La Compagnie de la Lettre 5 nous revient cette fois avec une pièce tout à fait troublante, du théâtre monumental aussi tragique et aussi dur moralement pour Lulu que Tramway nommé Désir l’était pour Blanche. À la fois forte et fragile. Et c’est joué de manière magistrale par tous les acteurs, tout spécialement Stéphanie Ribeyreix qui ne quitte la scène que pour changer de costume dans cette pièce sans entracte.
Autour d’elle, son père, ses maris successifs, ses amants, ses persécuteurs…
« À 10 ans, elle pouvait nourrir père et mère. »
Lulu, c’est la femme, la fille, la maîtresse, la putain, la femme noble, la bourgeoise, celle qui représente un revenu ou celle dont on se sert pour parvenir à la gloire ou encore celle à qui son vieux bourgeois demande de s’éclipser pour faire place nette afin d’en marier une autre qui a 3 ans de moins qu’elle et qui n’est pas encore sortie du couvent où elle termine ses études. Mais Lulu, c’est vraiment beaucoup plus que tout cela. Lulu c’est toutes les femmes qu’elle représente dans leur détresse et dans les exigences et les malheurs de la vie. Lulu, c’est celle qui était pauvre, qui est devenue riche et qui peut-être pourrait retomber dans la misère et être obligée de faire le trottoir. Lulu, c’est une pièce de théâtre exceptionnelle.
Lulu, c’est l’enfance humiliée, la confusion identitaire de la femme, la tyrannie des passions humaines, la femme objet de fantasmes masculins, le sexe désacralisé dans une société hyper-sexualisée. Autour de l’actrice principale Stéphanie Ribeyreix, les comédiens Luc Charette, Cédric Cilia, Grégoire Cloutier, Mike Melino, Robert Reynaert, Jean-Philippe Richard et Émilie Sigouin, plus musique en direct de la violoncelliste Viviana Gosselin. Une pièce de Franz Wedekind dans une mise en scène de René Migliaccio.
Lulu, 3ème production de La Compagnie de la Lettre 5
du 30 avril au 17 Mai 2014
à l’Espace La Risée,
1258 rue Bélanger Est, Montréal
Votre commentaire