Suite et fin d’un roman passionnant dans lequel se côtoient et se supplantent la ville-dômes et les communautés agricoles, les Dix richissimes hyper-puissants et la populace sans oublier les oubliés et les déplacés sur la Lune implantés là sans leur consentement par les Dix superbes…
L’histoire se passe dans cent ans et c’est comme si, comme le fait l’auteure Karine Raymond en laissant son imagination poser les probabilités, on se demandait comment aurait évolué notre pays « si nous avions conservé les valeurs des Premières Nations au lieu d’adopter les structures françaises et anglaises ? »
Dans ce tome 2 de Rannaï, une formidable suite improbable d’événements se produisent, se bousculent, se superposent. Les personnages plus grands et plus vrais que nature s’entrechoquent et poursuivent leur destin complètement à l’encontre d’eux-mêmes, du monde et de la Terre ou totalement en union avec un mode de vie des plus simple. Les familles séparées se cherchent, on a l’espoir que les trois soeurs vont se retrouver avec leurs parents à la ferme familiale délaissée. On a l’espoir que les humains et les humaines trouveront leurs motivations et des élans amoureux tout aussi durables que leurs projets. On est séduit par les jardins décrits avec tant de passion au détour d’une forêt ou de framboisiers mais aussi par les nombreuses réflexions imbriquées dans le texte : liberté de partir vivre ailleurs et permissions incessantes à demander aux autorités, entente familiale, libertés prises par les riches organisés et les protections qu’ils s’enracinent entre eux, les choix que l’on fait pour soi et pour les autres…
Un roman sublimement rebelle pour indignés, publié chez Druide.
EXTRAITS / CITATIONS
« La sensation de ne pas être adéquate, d’être un parasite pour sa propre planète. Ici, le mode de vie minimaliste était ardu et angoissant, mais il lui permettait, en quelque sorte, de se racheter. Accepter le rythme de la nature, être humble devant sa complexité. » (p. 74)
« En la voyant, il avait compris qu’il ne ferait jamais partie de sa vie. Il n’était qu’un asticot englué dans une toile qui devait oublier l’existence même du bonheur. » (p. 96)
Tant que Mah s’était adressée à des fonctionnaires pour plaider la cause de la Bulle citoyenne, elle n’avait eu aucune embûche. Toutefois, se rapprocher d’un mouvement activiste la positionnait dans la mire des maîtres du jeu. Est-ce à dire que tous les paliers du gouvernement étaient corrompus ou, du moins, bâillonnés ? » (p. 133)