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Les rois du suspense

Depuis trois décennies, la compagnie GRAND MAGASIN présente des spectacles qu’elle-même ne pourrait définir mais auxquels elle rêverait d’assister.  Les Rois du Suspense avec Pascale Murtin et François Hifflerest  à l'usine C du 5 au 7 mars 2014

Depuis trois décennies, la compagnie GRAND MAGASIN présente des spectacles qu’elle-même ne pourrait définir mais auxquels elle rêverait d’assister. Les Rois du Suspense avec Pascale Murtin et François Hifflerest, à l’usine C, du 5 au 7 mars 2014

Comment écrire une critique sur une pièce de théâtre qui n’en est pas une ? C’était annoncé : un spectacle impossible à définir.

Effectivement, c’est un jeu de théâtre et de paroles jouant sur l’absurde, la répétition, l’observation de l’autre qui annonce tout ce qu’il va faire ou avant de faire autre chose que ce qu’il avait annoncé. On a l’impression de voir un spectacle en création avec des bouts vraiment inattendus et vraiment drôles qui suscitent des rires dans toute la salle. Et c’était complet.

C’est un spectacle théâtral d’une heure, pour clientèles anti-théâtrales.


L’Homme atlantique

… ou l’épanouissement de l’homme démuni ne dépend pas de l’argent dont il dispose.

Ils sont trois sur scène plus les personnages de la musique et de la caméra. Sans oublier la salle, que la pièce avec sa mise en scène multimédias interactive ne laisse pas totalement dans l’ombre…

Le très beau texte de Marguerite Duras dépeint un homme qui a acheté une femme pour 4-5 nuits. Elle, qui n’est pas une prostituée, a accepté. Mais sur place, elle devient du coup infiniment robotique, la voix est métallique et l’expression machinale. Elle ne peut qu’offrir son corps, un corps duquel le coeur et l’esprit sont totalement absents. Une automate vide. Elle s’est laissée acheter mais le coeur et l’esprit ne s’achètent pas. Et lui, il voudrait bien l’atteindre mais sans jamais y parvenir. En tout cas pas comme il le voudrait. Pourtant son corps est parfait… Puis, la mort guette malgré la proche sensualité dans cette chambre au bord de la mer et ses vagues que l’on entend, ce phare que l’on aperçoit.

L’Homme atlantique

L’Homme atlantique
Avec Marie-Thérèse Fortin,
Anne-Marie Cadieux et Jean Alibert,
au théâtre de l’usine C,
du 12 au 15 février 2014

Le pièce comporte un important solo de l’homme dans lequel le comédien Jean Alibert, debout, se donne à plein. La pièce exploite aussi la répétition, mais on l’a dit les textes sont si beaux que cela permet de les apprécier, appuyés par la musique à la présence croissante sans devenir oppressante. Ce qui est vraiment puissant dans cette pièce, c’est ce que l’on retient de la solitude de cet homme qui reste démuni malgré tout son fric. Il voudrait établir un contact, une communication mais il ne sait pas comment faire. Et tout son argent ne viendra pas l’aider à la veille de sa mort. Sa voix forte non plus.

L’HOMME ATLANTIQUE met en scène Marie-Thérèse Fortin qui serait en train de réaliser un film et donc dirige fortement – surtout au début pour s’esquiver graduellement par la suite – de sa présence les deux comédiens jouant le couple, Anne-Marie Cadieux qui avec son passé de mannequin n’a aucun mal à jouer les automates et Jean Alibert. C’est une pièce qui laisse une forte impression sur les concepts totalement différents de l’homme et de la femme. Une pièce qui marque. Elle est présentée au théâtre de l’usine C, du 12 au 15 février 2014.


Face au mur

Théâtre reflet de l’absurde monde dans lequel nous vivons, Face au mur est un déversement de paroles sans communication et sans lien autre que la déroute pour faire diversion. Reflet du monde actuel aussi la place de la femme : ils sont quatre mecs pour une seule femme à qui ils font dire des niaiseries pour mieux l’obstiner et la faire se sentir tellement ridicule qu’elle prenne ensuite et à jamais, enfin selon eux, la place immobile au fond dans l’ombre pendant que pour la majeure partie du spectacle les 4 mecs, pingouin hésitant compris, offrent chacun dans sa bulle son fier torse proprement chemisé au public et ses élucubrations délirantes.

Survivre à un monde gonflé
Cette pièce sur plancher crevable se veut déroutante, un peu comme un montage financier global aux investisseurs inconnus / gonflés / méconnus mais aux idées bien arrêtées cherchant à couvrir tout l’espace jusqu’ à en remonter  les murs et à en accrocher au plafond, disséminées. Entre individus semblables ou pas, on interrompt pour faire oublier le fil de la pensée à l’autre et pour lui dérouter les idées et amener en surface à leur place une image confrontante, effaçante et remplaçante. Honte à l’enfant abusé et ridicule comme des ballons retenus au sol le sexe gonflé de l’homme dans le sexe gonflé de la femme. Aussi ridicule qu’un placard avec un jardin japonais. Mais par contre silence absolu sur le sexe gonflé de l’homme dans l’appareil digestif gonflé d’un autre individu à configuration masculine. « Ne m’aidez pas » dira le veston coquille d’oeuf de cérémonie.

Face au mur est présenté à l’Usine C encore ce soir et demain soir.