Archives de Tag: violence

FFM : Étudiants

J’ai vu deux très bons films qui traitent des jeunes du secondaire / cégep / lycée et plus précisément de la violence qu’ils peuvent causer ou subir sous forme d’intimidation : Oh! My Princess et Fièvres.

Oh! My Princess est un court métrage présenté au Festival du Film étudiant, le plus vieux festival de cinéma au Canada qui fait partie du Festival des films du monde et qui annoncera demain ses gagnants. Le réalisateur sud-coréen Heewook SA est à Montréal pour présenter son thriller psychologique dans lequel un chauffeur de taxi découvre qu’il véhicule l’intimidatrice de sa fille qu’il élève seul et que cette jeune femme lui réserve un soirée terrifiante en plus de lui pourrir la vie à l’école de même que son avenir et ses futures études universitaires. Quelle réaction risque-t-il d’avoir pour protéger sa princesse ?

Fièvres est un long-métrage qui traite de la banalisation de la violence. Deux jeunes sont toujours ensemble pour faire leurs 400 coups, l’un est plutôt de famille riche, l’autre se laisse un peu mener. Ensemble ils commettent un meurtre totalement gratuit et, lors d’une conversation avec son grand-père, le plus aisé des deux entend ce dernier lui citer presque mot à mot une phrase de sa propre dissertation écrite à la suite du méfait : « Et alors sa phrase à lui, elle cache quoi ? ». C’est la question qu’il pose à l’autre et qui les mènera à faire des recherches Internet sur sa famille et sur l’Histoire, ce qui leur fera découvrir que pour certains petits fonctionnaires, il fallait être en mesure de fournir un certificat de naissance des parents et grands-parents.en quelques heures pour ne pas être envoyé aux camps juifs.

Festival des films du monde


Entre l’aurore et la nuit, roman, un homme au Nunavik

Un roman de Marc-André Moutquin qui se passe au Nunavik

Entre l’aurore et la nuit
Un roman de Marc-André Moutquin
Guy Saint-Jean éditeur
Collection Parfums d’ailleurs
Nunavik

Pour être allée dans le Grand Nord, je l’ai vastement reconnu dans ce magnifique roman de Marc-André Moutquin.

Publié dans la Collection Parfums d’ailleurs chez Guy Saint-Jean, l’histoire se passe entièrement au Nunavik.

Solitaire et sans attaches, Jacques suit les conseils d’un ami pilote et accepte un contrat de travail pour la construction d’une école dans un village situé au nord de Puvirnituq. Dans cette communauté isolée, il découvre un monde incroyablement différent de Montréal qui n’est pourtant qu’à quelques heures d’avion. Il y fait la rencontre de plusieurs individus parmi les expatriés de sa vie quotidienne mais également parmi les Inuits dont Martha qui travaille au chantier comme traductrice-interprète et qui à la maison est régulièrement victime de violence conjugale ainsi que d’autres Inuits avec lesquels par exemple il part en voyage de pêche.

Témoin d’un monde en transition où les codes culturels ne sont pas les mêmes qu’au Sud, Jacques ne sortira pas indemne de son expérience.

Ce qui est particulièrement génial dans ce roman, c’est d’abord que l’auteur décrit très bien la vastitude et l’isolement qui dictent les comportements mais il inclut également quelques légendes, des réponses à tel ou tel pourquoi et des dialogues courts en inuktitut avec lexique de quatre pages à la fin.

C’est à un dépaysement extraordinaire que nous convie l’auteur, un dépaysement appelé à changer avec l’océan Arctique qui les dessert devant vraisemblablement bientôt s’ouvrir à d’innombrables traversées commerciales.

À propos de l’auteur

Né en Nouvelle-Zélande, Marc-André Moutquin a étudié les arts, les lettres et les langues avant de se tourner vers le domaine de la santé. Infirmier-praticien spécialisé en première ligne, il a effectué plusieurs stages à l’étranger. Son travail l’amène à voyager régulièrement entre Montréal et les villages du Grand Nord. En 2008, son nom apparaissait parmi les finalistes du prestigieux prix Anne-Hébert pour son premier roman, No code. En 2009, il publiait Inch’Allah, un autre roman de la collection Parfums d’ailleurs (Guy Saint-Jean Éditeur).

COLLECTION PARFUMS D’AILLEURS

Ces ouvrages littéraires, tantôt récits étonnants, tantôt romans fascinants, transportent le lecteur au cœur des cultures les plus exotiques du monde, offrant un regard privilégié sur l’ailleurs. Des coulisses d’un mariage marocain aux chaleurs sahariennes d’un dispensaire sénégalais… Bienvenue ailleurs.

EXTRAITS

« Selon toute vraisemblance, il s’agissait d’un accident de motoneige comme il en arrive si souvent au Nunavik (7)
« (7) Appelé autrefois le Nouveau-Québec, le Nunavik, soit ‘la terre où vivre‘ en inuktitut, 507 000 kilomètres carrés » (p. 17)

« C’était bien Philippe de m’organiser des petits passe-droits et de venir me rejoindre à la première occasion possible. » (p. 21)

« Il me fatiguait si souvent avec ses justifications à l’emporte-pièce que j’évitais de le confronter pour ne pas m’épuiser inutilement dans des conversations où tous mes arguments seraient balayés du revers de la main. » (p. 24)

« Je devais néanmoins faire attention pour ne pas vider trop rapidement le réservoir d’eau. Le remplissage de ce dernier ne se faisait qu’une fois par semaine. » (p. 41)

« Concentré il essayait de s’allumer une cigarette malgré un vent à vous déboiser un caribou. » p. 47

« L’humour noir a pourtant ses limites et je n’avais qu’à regarder Julie, qui sanglotait maintenant en parlant de la violence faite aux femmes du village, pour réaliser la sincérité de sa peine et de son désarroi. » (p. 53)

Voir la fiche du livre

servicesmontreal.com depuis 2002Depuis 2002  ServicesMontreal.com
À la Une sur les blogues
Toutes les chroniques LIVRES, CD, DVD
Tous les articles


CINÉMA : Guilty of Romance

Tant qu’ils ne vous riront pas en pleine face de vous voir pleurer

Trilogie de la haine
Dernier volet de la trilogie consacrée à la haine par le réalisateur Sion Sono, Guilty of Romance se présente à prime abord comme une critique acérée de la société japonaise machiste, ayant pour base un meurtre survenu dans les parages d’hôtels de passe fluos à l’esthétique pop-trash dans des fonds de ruelles tokyoïtes.

LES PERSONNAGES
Il y a deux femmes principales dans ce film et une troisième qui ne donne pas sa place. Les hommes horriblement machos sont accessoires. La haine et la violence, la méchanceté et l’imposition du pouvoir sont omniprésents sous toutes sortes de formes.

Épouse préservée
La première femme est mariée à un écrivain célèbre qui la préserve. Bourgeoise au foyer, ses uniques préoccupations se limitent à s’assurer qu’il a son savon de Marseille, à lui préparer son thé pour 21h et à lui replacer ses pantoufles de façon à ce qu’il glisse les pieds dedans quand il se lève ou quand il rentre à la maison. Elle s’ennuie à mourir. Elle part à la recherche d’elle-même et fait des rencontres. Rapidement une machesse la découvre et veut lui faire faire de la photo.

Prof mal dans sa peau, en clair-obscur
Le caractère sombre auquel elle sera sérieusement confrontée est une femme en apparence sobre et poétique, professeure de lettres à l’université Toto. Infiniment mal dans sa peau, elle a cependant besoin de vivre quotidiennement son côté sombre, kafkaïen. Elle nourrit une haine d’elle-même qui la fera tendre une main haineuse à l’épouse d’écrivain pour l’amener là où elle veut la mener, là où elle se détruira elle-même.

La troisième femme, je crois qu’il faut la découvrir au fil du film.

La haine
La haine et la violence rassemblent plusieurs personnages qui marquent leur pouvoir par leurs haussements de ton, les sons gutturaux et les regards soutenus, la baise sans ménagement, le discours souriant et suave mais tellement dur, les contrats qui redoublent de valeur et les moyens pour se faire payer.

La collusion
Le plus étonnant, c’est qu’au retour du cinéma, je me suis mise à penser que la collusion et les attrapes n’existent pas que dans les bas-fonds de la société… Sans en avoir l’air, ce film raconte cela aussi. La collusion chez les individus haineux, qui ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils ont, si riches et bourgeois qu’ils soient ; les coups montés pour détruire la vie de ceux qui ne s’y attendent pas, qui cherchent simplement à se distraire et sur lesquels ils s’acharneront tant qu’ils ne leur riront pas en pleine face de les voir pleurer. Et de ce genre d’individus, on en trouve aussi chez nous.

Un film bouleversant
C’est certainement un film bouleversant dans lequel les machos sont les rois et les femmes en subissent les conséquences. Violence et érotisme sont au rendez-vous mais, l’air de ne s’en prendre qu’à cela, Guilty of Romance démonte aussi ultimement le coup monté.

On trouve deux vidéos de ce film sur Youtube :

et

GUILTY OF ROMANCE de Sion Sono
Japon. 2011. 112 min. v.o. japonaise avec s.‐t. français
Distribution : K‐Films Amérique
Avec : Megumi Kagurazaka, Miki Mizuno, Makoto Togashi

Consulter notre calendrier CINÉMA