Archives de Tag: Algérie

Terre des femmes

nassirabelloulaSLM2015

Bouleversant, le plus récent roman de Nassira Belloula dans lequel se mêlent dans une prose poétique le sang des accouchements à celui des batailles et des guerres menées par les hommes et les femmes sur cinq générations.

La nouveauté, c’est qu’au lieu de voir l’Histoire en excluant les femmes, cette fiction historique part des femmes, de mère en fille, leur accueil au village lorsqu’elles sont déplacées, leur histoire d’amour et leur vie auprès ou en l’absence de leur homme ou de la famille ou encore des personnes de confiance recommandées par des hommes ou des femmes qui leur veulent tout le bien possible même si toutes ces vies sont assujetties aux atrocités des colonialistes et opportunistes parfois politiques, d’autres fois de la « noblesse » ou encore militaires Français en Algérie pendant les plus de cent années d’occupation. Individus égorgés, filles violées, villages rasés, maisons et récoltes brûlées, Algériens pourchassés pour être tués, chassés de chez eux, hommes et femmes ensemble ou esseulés devant tout recommencer ailleurs. Et de mère en fille, la vie continue dans ce roman qui se situe entre 1847 au moment de l’invasion des Français jusqu’au déclenchement de la Guerre d’Algérie. C’est souvent déchirant. C’est toujours dense d’Histoire et de féminité mais aussi de masculin. Pour la dernière de la lignée, un chapitre haletant, un vrai page turner.

CITATIONS DE NASSIRA BELLOULA EN ENTREVUE

« Pour chaque femme, il y a une époque qui est relatée avec les faits, les événements, ce qui s’est passé à cette époque-là », explique Nassira Belloula en entrevue vidéo dans laquelle il est aussi fortement question de la condition féminine. « Un survol de cent ans d’Histoire » dans les Aurès avec « beaucoup de déchirements ». « les derniers attentats de Paris […] on voit que rien n’a changé. »

CITATION EXTRAITE DU LIVRE

« Tadla soupira, les choses devaient passer ainsi, elle ne dérogeait pas à la règle, après tout, son sort était lié intimement à sa filiation féminine, ce lien confus et douloureux qui faisait d’elle le prolongement de la destinée des siennes, destinée de souffrance, semble-t-il, car à partir de ce passé, le chemin tracé était assez laborieux. Il finirait bien par arriver quelque part. Elle pensa à Yélli, sa mère, ne lui avait-elle pas donné la vie dans la plus profonde des solitudes. Elle, le fruit d’un amour interdit. Qui sait ce qui serait advenu d’elle, sans la force et la ténacité de ses deux grands-pères, ennemis héréditaires, réconciliés dans le malheur. » (p. 108)

Dans le texte sont par ailleurs insérées de nombreuses citations, des paroles ou des écrits notamment de personnalités à la carrière de tous niveaux, y compris des plus hauts perchés.

Terre des femmes mériterait bien une Note de l’auteur en fin d’ouvrage s’il était publié ici, mais vu qu’il est publié en Algérie (Chihab éditions), il n’est malheureusement pas disponible chez nous. S’agirait-il là d’un triste manque dans les réseaux de communications mondiaux qui font en sorte que nous ne sommes pas en mesure de connaître aussi bien qu’on le voudrait ? Comment y remédier ? La France a-t-elle une oreille à l’écoute ou une idée d’apaisement pour rétablir la paix de l’âme ?

J’ai eu le plaisir de rencontrer Nassira Belloula au Salon du livre de Montréal 2015 où elle m’a accordé une entrevue vidéo : Nassira Belloula, algéroise et montréalaise.

 


Nuits d’Afrique : Cheikh Sidi Bémol

Il est Kabyle, d’Algérie, et sa musique et ses chansons reflètent tant et tant d’influences… Et avec sa guitare et le saxo, les youyous sont de la partie dès la première chanson.

Cheikh Sidi Bémol chante les Aurès avec sa jolie musique joyeuse, il chante des chansons en provenance aussi d’Oman, de Turquie, de Paris, de Bretagne, de chez lui en Kabylie… il chante en arabe, en français et même en anglais puisqu’il a une composition concoctée tout spécialement pour l’Amérique du Nord. Dans sa musique, on sait pas s’il n’y aurait pas quelque chose qui ressemble à la musique irlandaise et parfois aussi au rythme reggae en passant par le saxo charmeur de cobra. En tout cas, c’est très agréable et surtout très unique.

Sur scène, Cheikh Sidi Bémol est tout aussi joyeux que sérieux. Il peut chanter d’une voix de chansonnier mais aussi d’une voix très grave. Quand il annonce la pause, avant de partir il se met à chanter a capella une chanson kabyle, une chanson sur les poètes, une ode que tous les Algériens connaissent puisque tout le monde chantait avec lui. Cheikh Sidi Bémol a déjà 9 albums à son actif.

La salle était pleine et elle continuait de se remplir, vu que c’est ramadan et que plusieurs sont arrivés en retard à cause du jeûne qui a dû être cassé à peine quelques minutes avant le début du spectacle.

Un très beau spectacle, tout en subtilités et en rythmes très variés, des rythmes et des styles d’une richesse si peu connus ! Et des youyous en prime !

Musicien, chanteur, parolier, caricaturiste, explorateur culturel, Cheikh Sidi Bémol  est une figure emblématique des artistes algériens de Paris.

 


FFM : HAPPY et EN RETARD

FFMHAPPY EVERYDAY: PARK LIFE IN CHINA
Peter O’Donoghue, Couleur, 52 minutes, Australie, Chine, 2013

Un documentaire rigolo qui nous fait découvrir un parc qui fut jadis interdit au peuple et qui aujourd’hui rassemble les aînés, les retraités et même les jeunes pour faire de l’exercice afin de ne pas se retrouver à l’hôpital. Idée jouissive. Prévention de la santé par la danse, les maracas, les manèges exerciseurs publics pour adultes…

FFM

EN RETARD POUR L’ENTERREMENT DE MA MÈRE
Penny Allen, Couleur, 78 minutes, France, Algérie, 2013

Ce film revisite l’histoire d’une arabe marocaine vivant en Algérie qui avait reçu l’ordre donné de la renvoyer dans son pays en 1975. Elle est revenue avec ses enfants, devenue contrebandière d’or et de bijoux, a fait une fortune colossale, a ouvert un bain hammam. Sa fille qui lui ressemble aujourd’hui porte sa robe à la demande de son frère vivant à Paris qui aurait aimé la revoir vivante. Ils disent que s’ils vendent la maison et le bain, ils perdront leur âme. « En retard pour l’enterrement de ma mère » montre aussi un mariage arabe : 1er jour, 2e jour, 5e jour… Le film débute par cette mère qui court pour passer la frontière sur une terre inondée de soleil rouge. La frontière est gardée mais elle avait de puissants clients (son fils vient d’apprendre après sa mort qu’un officier haut-gradé lui avait fait des propositions). Un film fascinant.



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DVD Ce que le jour doit à la nuit

Un film extraordinaire d’après l’oeuvre de l’auteur algérien ayant écrit sous le nom de sa femme puisqu’il était dans l’armée, Monsieur Yasmina Khadra.

DVD  Ce que le jour doit à la nuit

DVD Ce que le jour doit à la nuit
Une adaptation du best-seller de Yasmina Khadra

Quand le malheur frappe et que le destin (ou le corbeau) s’acharne
Un film qui raconte avec autant d’émotion et de sensibilité son pays d’avant la guerre d’indépendance qu’une histoire d’amour déchirante en raison d’une personne proche qui fait le corbeau entre les deux amoureux.

C’est à 162 minutes grandioses et à la découverte d’une ancienne Algérie française plutôt californienne inconnue que ce long-métrage nous convie. C’est maintenant en DVD, ce qui nous permet de le voir et de le revoir en tout ou en partie autant que l’on veut.

SYNOPSIS

Issu d’une famille de paysans ruinés, Younes est arraché à sa mère à l’âge de 9 ans, et confié à son oncle (Fellag, Monsieur Lazhar), un notable d’Oran. Marié à une française, l’homme rêve d’offrir une vie meilleur à son charmant neveu. Rebaptisé Jonas, Younes intègre alors la jeunesse pied-noire de l’Algérie des années 1950. La douceur de son existence sera bientôt troublée par les conflits agitant le pays.

CITATIONS, QUELQUES EXTRAITS :

« Un kilomètre seulement me séparait de ma petite soeur Zara mais pourtant, comme mon père, moi aussi je venais de traverser le miroir. »

« Y a rien de bon pour toi ici. […] Va-t’en ! […] Cours et te retourne pas, va-t’en !  »

« Ils me font passer pour un goujat. »

« Tu vas pas épouser cet abruti sous prétexte que t’as une peine de coeur ! »

« Le droit ! Mais de quoi tu parles ? Sacrifier notre amour, ça c’est un crime. »

Ce que le jour doit à la nuit
Réalisé par Alexandre Arcady (Le grand pardon, Comme les cinq doigts de la main), le film met en vedette Nora Arnezeder (Faubourg 36), Anne Parillaud (Nikita, L’homme au masque de fer, Chez Maupassant), Vincent Perez (Cyrano de Bergerac), Anne Consigny (Le scaphandre et le papillon), Fu’ad Ait Aattou (Fièvre) et Fellag (Monsieur Lazhar).

Sorti en salle au Québec le 14 juin dernier, Ce que le jour doit à la nuit est une adaptation du best-seller de Yasmina Khadra et a fait environ 30 000$ au box-office.  Par ailleurs, le film a remporté le Prix Jeune Public de la meilleure adaptation au Festival du film du Croisic 2012.

TVA Films et A-Z Films
Aussi disponible en Vidéo Sur Demande


ZAHIA

Zahia Festival International Nuits d'Afrique 2013 Photo et vidéo Jacqueline Mallette

Zahia
Festival International Nuits d’Afrique 2013
Photo et vidéo Jacqueline Mallette

Accompagnée de plusieurs musiciens aux clavier et guitare, oud, tambours et percussions, flûte  et deux choristes, la chanteuse Zahia présente des chansons berbères mais également des chants a capella de la tradition orale kabyle et le public suit, lui donne des youyous et s’élance dans la danse… les hommes en franche camaraderie et les femmes foulard aux hanches ou, comme cette femme ayant dépassé la force de l’âge depuis plusieurs années, en costume national mais dansant elle aussi avec une vigueur qui fait plaisir à voir.

Installée à Montréal depuis 2007, Zahia a rendu hommage à plusieurs grands poètes chanteurs dont Félix Leclerc, Idir, et elle a interprété une chanson vraiment touchante écrite pour l’Algérie mais qui saura décrocher le coeur de tous les exilés du monde.

Résistante, forte et tranquille, Zahia prépare son premier CD.


Yasmina et Mohammed

Yasmina & Mohammed, c’est un film algérien super bien ficelé et super poétique sur l’écrivain qui, pour ne pas subir la censure de l’armée sur ses textes déjà autocensurés, armée dans laquelle il a été enrolé à l’âge de 8 ou 9 ans, un écrivain vraiment très poétique qui s’est mis à écrire sous un nom de plume, celui de sa femme… sa femme qui, par ailleurs, ne l’a pas choisi par amour mais en suivant les conseils de sa mère qui voyait en lui un homme aux belles qualités.

« J’ai fermé les yeux pour ne pas regarder et finalement je suis rentré dans un mur. »

C’est ce que Monsieur Yasmina Khadra, comme il veut qu’on l’appelle, avoue à propos de la journée de jeûne religieux, ce ramadan qu’il a passé dans une ville de carnaval. En fonction des prescriptions de sa religion, il avait voulu ne pas voir, ne pas regarder les femmes aux vêtements minimalistes…

Yasmina & Mohammed, c’est vraiment un très beau film qui raconte l’Algérie, le pays et le peuple, les origines de l’écrivain et sa déduction rationnelle du pourquoi des guerres.

Tout au long du film, de magnifiques textes sont cités mais aussi présentés en superposition des images tournées en France et en Algérie, ce qui crée un effet parfois aussi poétique que le verbe.

On pourra voir le film prochainement à Montréal dans le cadre du festival Vues d’Afrique, lequel cette année présente également des films sur les femmes, ce qui est devenu de plus en plus rare à Montréal où depuis plusieurs années déjà, les masculinistes contrôlent la ville et empêchent de nombreuses femmes trop brillantes à leur goût de percer malgré leurs talents, leur professionnalisme et leur détermination, s’organisant entre eux pour être toujours les seuls à être visibles et acceptables, à être les seuls à pavaner leurs logos en dehors du lot forçant tout le monde à faire leur propagande, à être les seuls à en tirer les meilleurs bénéfices, quitte à copier et s’approprier toutes les idées originales à leur profit par des moyens sexistes ou en manipulant et tout en se faisant passer pour les victimes alors que tout le monde sait que quand un peuple subit les femmes subissent à au moins 50%, pourcentage qui augmente vraisemblablement au double quand ce sont les masculinistes qui sévissent et font subir à toute la société québécoise leur intolérance et leur phobie des femmes. À croire qu’ils se sentent vraiment inférieurs, sinon ils n’auraient aucune crainte de laisser libre cours à l’épanouissement et à la visibilité des femmes.

La Revanche de May


Le Québec célèbre les 50 ans d’indépendance de l’Algérie

Cette célébration Québec-Algérie 50 était l’occasion de retrouvailles pour nombres d’Algériens vivant à Montréal. C’était hier, au parc Jean-Drapeau, île Sainte-Hélène… derrière la piscine ou plutôt les piscines, secteur boisé. Ce qui est merveilleux, c’est qu’on en a profité pour se rappeller et pour saluer les femmes qui ont perdu leur mari ou leurs fils dans cette guerre d’indépendance. Ces femmes qui se sont fait attaquer avec hargne par les islamistes des années 1990. Ces femmes qui sont toujours bel et bien là, solides et bien dans leur peau et dans leur tête.

Photos Jacqueline Mallette, ServicesMontreal.com


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8 mars :  Journée internationale des femmes dans le monde

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