Table ronde et critique du film Tant qu’il pleut en Amérique
En ce moment, Vues d’Afrique bat son plein et on annonce une table ronde qui devrait s’avérer fort intéressante pour demain jeudi sur le cinéma africain, de 15 h à 17 h, le jeudi 1er mai à l’Ex-ONF (1564 rue St Denis), le Quartier général du Festival BAOBAR.

Tant qu’il pleut en Amérique, film sur l’Éthiopie présenté au festival de cinéma africain Vues d’Afrique
Un des films que je voulais absolument voir à ce festival de cinéma africain est Tant qu’il pleut en Amérique.
Le film débute sur un chanteur rasta présent à une émission de radio dans les Caraïbes : Desmond Martin en Jamaïque qui décide de quitter son île pour repartir en Éthiopie, pays où dit-on les Italiens auraient perdu la guerre « distraits par la beauté des femmes »… pays aussi où « aspirés par l’essor économique, plusieurs exilés reviennent. »
Tous les peuples appauvris se ressemblent
« Ce n’est pas parce qu’on a besoin d’investissements qu’on doit tout donner gratuitement. » Ce sont les paroles intelligentes d’un jeune homme d’affaires né en Éthiopie et ayant vécu aux États-Unis, de retour dans son pays où il a ouvert une business qui fait travailler un groupe de femmes que l’on dit fortes (heureusement, si je peux me permettre, quand on connaît une ou deux histoires des mutilations dont il n’est pas question ici). Cet Éthiopien remarquable considère que même si ses profits sont un peu moindres, si cela permet au pays d’évoluer socialement c’est bon. Qu’Allah ou Dieu et tous les autres l’entendent et multiplient cette pensée partout dans le monde et avisent au passage les ONG ainsi que l’OMC et tous les organismes qui gèrent la corruption et les fuites de capitaux y compris du Québec et du Canada !
Le film nous permet ensuite de découvrir un couple de passionnés, plus particulièrement la jeune femme qui a quitté son emploi d’enseignante pour créer des émissions télé à l’intention des préscolaires, émissions d’animation dans lesquelles ils apprennent aux enfants l’hygiène et autres considérations de base. Ils cherchent à obtenir du financement des multiples ONG présentes dans la capitale mais ce n’est pas facile. Nous savons tous que les montants les plus importants qui se baladent d’un pays à l’autre ont rarement pour but l’aide humanitaire… Quoi qu’il en soit, cette jeune femme a créé cette émission de télé pour donner une voix aux enfants à qui elle voudrait accorder de la dignité et elle rêve que l’émission célèbre un jour ses 40 ans.
Une autre portion émouvante du film est celle où le réalisateur nous emmène dans une banlieue pauvre où la plupart des femmes sont atteintes du SIDA en raison de la prostitution : « Quand elles vont mourir, où iront les enfants ? ». L’une d’elles s’exprime en pleurant : « Ma situation est devenue si compliquée que j’ai pensé aller au Moyen-Orient ». Un professeur élargit le débat : « Aujourd’hui dans les pays arabes, 95% des gens qui s’y rendent sont des femmes. Prostituées, ouvrières, domestiques. »
Le film sillonnera aussi le pays, quittant Addis Abeba après avoir discuté avec un jeune garçon qui travaille à l’épicerie de son frère, espérant un jour améliorer sa vie, de même que Mimi, une jeune femme que des Cubains ont emmenée à Cuba alors qu’elle n’avait que 4 ans parce qu’elle était trop belle. C’est sa mère éthiopienne qui l’a enfin retrouvée après d’interminables recherches. Mais Mimi a aussi une petite fille qui est restée à Cuba…
Le voyageur qui dans son adolescence utopique avait acheté la chanson We are the World en pensant aider le monde quitte ensuite la capitale pour s’engager vers les terres brûlées du désert, vers d’autres villes d’un autre âge, vers d’autres gens, vers la terre promise des rastas et la terre d’origine du café, denrée exceptionnelle qui n’a pas apporté la richesse là où les multinationales se sont amoncelé des fortunes. Non, là où l’on trouve la ressource, les gens sont systémiquement pauvres et souffrent de malnutrition chronique en raison des substituts qu’ils peuvent encore se permettre, y compris la bonne parole à l’année.
Tant qu’il pleut en Amérique est vraiment un très beau film, avec des paysages incroyables et des témoignages vrais. Avec des comportements de fond qui nous ressemblent.
Le 30e Festival international du cinéma Vues d’Afrique se déroule du 25 avril au 4 mai.
Pour plus d’informations, visitez www.vuesdafrique.org.
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