d’hier qui sont parfois encore d’aujourd’hui et surtout nous fait découvrir comme personne son pays, l’Islande, de même que toutes sortes de personnages simples ou extravagants rencontrés en cours de route.

CITATIONS / EXTRAITS

« Le paysan avait appelé le médecin qui avait traversé le ruisseau de la ferme sur son cheval noir par un jour de pluie glacé, vêtu d’un épais manteau et d’un chapeau dont les bords s’étaient affaissés sous le poids des gouttes. » (p. 33)

« Le Gamla Bio était l’exact opposé du Hafnarbio. C’était un immeuble élégant de la rue Ingolfsstraeti, conçu dans les années 30, à l’âge d’or du muet, pour héberger un cinéma. On n’avait pas regardé à la dépense. L’extérieur  […] » (p. 52)

« Le pasteur parla de cette jeune vie emportée de manière douloureuse et de cette famille dévastée par la peine. » (p. 65)

« Le mal de mer n’incommodait en rien le mari qui, encombrant dans tous les sens du terme, mangeait comme un ogre, fumait comme un pompier […]. L’épouse, petite et maigre, était aussi discrète que son mari était exubérant. (p. 113)

« — Il y a ici beaucoup de patients très sympathiques, avait-il ajouté, des enfants qui ne laissent pas la tuberculose empoisonner leur vie quotidienne. » (p. 116)

« — Les gamins d’Olafsvik m’appelaient l’enfant de la bonne. Athanasius dit que je suis un enfant à problèmes et qu’il vaut donc mieux m’appeler Marion Briem. » (p. 117)

« Marion avait garé sa voiture à côté des abris où on entreposait les lignes, les filets, les vêtements et tout le matériel nécessaire à la pêche. Il y avait aussi là un hangar à claires-voies où était entreposé le poisson et de hauts tréteaux qui servaient à faire sécher les prises […] » (p. 162)

Le Duel, de l’auteur islandais Arnaldur Indridason, est publié en français aux éditions Métailié, Paris.


Le coeur par effraction

Le Cœur par effraction Auteur : James MEEK Titre original : The Heart broke in Traduit de l'anglais par David Fauquemberg Éditions Métailié, Paris  Seriez-vous capable de trahir un être cher ?

Le Cœur par effraction
Auteur : James MEEK
Titre original : The Heart broke in
Traduit de l’anglais par David Fauquemberg
Éditions Métailié, Paris
Seriez-vous capable
de trahir un être cher ?

Roman accrocheur de 525 pages d’observations plus qu’exactes sur la société occidentale, titillant tous les tabous actuels, un homme marié jaloux musicien banal pédophile manipulateur prêt-à-tout pour sa petite personne qui se prend pour un dieu et un autre à la tête d’un empire qui mettra tout en oeuvre par moyens complexes pour en finir une fois pour toutes avec sa vengeance ultime contre une femme qui aura osé ne pas lui devoir à lui ou refléter sur lui toute sa belle faste vie de grande affluence et à grand déploiement. Un roman sur la trahison d’un proche.

Ligne après ligne et page après page, James Meek étonne par la véracité de ses écrits dans ce livre nouvellement traduit et publié chez Métailié, Paris.

L’action se passe surtout à Londres, ailleurs en Angleterre et aussi en Afrique mais pas seulement et dans le monde du spectacle, de la télé, du cinéma documentaire et de la recherche médicale… et j’en passe.

L’auteur est Anglais, un Anglais qui n’hésite pas à mettre en dialogue dans la bouche d’un de ses personnages que le parasite le plus célèbre, c’est la reine. Ses personnages et ses écrits disent bien d’autres choses : des vérités à scotcher ; des vérités trop vraies ; des vérités à faire rire ; à rire jaune, dans sa barbe ou aux éclats.

EXTRAITS

« Et elle ne s’est pas présentée à cette émission pour que le producteur la pointe du doigt et dise  » C’est celle-là que je veux, c’est la plus mignonne, il me la faut »… » (p. 39)

« Il restait planté à se lécher les lèvres, agrippant le téléphone qui bourdonnait au creux de son poing moite, contemplant la femme qu’il avait été sur le point de posséder. » (p. 40)

« Il gratifia Louise de ce large sourire je-suis-tout-à-vous qu’il réservait aux gens qu’il ne rencontrait qu’une fois, quand il était sûr de ne plus jamais les revoir, et Louise partit. » (p. 41)

« La monotonie des accords, le volume de plus en plus fort et le martèlement cumulé de tous les instruments clouèrent les spectateurs au sol, leur faisant attendre avec impatience le début de la mélodie. » (p. 48)

« Elle était désormais convaincue qu’elle n’avait pas quitté l’Angleterre de son plein gré, mais qu’elle avait été contrainte de s’exiler à cause du pourrissement et de la décadence qui frappaient le pays. » (p. 88)

Le Cœur par effraction

Du même auteur, également publié chez Métailié : Un acte d’amour


Coup de sang

Jean Ferrat a chanté les splendeurs et misères de la vie de femme, voici Enrique Serna, un auteur espagnol, qui écrit à son tour l’esprit masculin, les splendeurs et misères de son orgueil dans un roman rempli de femmes toutes catégories et  d’hommes de nationalités diverses vivant dans un tableau bouillonnant de Barcelone.

Coup de sang (Splendeurs et misères de l’orgueil masculin)   -   Enrique SERNA   Titre original : La Sangre erguida   Traduit de l'espagnol par François Gaudry     Prix Antonin Artaud (2010)    Éditions Métailié, Paris

Coup de sang (Splendeurs et misères de l’orgueil masculin)
Auteur : Enrique SERNA
Titre original :
La Sangre erguida
Traduit de l’espagnol par :
François Gaudry
Prix Antonin Artaud (2010)
Éditions Métailié, Paris

Coup de sang (Splendeurs et misères de l’orgueil masculin) c’est la masculinité dans tout son spleen, dans toute sa fierté de mâle ; c’est l’homme qui se laisse mener autant par son désir de prouver qu’il contrôle tout que son contraire, parfois le même homme, qui ne contrôle plus rien, qui se laisse mener par ailleurs, par son coeur ou par le bout de son membre viril, de l’un comme de l’autre les bêtises que cela peut parfois engendrer… autant pour l’homme lui-même que pour son entourage.

Coup de sang, c’est des histoires masculines, des histoires de tirer leur coup mais des histoires qui, parfois, les font tomber amoureux ; d’autres fois, ils s’en donnent à coeur joie avec une insouciance imparable ; d’autres fois encore, ils acceptent des cadeaux ou ils en font ou n’en font pas…

Coup de sang, c’est l’histoire de trois hommes qui se sont laissés porter par le sang qui coule dans les vicissitudes de leur existence, du cerveau à leur veines les plus caverneuses.

Coup de sang, c’est l’inverse des genres par rapport à la montée de lait pour ceux et celles qui savent faire la différence. Coup de sang, c’est un roman amoureux, rigolo et triste, fataliste ou hyper-réaliste.
Ou alors s’agit-il d’une fable, dans toute sa splendeur ?

EXTRAITS
Ces citations sont reproduites ici dans l’ordre et dans le désordre, sans numéros de page, retrouvez-les parmi d’innombrables paroles édifiantes de l’écrivain Enrique Serna, dans son roman Coup de sang (Splendeurs et misères de l’orgueil masculin) :

« Les médias audiovisuels étaient aux mains de la pègre, il le savait depuis toujours, mais il n’avait jamais eu à souffrir en personne de la vulnérabilité de l’individu face à ce pouvoir écrasant. »

« En marchant vers le métro, revigoré par le froid et les bourrasques, je me suis félicité de ne pas avoir eu recours aux services sexuels de Nancy. Me passer des putes fut peut-être le premier pas qui changea le cours de ma vie. »

« Mais reconnaître que c’était aussi mon cas devant ce tribunal de la virilité eût signifié un déshonneur public et nous étions tous trop lâches pour nous opposer à ce climat d’intimidation imposé par Narcís et ses coryphées. »

« Et si elle n’accepte pas mes arguments, on s’arrête là, se jura-t-il enhardi, je ne peux pas continuer à faire des concessions à une femme qui ne me donne pas ma place. »

« Quand elle fut partie, je me sentis comme un aristocrate décadent qui, à un moment de désoeuvrement, a assouvi son caprice de se taper une domestique. »

Voir la fiche du livre et lire un extrait sur le site de Métailié, Paris.


Poussière rouge

Poussière rouge Auteure : Jackie KAY Titre original : Red dust road Traduit de l'anglais par Catherine Richard  Éditions Métailié, Paris

Poussière rouge
Auteure : Jackie KAY
Titre original : Red Dust Road
Traduit de l’anglais par Catherine Richard
Éditions Métailié, Paris

Dans ce livre racontant une vie qui ressemble à la sienne, Jackie Kay dépicte l’Écosse où elle a grandi dans une famille adoptive impeccable mais également ses autres pays et familles, celle de sa génitrice qu’elle a retrouvée un peu démolie psychologiquement et de son géniteur nigérian du peuple igbo qui comme sa compagne d’amours s’est lui aussi ancré profondément dans une religion.

Jackie Kay parle au «je» dans ce produit littéraire, récit ou autobiographie partielle, où la mémoire se ballade d’une année à l’autre, d’une époque à l’autre et revient descriptivement sur des événements. Elle y parle de ses années d’école, des sentiments que peut ressentir une fille adoptée, une fille à la couleur de peau différente de ses compagnes ayant pour résultat qu’elle se retrouve toujours rejetée par les garçons qui se choisissent tous des filles sans trop de différences visibles.

Devenue poète et lesbienne, elle part à la recherche de sa mère biologique exilée en Angleterre et de son père reparti vivre au Nigeria où elle voyage ainsi que dans d’autres pays à travers le monde à titre d’invitée littéraire. Elle décrit leurs rencontres, les pays d’origine, leur vie loin d’elle, l’acceptabilité qu’elle perçoit de leur part. Elle observe et décrit les routes, les lieux et les gens en Écosse comme en Afrique.

EXTRAITS

« C’est étrange de regarder les hommes l’un après l’autre en se demandant lequel est son géniteur. » (p. 13)

« Les parents de ma mère ont passé vingt-six ans en Nouvelle-Zélande, à regretter l’Écosse tout en devenant toujours plus écossais dans ce pays étranger. » (p. 28)

« Je me rends compte avec horreur que Jonathan me considère comme le péché, l’impure, moi la bâtarde, l’illégitime. Je suis là, devant lui, preuve de son péché passé, mais c’est moi la pécheresse, la vivante incarnation de son péché. » (p. 17)

« – Notre père était un Canadien français, et pendant un temps, notre mère a emmené deux d’entre nous au Canada en laissant les autres […] Mais René Léveillée, notre père, n’était pas quelqu’un de gentil, contrairement à notre grand-père. » (pp. 145-146)

« Comment dissimule-t-on une femme adulte ? Pourquoi une femme adulte devrait-elle contribuer à sa propre dissimulation ? » (p. 164)

L’AUTEURE
JACKIE KAY est née à Édimbourg. Poète, nouvelliste et romancière reconnue, elle enseigne à l’université de Newcastle et vit à Manchester. Un de ses romans, Le trompettiste était une femme, a été traduit en France en 2001.
Voir la fiche du livre sur le site des éditions Métailié.


La dette, un roman sur la corruption

Je viens de terminer la lecture d’un nouveau roman écrit à partir d’un fait divers survenu au Chili et qui rappelle étrangement le combat que mènent actuellement les Québécois contre la corruption, contre la collusion, contre les escroqueries.

La Dette	  - 	 Rafael GUMUCIO . Titre original : La deuda . Traduit de l'espagnol par Bertille Hausberg

La Dette
Auteur : Rafael GUMUCIO
Titre original : La deuda
Traduit de l’espagnol par :
Bertille Hausberg
Éditions Métailié, Paris

C’est l’histoire d’un cinéaste reconnu qui, au moment d’avoir enfin obtenu du financement de sources diverses jusqu’en Espagne pour tourner le film de ses rêves, se fait dire par son comptable que ce dernier lui vole son argent et que loin d’être en mesure de commencer ce nouveau projet si longtemps planifié il est en fait criblé de dettes. Et pas seulement lui, par ailleurs…

De fait, le comptable qui l’épiait tout le temps était un escroc qui jouait double jeu avec tous ses clients, ceux de jour comme ceux de nuit. Et lui, l’artiste cinéaste, en aura pour plusieurs années à se débattre contre les accusations puisque c’est lui qui apposait sa signature aveuglément depuis des années et donc c’est lui qui est pointé du doigt alors qu’il n’a rien fait de mal ! Comment survivre, comment faire, à qui s’adresser, qui sont ces gens qui l’entourent et qui se disent ses amis, qu’ils soient sous-traitants, employés ou politiques ?

LA DETTE est un roman extraordinaire, riche en réflexions très très opportunes, en bouleversements, en réalité trop tristement vraie quand on fait confiance à un escroc. C’est un roman exceptionnel et infiniment d’actualité, au Québec en tout cas, un roman marquant.

EXTRAITS

Comment choisir parmi les 92 marqueurs que j’ai mis de part en part, tout au long de ces chapitres très courts…. Je ne mettrai pas les numéros de page. Tout est dans le livre, et c’est cité dans le désordre. Un livre à lire puisqu’on ne sait jamais quand ou comment nos proches parmi nos proches se mettront en tête de nous saigner à blanc.

« Des employés qui n’étaient pas des employés, une maison de production qui n’en était pas une, un chef d’entreprise qui ne voulait pas se reconnaître comme tel. »

« Et la chargée de communication s’avance vers les pompiers pour les interroger d’un ton péremptoire comme s’il s’agissait de serveurs surpris à cracher dans sa soupe. »

« Si personne ne s’était donné la peine de prévenir Fernando, c’était seulement parce qu’on supposait qu’il était le mieux informé. »

« Moi, j’écoute mieux quand je parle. »

« Tu fais jouer sa femme dans ton film et il financera tout ce que tu voudras. La nana est jolie, complètement refaite. »

« Le règlement de la clinique interdit à une femme d’être inséminée sans que son mari lui tienne la main. »

« … je me suis finalement rendu compte que je pataugeais dans la merde et j’ai décidé de me réveiller. »

Consulter la fiche du livre ou en lire un extrait sur le site des Éditions Métailié

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