Le film SNOW est une parodie, presque du Feydeau avec cette porte qui n’en finit pas d’annoncer des visiteurs inattendus, une histoire de famille iranienne sur laquelle toutes les tuiles leur tombent dessus la journée tant attendue de la demande officielle en mariage de la seule fille. C’est super drôle.
Il y a le père qui est aux prises avec la justice alors que sa présence est impérative, il y a la grand-mère qui débarque à l’improviste et qui pourrait éventuellement prendre sa place, il y a la mère qui a perdu les dots caritatives dont elle s’occupait, il y a le frère aîné qui a perdu l’argent prêté par l’ex-mari de la fille qui a subi une reconstruction de virginité, il y a le jeune frère, l’ex, l’amie, toutes les autres visites et crises qui peuvent survenir au moment le moins opportun.
Vraiment, c’est presque du Feydeau. A voir le 1er septembre.
En Première mondiale, ce film viril, fou-viril, fou d’accomplir son rêve de devenir explorateur et d’avoir son nom dans les livres d’histoire pour avoir été le premier à atteindre une montagne au milieu de la jungle sud-américaine.
C’est donner toute sa vie que de croire à ses rêves, dit le proverbe.
Enfant, son père lui faisait découvrir la géographie, l’Amazone et ses peuples uniques au monde. Adulte, il décide de partir, seul. Il trouvera bien de l’aide sur place…
Le film vous collera à votre siège.
Tout le film repose sur un comédien qui a perdu tout le poids qu’il pouvait avant le tournage qui a débuté par la fin. De l’équipe, ils sont six à Montréal pour présenter leur chef d’œuvre de souffrances viriles. Il n’y a que deux femmes dans le film, la mère et la fiancée : les deux attendent passivement. Les deux savent déjà qu’il ne reviendra pas.
LA VIE PURE sera présenté à nouveau le 31 août et compte aussi parmi les meilleurs films rajoutés à la programmation en fin de ce festival de films qui a ont de la gueule.
Ce Bollywood amène très adroitement le sujet des bébés filles sacrifiées en Inde par le biais d’une jeune journaliste qui est envoyée à 80 km de la capitale pour couvrir une cérémonie religieuse. Elle y découvrira une femme complètement ravagée que sa famille avait mariée de force à 13 ans à un vieillard lequel est décédé un an plus tard mais seulement après l’avoir menée au temple trois fois la semaine, seule, sur les conseils du beau du village afin qu’elle puisse enfin concevoir (un fils).
« S’il était mort un an plus tôt, j’aurais été sauvée. »
« Avez-vous vraiment tué ces filles ? … de vos mains ? … 10… 20… 100 ? »
« On en tue une, on en tue 100. »
« Mais on s’en fout ! Dans ce pays, les femmes se font tuer pour toutes sortes de raisons, parfois sans raison aucune. »
« Pourquoi n’utilisent-elles pas des machines à ultrasons comme tout le monde à Delhi ? »
« J’étais seulement le bourreau. Ces petites filles avaient été condamnées à mort par leurs parents. »
« Ils ne veulent que des fils. Ils veulent radier toutes les femmes de la surface de la Terre ! Ça ne sert à rien de simplement emprisonner celle qu’ils utilisent comme bourreau ! »
Ce film de moins de 2 heures est captivant sur des sujets graves, l’avortement et l’assassinat des bébés filles mais aussi les mariages forcés en Inde alors qu’il faut des gens d’autorité venues de l’extérieur pour faire prendre conscience de cette horreur car au village, typiquement, tout le monde se tient et n’importe quel homme peut commettre les pires méfaits et imposer sa méchanceté et sa cruauté sans jamais être inquiété grâce à la politique de la mafia des hommes. Par contre, une femme se fait vite battre physiquement, socialement ou moralement, traiter de folle ou de tous les noms d’oiseaux si elle ose s’affirmer ou dénoncer – et ça, c’est pratiquement global.
J’ai vu deux très bons films qui traitent des jeunes du secondaire / cégep / lycée et plus précisément de la violence qu’ils peuvent causer ou subir sous forme d’intimidation : Oh! My Princess et Fièvres.
Oh! My Princess est un court métrage présenté au Festival du Film étudiant, le plus vieux festival de cinéma au Canada qui fait partie du Festival des films du monde et qui annoncera demain ses gagnants. Le réalisateur sud-coréen Heewook SA est à Montréal pour présenter son thriller psychologique dans lequel un chauffeur de taxi découvre qu’il véhicule l’intimidatrice de sa fille qu’il élève seul et que cette jeune femme lui réserve un soirée terrifiante en plus de lui pourrir la vie à l’école de même que son avenir et ses futures études universitaires. Quelle réaction risque-t-il d’avoir pour protéger sa princesse ?
Fièvresest un long-métrage qui traite de la banalisation de la violence. Deux jeunes sont toujours ensemble pour faire leurs 400 coups, l’un est plutôt de famille riche, l’autre se laisse un peu mener. Ensemble ils commettent un meurtre totalement gratuit et, lors d’une conversation avec son grand-père, le plus aisé des deux entend ce dernier lui citer presque mot à mot une phrase de sa propre dissertation écrite à la suite du méfait : « Et alors sa phrase à lui, elle cache quoi ? ». C’est la question qu’il pose à l’autre et qui les mènera à faire des recherches Internet sur sa famille et sur l’Histoire, ce qui leur fera découvrir que pour certains petits fonctionnaires, il fallait être en mesure de fournir un certificat de naissance des parents et grands-parents.en quelques heures pour ne pas être envoyé aux camps juifs.
Ces trois films, présentés cette année au Festival des films du monde de Montréal, remettent le coeur en place.
L’Éclat de la vie suit les allées et venues d’une femme de 77 ans qui, après avoir pris soin de son mari malade pendant 10 ans et s’être remise pendant 6 ans, voudrait maintenant que le théâtre de sa vie soit à nouveau rempli d’amour. C’est joli joli joli et c’est surtout réaliste quand on observe les réactions autour d’elle, tout particulièrement son fils qui débarque avec sa femme et leur enfant, celle-ci se mettant à fouiner partout à la recherche de signes de démence.
Elephant Blues, c’est l’histoire d’une femme née Indienne en Afrique du Sud ayant étudié en Angleterre et mariée en France qui ne se sentait chez elle nulle part. Elle part vivre dans une forêt de l’Inde et tout le film représente le bonheur sur les 6 premières années de sa relation mère-fille dans la Nature, alors qu’elle a voulu cette enfant pour comprendre son éléphante en gestation. Un très beau film sur la maternité universelle, rempli de moments d’éternité. C’est presque un conte, un vrai, dont la narration ne contient aucune farce obligatoire pour tirer la couverture ; ici, rien ne nous détourne du simplement beau, du simplement vrai, la vie, le soleil, la pluie, une mère et sa fillette qui grandit. Dans ce film d’humains, d’arbres et de rivières aux eaux transparentes, la seule chose qui pourrait irriter sont les chaines d’esclave lesquelles sont enlevées à la fin.
The Last Dance est un film qui raconte une histoire audacieuse, celle d’un jeune homme qui fait son service civil auprès de personnes âgées où se trouve une femme diagnostiquée Alzheimer dans une certaine hâte de classer les vieux pour traitement défini, alors qu’elle n’est vraisemblablement que déprimée : les questions stupides que les décideurs lui posent sont une insulte à son intelligence. Et ce jeune homme cherche une signification à sa vie, pas juste une relation avec amie pressée par la propagande partout du sexe immédiat obligatoire.
Das Zimmermaedchen Lynn / The Chambermaid Lynn, l’histoire d’une femme de chambre qui a des NTOC plein la tête et qui non seulement enfile vos vêtements en votre absence mais vous espionne quand vous êtes là. En plus, elle se permet aussi de prendre les coordonnées d’une prostituée qui est venue visiter un client de l’hôtel Eden où elle travaille étant donné qu’elle en a marre de baiser machinalement avec son gros con de patron qui se fout complètement d’elle. Elle décide donc d’aller voir ailleurs et d’essayer ça avec une call-girl mais celle-ci est hétéro et donc la maladive femme de chambre va s’acharner à force de lui donner du fric qu’elle vole à la lui faire accepter comme cliente et peut-être plus si affinités…
Comme dans plus d’un film allemand d’aujourd’hui, on a complètement doublé ce film dont il ne reste pas le moindre son du tournage afin de marquer une distance et de le rendre très artificiel. L’histoire est basée sur un roman dont le réalisateur Ingo Haeb s’est quelque peu éloigné et bien qu’il ne soit pas fan du cinéma obligatoirement sexuel, il a voulu montrer par exemple une scène où ce ne sont pas deux personnes qui ont une relation sexuelle mais qu’une des deux est en train d’avoir une relation sexuelle avec une autre. Dans la vraie vie, les deux actrices sont bonnes copines mais sans plus et leur comédie sexuelle a été complètement chorégraphiée. D’ailleurs, en plus du chorégraphe, l’équipe du film incluait aussi un psy.
Das Zimmermaedchen Lynn, The Chambermaid Lynn, l’histoire d’une femme de chambre qui a des NTOC plein la tête, en conférence de presse au Festival des films du monde, Montréal
Dans cet extrait de la conférence de presse, la comédienne principale Vicky Krieps – qui parle un excellent français – explique à quel point elle a eu du mal à se décourber le dos à la suite du tournage.
En Chine, dans une ville où il ne reste qu’une centaine d’usines de jouets alors qu’il y en a déjà eu plus de mille et que les commandes se font rares, les employés n’ont pas été payés depuis des mois et le patron de l’usine doit s’organiser avec le prix des matières premières qui augmente, le taux de change qui fluctue et les autres joueurs auxquels il doit des comptes sans oublier son dernier client qui fait partie de la rigide globalisation et qui utilisera qui et ce qu’il faut pour écraser et repartir gagnant, sans jamais se soucier des humains qu’il aura exploités ni de la condition dans laquelle il les laisse.
« Il s’agira une erreur pour tout faire couler. »
« Patrons esclavagistes, PAYEZ-NOUS ! »
FFM : Le patron de l’usine Conférence de presse
Dans cette Chine d’aujourd’hui où l’argent compte énormément mais où l’on maquille toujours les conditions de vie des travailleurs toutes améliorées qu’elles soient (sûrement la raison des sempiternelles redélocalisations d’usines) venus de province, on peut voir des patrons d’usine qui, de découragement, pensent au suicide puis devront faire face à la justice et payer leurs employés.
Le réalisateur du film Le patron de l’usine a avoué en conférence de presse au Festival des films du monde 2014 avoir lui-même été patron d’usine en électronique avant de consacrer sa carrière au cinéma. Il insiste que son film est une fiction basée sur des réalités observées.
J’ai eu le plaisir de rencontrer le réalisateur Zhang Wei qui annonce son film en chinois : http://youtu.be/rS4AnIR85TQ
Pour un dépaysement de continent et de siècle, Njinga, reine d’Angola est l’histoire d’un frère pas très qualifié mais ambitieux qui devient roi alors que les Portugais colonisateurs et esclavagistes réclament plus d’argent et plus d’esclaves. Le frère demande à sa soeur de revenir de son exil pour faire l’ambassadrice auprès du gouverneur en son nom et ensuite refaire de l’air.
Après avoir bien accompli son devoir et lui perdu la bataille, elle finit par trouver en elle ce cri de guerre qui lui vaudra de reconquérir pour elle et pour son peuple, la liberté et la souveraineté.
Njinga, reine d’Angola est plus forte que les ambitieux, que les fourbes, que les traîtres, que le sexisme.
Sound of Tears est l’histoire d’une femme qui doit «choisir» entre le mariage forcé et l’homme qu’elle aime. En fait, elle n’a pas le choix, c’est un peu comme ici la religion des festivals qui impose une certaine propagande, contrôlée par un petit nombre : ceux et celles qui n’adhèrent pas ou qui ne sont pas des marionnettes de famille adulée sont assassinés.
C’est une «question d’honneur»
Dans Sound of Tears, la jeune femme subit le crime d’honneur, elle est tuée par ses père et frères qui intolèrent sa curiosité du monde dans lequel elle vit depuis que la famille a émigré dans un pays soi-disant libre de religion, pays qui irait peut-être jusqu’à croire que c’est l’amant qui a tué sa femme sauf que le film ne se rend pas jusqu’à l’enquête. Il s’arrête aux hommes et aux femmes de famille qui reprochent à la jeune femme universelle de vouloir regarder plus large et plus vaste que le martèlement obligé.
Sound of Tears est un court-métrage canadien de 15 minutes, réalisé par Dorothy A Atabong. Dans le film, on reconnaît la sublime chanteuse Dobet Gnahoré qui a fait la musique avec Colin Laroche de Feline.
Il y a bouillonnement d’idées, d’utopie sur les rapports de force et mélange de genres dans ce film d’un jeune cinéaste britannico-colombien d’origine allemande présenté au Festival des films du monde de Montréal.
Festival des films du monde, Montréal 2014
En 1936, l’Éthiopie est le seul et unique pays d’Afrique qui n’est pas colonisé et donc pays et peuple considérés la propriété de l’un ou l’autre des pays colonisateurs. Mussolini y voit une ouverture vers les richesses de ses ressources encore libres d’occupant assaillant faiseur de lois.
Ethiopie 1936, une jeune femme se réfugie chez son grand-père qui n’a qu’une chèvre pour sa survie et un simple abri posé sur une vaste plaine où en allant chercher de l’eau elle se retrouve face à trois chevaliers fanfarons locaux qui s’amusent aux dépens des autres et qui se disent « protecteurs des lieux ». Après la visite d’un homme légèrement plus âgé qu’eux qui reproche au grand-père de laisser sa petite-fille aller chercher de l’eau seule avec sur le dos des vêtements « provocants » (ce qui de fait est un manque cruel d’éducation aux hommes et que l’on retrouve partout dans le monde), il part pour la ville et la laisse seule, complètement seule au milieu de cette lande semi-désertique avec des soldats italiens en pleine invasion quelque part dans le pays et des jeunes en mal de prouesses et de fanfaronnades qui rôdent dans les environs. Évidemment, les trois truands harceleurs rebondissent…
Écrit, réalisé et produit par Andy Siege qui y tient également un rôle, ce film n’a coûté que 14000 euros à produire. BETI AND AMARE traite d’un sujet difficile avec beaucoup de douceur et de poésie, alternant la couleur avec le noir et blanc ainsi que les scènes de science-fiction pour évoquer le fait que l’être humain lorsque confronté à des expériences trop horribles réussit dans sa tête à sortir son esprit et son âme de son corps dans le but de survivre. Cela sera utile à la jeune femme agressée jusqu’à ce qu’un beau jeune homme tombe du ciel et sorte d’un oeuf, nu comme un ver. Ne parlant pas la langue locale et aussi perdu que le petit prince, il trouvera accueil auprès de cette fleur du désert qui doit tout lui apprendre, amenant le film vers un renouvellement du monde. Un recommencement dans lequel les femmes ne seraient pas soumises aux élans sexuels des despotes qui se croient plus humains que ceux et celles dont ils abusent….
Il y a un incroyable bouillonnement d’idées dans ce long-métrage qui vers la fin joue un peu avec l’esprit de la bande dessinée.
Andy Siege, cinéaste
J’ai eu le plaisir de rencontrer ce jeune cinéaste de grand talent au Festival des films du monde de Montréal le 22 août dernier. Voir l’entrevue sur Youtube.
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