Archives mensuelles : février 2016

Aussi longtemps que les rivières couleront

aussilongtempsUn roman humain bouleversant de James Bartleman, premier Autochtone ambassadeur canadien, qui a su imprégner ce grand roman de toute la souffrance et de tout le pardon jusqu’à une commission de réconciliation au sujet des anciens pensionnats d’abuseurs sexuels se protégeant entre eux pour leurs intérêts tout en prêchant hypocritement le contraire de ce qu’ils faisaient.

Pensionnats autochtones et abuseurs sexuels
Aussi longtemps que les rivières couleront
raconte avec immensité historique et humaine l’histoire de Martha, petite fille autrefois heureuse enlevée à sa famille et à sa communauté à l’âge de six ans pour en faire une petite canadienne de religion blanche et dans la foulée fut pendant des années abusée sexuellement par le prêtre vénéré et bien nourri du pensionnat ontarien où elle était forcée de vivre. À son retour à l’âge de 16 ans, la jeune femme est vide de sens et elle se perd dans l’alcool, se fait enlever son enfant par les autorités, part ensuite pour Toronto où elle découvre un autre monde et où elle cherche son fils pour enfin revenir chez les siens à la suite du décès de sa mère et s’occuper de sa plus jeune.

Il faut lire ce grand roman révélateur et vraiment bien documenté non pas uniquement par solidarité humaine envers les Autochtones mais parce que les tordus qui se protègent entre eux et qui prêchent pour les autres l’inverse de leurs agissements sont loin d’être disparus des hauts niveaux de contrôle omniprésent.

Suicides chez les jeunes
Il faut lire ce grand roman parce qu’il est sublime de vérité aussi sur le fléau des suicides chez les jeunes, conséquences ici de parents maltraités qui ont perdu leur essence et qui n’ont plus rien à enseigner à leurs enfants. Parce qu’il raconte un quotidien de paix dérangé par les Canadiens Anglais suprématistes qui avaient pour objectif nihiliste de tout détruire ce qui existait déjà avant leur arrivée et qu’encore une fois ce genre d’individus qui abusent pour leurs intérêts n’ont pas nécessairement cessé d’exister ni perdu leur détermination.

Aussi longtemps que les rivières couleront est un grand roman historique de conciliation qui aide à comprendre et à passer à autre chose si on a eu le malheur d’être trop quelque chose aux yeux de stratèges et qu’on a par voie de conséquence fait partie de celles/ceux qu’ils ont, un jour ou une décennie, prise pour cible afin de s’implanter sans conteste comme princes s’éclatant dans le grand luxe aux frais des gens qu’ils écrasent en toute connaissance de cause et dans le déni le plus total ajouté de propagande organisée et largement soutenue par les gens qu’ils ont mis en place.

CITATIONS / EXTRAITS

« Les femmes se sont tues pendant un moment, puis ont demandé aux hommes s’ils croyaient que l’argent qu’ils recevraient du commerçant pour leurs peaux suffirait à rembourser leurs dettes et s’équiper pour l’année suivante. Les hommes l’ignoraient et ont donc orienté la conversation sur le thème de la chasse. » (p. 17)

« – Petite fille, je t’ai prévenue […] Le Wendigo ne fait pas que manger les gens. Il peut s’emparer des enfants d’une mère, voler leur âme, s’arranger pour qu’ils se détestent eux-mêmes et haïssent leurs proches, détruire leur culture et les changer en démons sans âme. Pire encore, il peut transformer les enfants en wendigos. » (p. 75)

« – Non, non ! S’il te plait ! Il dirait que je mens, les religieuses l’appuieraient, la police croirait sa version plutôt que la mienne et ce serait moi la personne qui aurait des ennuis. De toute façon, je veux tourner la page et regarder en avant. » (p. 79)

Aussi longtemps que les rivières couleront, un grand roman historique canadien de James Bartleman, est publié aux éditions des PLAINES, collection Premières Nations.


Fragments d’humanité

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Coeur du Saint-Laurent, broche en fer, trouvée lors des fouilles de l’épave de l’Elizabeth and Mary
Photo Jacques Breadshell

Notre histoire au Québec, est-ce vrai que nous n’en avons pas ? Voici plusieurs preuves que nous en avons une et même plusieurs, comme toutes les terres du monde.

Fragments d’humanité est une exposition de toute une panoplie de trésors enfouis par le temps et découverts grâce à l’archéologie, grâce parfois aussi aux personnes qui les trouvent et qui ont le bon réflexe de s’adresser à des archéologues pour les préserver.

Une pirogue immergée pendant 500 ans
C’est le cas d’un canot du XVe siècle, pas un canot d’écorce mais une pirogue en fait puisque découpée dans un unique tronc d’arbre dont on voit toujours les lignes de croissance, une pirogue longue comme la hauteur de deux hommes retrouvée  au fond de l’eau après un séjour immergé de plus de 500 ans.

L’Exposition Fragments d’humanité – Archéologie du Québec
Dans l’exposition qui se trouve au premier étage de Pointe-à-Callière, cité d’archéologie et d’histoire de Montréal, on trouve aussi quelque 350 pièces majeures qui y sont présentées pour célébrer 50 ans de découvertes archéologiques au Québec, résultant de fouilles réalisées sur plus de 10000 sites répartis sur tout le territoire et racontant une histoire plusieurs fois millénaire.

Deuxième ouvrage de la collection Archéologie du Québec publié

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Fragments d’humanité – Pièces de collections
Pointe-à-Callière, cité d’histoire et d’archéologie de Montréal
(ISBN : 9782761942478)

En parallèle à l’exposition, Pointe-à-Callière publie son deuxième ouvrage d’une série de cinq aux Éditions de l’Homme : Fragments d’humanité – Pièces de collections (ISBN : 9782761942478). Ce très beau livre, écrit sous la direction de l’archéologue en chef Louise Pothier, donne un aperçu de la diversité et de l’importance des collections dans le paysage patrimonial québécois. Rédigée avec en mémoire un véritable souci de narration et de vulgarisation et présentant des photos d’objets significatifs rarement ou jamais vus par le public, la collection Archéologie du Québec veut rendre accessible l’archéologie d’ici et permet d’en apprécier les détails grâce à de nombreuses photographies illustrant superbement le propos.

Dans ce livre on part en voyage dans le temps : des cartes situant les sites archéologiques et les datant par périodes historiques et préhistoriques avec une chronologie culturelle, des photos d’Inuits datant de siècles passés ainsi que leurs outils, des objets travaillés avec soin, d’autres sortes d’outils et pièces par exemple en fer forgé des Forges du Saint-Maurice, un hublot cassé de l’Empress of Ireland, des objets du quotidien, poterie, vaisselle, brosses à dents, tête de poupée et autres jouets et jeux.

Rendez-vous à Pointe-à-Callière, cité d’histoire et d’archéologie de Montréal, dans ses multiples salles d’exposition et passez à sa grande boutique dans la Maison des Marins. Cette exposition voyagera mais pour le moment, elle se trouve prioritairement chez nous jusqu’au 8 janvier 2017.

pac.qc.ca

Relâche archéo à Pointe-à-Callière


CHAT heureux

chatenformeChat en forme : chat heureux
Trucs & Astuces
Pour une longue vie en bonne santé

Publié chez Broquet, ce livre sur les chats vous renseignera sur les comportements de votre animal de compagnie et comment réagir pour qu’il soit en confiance et fournit d’innombrables conseils sur tous les sujets ou presque.

Trousse de secours, techniques de dressage, formes et sons, test d’intelligence, nourriture et nutrition, indices pour évaluer s’il se porte bien, voyager en avion, cohabitation et budget ne sont que quelques exemples des très nombreux sujets traités, en plus de quelques recettes.

À la lecture de ce livre, on a même un peu l’impression que l’on pourrait se servir de quelques-uns de ses conseils pour prévoir de bien traiter aussi nos semblables, tout particulièrement ceux qui ne sont pas en mesure de s’exprimer à la suite d’une incapacité physique ou morale.

Ce livre contient aussi 184 photos de chats, y compris de races rares, et en toutes sortes d’occasions ou positions; enjoué, irrité, en plein guet ou endormi…

CITATIONS / EXTRAITS

« Plus guttural, ce trille musical accentué sur le final donne l’impression d’une question. Les chats émettent cette espèce de gazouillement comme pour signifier un bonjour amical aux humains, les mères l’utilisent aussi pour signifier à leurs chatons qu’il est l’heure de les allaiter. » (p. 38, Le gazouillement)

« Selon la légende, les Siamois seraient nés de l’accouplement d’une lionne et d’un singe sur l’Arche de Noé. » (p. 41, Cinq races populaires)

« Ce chat a l’air bien dubitatif, il a besoin d’être sûr d’être correctement récompensé pour apprendre de nouveaux tours. » (p. 86)

« Les chats vieillissants dorment de plus en plus, jusqu’à 16 heures par jour ! Mettez à disposition de votre chat sénior des coussins bien moelleux et confortables. […] les rapprocher des radiateurs pour les mois d’hiver : la chaleur participe à soulager les douleurs arthritiques. » (p. 177, Conseils intemporels pour chats séniors)

CHAT en forme : CHAT heureux, de Arden Moore, est disponible en librairie et sur le site des éditions Broquet.


MULIATS

MULIATS, theatre innu québécoisQuand un envahisseur débarque, sa première priorité est de tout raser et de remplacer les anciens petits et grands réalisateurs par ses pions et imposer ses nouvelles façons de supérioriser ses intérêts.

À partir de là, les délogés typiquement crient à l’aide et au bandit voleur. Sauf que l’écrasant s’attend à cela de la part de l’écrasé qui devra soit tenter de survivre en ayant perdu ses réalisations et souffrir la douleur de voir des truands se targuer des crédits de ses efforts de toute une vie, de toute une décennie, de toutes ses idées et énergies investies jour après jour, année après année.

Alors comment faire ? Critiquer, alors que l’envahisseur a déjà prêché sa bonne parole et commis des lois contre le discours haineux qu’il a provoqué ? Simuler, comme le recommandait un philosophe grec, risque de nous engager dans la collabo et la perte de toute façon de nos actifs et libertés aux côtés de stratèges bien organisés.

On a vu à nombreuses reprises sur Terre des envahisseurs, les Blancs partout où ils voulaient faire fortune puis déguerpir avec le butin et autres situations semblables parfois à plusieurs reprises comme ici d’abord avec les colons Français puis quand les Anglais ont décidé de les déloger en brûlant systématiquement leurs maisons et leurs récoltes et en redivisant à leur manière les terres.

Mais il reste les gens qui restent, même histoire pour ceux ou celles qui auraient créé une entreprise et se seraient fait voler le fruit de leur travail. Ces hommes et ces femmes ont été volontairement cassés par leurs bourreaux qui typiquement feront pour eux-mêmes une propagande de victimes alors que les véritables victimes ne peuvent rien dire, rien faire puisque les prêcheurs ont déjà mis la majorité de leur bord. Comment se faire entendre ? Comment rétablir l’entente avec les descendants à la suite de tant de destruction ?

Les humains brimés risquent d’avoir les nerfs à vif et de réagir au quart de tour, passer donc pour violents. Les humains en haut du pavé, quant à eux, n’ont pas envie de perdre leurs acquis, ni au profit de ceux à qui ils les ont enlevés ni à d’autres qui voudraient tout leur prendre pour recommencer leur petit jeu de guerre.

C’est un peu le problème que propose MULIATS, un mot titre d’une pièce de théâtre qui en innu, c’est-à-dire dans la langue du peuple autochtone qui vit juste au sud du peuple inuit, signifie Montréal.

« Vous savez toujours mieux que les Indiens ce qui est bon pour les Indiens »

Toute femme vous dira que l’on pourrait remplacer le mot Indiens par le mot femmes. Remplacer le mot Blancs par le mot hommes. Et la mauvaise blague, c’est qu’au pays de la langue française, ils ont réussi à imposer que le mot Homme prenne la place des hommes et des femmes alors même que sans femmes il n’y aurait pas d’humains. Quels imposteurs à la fin !

Alors comment faire ? Aller voir la pièce et discuter avec eux en appréciant l’opportunité d’échange et aussi le délicieux thé nordique qu’ils offrent au public à la fin de chaque représentation.

MULIATS est présenté au Théâtre Denise Pelletier jusqu’au 20 février 2016. C’est une oeuvre collective de la jeune compagnie MENUENTUAN qui rassemble des Québécois et des Autochtones. MULIATS raconte deux jeunes, un Montréalais et un Innu qui partagent un appartement en colocation et qui doivent quotidiennement faire face aux chocs des cultures qui s’ignorent tout en ayant vécu côte à côte depuis des siècles. C’est un peu comme cette semaine, alors que j’ai tenu la porte deux fois de suite à une personne qui s’est entêtée à me parler en anglais…

http://montreal157.blogspot.ca/2016/01/muliats-theatre-innu.html


Recettes de nos aînés

Aînées d’Italie, d’Iran, d’Haïti, d’Amérique latine, de l’Inde et d’autres pays lointains. Ce livre de recettes d’aînés immigrés est une petite merveille typiquement montréalaise avec aussi quelques recettes québécoises.

Comment préparer une vraie sauce tomates toute simple ou de vraies empanadas d’origine, des plats exotiques comme Raja Halva maison, Mezze libanais d’une femme ayant aussi vécu en Italie mais décidé d’enfin s’établir ici.

Pour fusionner l’idée de ce livre, il aura fallu une dizaine d’ateliers intergénérationnels avec plus de 150 participants qui ont fait chauffer les marmites autant que les coeurs dans la cuisine communautaire du Santropol Roulant, un organisme bien établi à Montréal et qui a marqué ses 20 ans avec ce livre rassemblant des recettes élaborées au loin, détaillées par des gens venus d’ailleurs pour recommencer une nouvelle vie chez nous.

C’est un livre de recettes petit budget que le Santropol publie avec toute l’intelligence du cœur et du partage.

Un chouette cadeau pour la Saint-Valentin ou pour toute occasion.

http://santropolroulant.org/fr/


Pompéi

Du 6 février au 5 septembre 2016, le Musée des beaux-arts de Montréal présente une exposition consacrée aux villes romaines près de Naples qui furent détruites lors de l’éruption du Vésuve en l’an 79 après J.-C.

L’éruption fut spectaculaire et la présentation au MBAM s’emploie à nous faire vivre l’expérience à l’aide entre autres de deux salles multimédia, l’une avec trois de ses murs projetant des images du ciel qui vous tombe sur la tête et l’autre qui nous fait survoler le site actuel, en drone.

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Vue aérienne des ruines de Pompéi
avec le Vésuve à l’horizon
Photo © Roger Ressmeyer / CORBIS

Bien sûr dans cette exposition les artéfacts de Pompéi et Herculanum sont nombreux :

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Fresque représentant une distribution de pain
Enduit peint
Pompéi, tablinum de la maison du Boulanger
Museo Archeologico Nazionale di Napoli
(MANN)

statues, mosaïques, armures, remplissages des espaces occupés par les corps dans les décombres, bijoux en or, outils en fer, fresques décoratives ou commerciales, une mosaïque et un moulage de chien en plâtre, amphores, pièces de monnaie et plus loin dans les galeries la valeur des aliments de luxe ou des esclaves ou des femmes qui vendaient leurs charmes, miche de pain à moitié découpée…

On peut par ailleurs louer un audio-guide et en écouter les commentaires en français ou en anglais, pour adultes ou pour enfants. Le numéro 16 de la bande pour enfants mérite mention pour sa description du statut des femmes à Pompéi qui était tout de même pas trop mal, alors que les inscriptions que l’on peut lire au mur sont limitées sur le sujet.

Cette exposition renferme aussi dans une salle un peu en retrait la sculpture d’un dieu qui baise avec une chèvre à cette époque de codes vestimentaires afficheurs, de libertés et de guerres de pouvoir, suivant de quelque sept décennies la création de la sexiste religion catholique…