Archives de Tag: traditions

Du cinéma qui en met plein la vue

Ce soir je suis retournée voir deux films au festival Présence autochtone, un court-métrage A Stranger On The Land et un long-métrage de l’ONF, Point de fuite.

A Stranger On The Land
Les deux films nous en mettaient plein la vue et plein les oreilles, le premier lors d’une tempête avec rafales de neige, de nuit, en voyage à motoneige d’un village à l’autre, un déplacement qui normalement prendrait quelques heures mais il lui en a fallu plus du double, possiblement le triple et au bout d’une histoire racontée à travers le vent qui soufflait et qui déformait les paroles jusqu’à les rendre incompréhensibles ce qui est tout à fait juste dans le ton, l’incompréhension de ces vastes territoires de neige et de glace. Un film expérimental puissant et tout à fait représentatif de ce que j’ai lu dans des romans de fiction très très réalistes que je mets en lien à la fin de cet article !

Point de fuite, long-métrage documentaire de l'ONF

Point de fuite, long-métrage documentaire Arctique de l’ONF

Point de fuite
Le second film était un long-métrage tout à fait contraire au premier : il s’agissait d’un voyage de découverte, retour à des sources généalogiques d’une descendante d’un homme d’action originaire de la Terre de Baffin qui a un jour convaincu tout son village de se déplacer au Groenland, apportant avec eux des moyens de survie alors inconnus dans cette île scandinave où maintenant les traditions canadiennes sont redevenues plus importantes qu’en leur lieu d’origine. Dans ce documentaire, ce sont les étangs d’eau tranquilles (eh oui, la glace n’est plus aussi sure ni aussi durable qu’avant), deux chasses au narval complètement différentes, la pêche à l’omble chevalier, les déplacements en traîneau arctique tiré par toute une meute de chiens nordiques… Le commentaire accrocheur  tout comme les familles rencontrées par la voyageuse et narratrice Navarana K’avigak’ Sørensen sont paisibles et réalistes, et les traditions pures ou adaptées à la facilité du siècle. Mais comme elle-même se le demande : à force de s’adapter, est-ce que nous en sortirons gagnants ? Ce film est rempli d’images absolument magnifiques du Grand Nord, des terres, villages, océan, baies, glaces et neiges de l’Arctique.

Parmi les films à venir, signalons Les ailes de Johnny May, premier pilote de brousse inuit.

Spectacles gratuits
Les activités ont débuté sur la Place des Festivals.

Le calendrier complet des activités sur le site www.presenceautochtone.ca.

Festival Présence autochtone


Le dernier Lapon

Le dernier Lapon  -  Olivier TRUC  Dans la sélection Télérama des cinq meilleurs policiers de la rentrée

Le dernier Lapon
Auteur : Olivier TRUC
Éditions Métailié
Dans la sélection Télérama des cinq meilleurs policiers de la rentrée

Dans la sélection Télérama des cinq meilleurs policiers de la rentrée

Et cette distinction est amplement méritée pour ce polar des régions polaires, remuant 456 pages de bouleversements, revirements, soubresauts, savoirs perdus, savoirs conquis, une histoire palpitante que j’ai appréciée du début à la fin, à la virgule près.

Vraiment un roman exceptionnel qui se passe chez les autochtones bergers de rennes en Laponie, une aventure qui nous emmène au nord du nord de la Suède, de la Finlande et de la Norvège, dans le Grand Nord européen, une vaste région où l’on parle sami et où en date du 11 janvier du roman il n’y a eu que 27 minutes d’ensoleillement.

Et les enjeux se ressemblent chez ces peuples de l’Arctique, dans ces territoires isolés aux tambours et aurores boréales qui peuvent être loquaces, aux tempêtes de froid mordant et de neige aveuglante… Et oui, comme chez nous sous les mêmes parallèles et on s’y retrouvera sûrement un petit peu puisqu’il y est question de vouloir faire beaucoup d’argent en exploitant des mines, et puis de retrouver un tambour et un meurtrier.

L’écriture de cette enquête est menée et ficelée comme pas une.  On reste totalement captivé(e) du début à la toute dernière ligne. Les détails nordiques, les comportements humains, les gens, les religieux, les frontières, les secrets, les traditions, le chant de gorge, la prospection, les coups tordus…

Un grand roman pour ses introspections, sa portée historique de même que sociale, un roman fabuleux et fascinant.

L’AUTEUR

Olivier TRUC est journaliste depuis 1986 ; il vit à Stockholm depuis 1994 où il est le correspondant du Monde et du Point, après avoir travaillé à Libération. Spécialiste des pays nordiques et baltes, il est aussi documentariste pour la radio et la télévision. Il est l’auteur de la biographie d’un rescapé français du goulag, L’Imposteur (Calmann-Lévy).

EXTRAITS

« – Qui sacrifie à d’autres dieux sera voué à l’anathème ! cria-t-il soudain, grondant d’une voix caverneuse qui effraya les hommes. » (p. 13)

« Lui et sa femme avaient atterri dans cet espace ignoré du Grand Nord norvégien à l’ère prétouristique. » (p. 19)

« Elle réalisait qu’elle venait de mettre un pied dans un monde inconnu. » (p. 24)

« Ça devait être un joïk de bienvenue. (p. 25)

« – Et de surveiller son troupeau quand on est tout seul, en plein hiver dans la toundra, c’est pas du travail peut-être ? » (p. 29)

«- Et les hypothèses ? demanda Nina avec un doux sourire. Cela faisait la deuxième fois aujourd’hui qu’un interlocuteur évitait de répondre à ses questions et elle commençait à trouver ça irritant. » (p. 38)

Accéder à la fiche du livre sur le site des éditions Métailié, Paris.

servicesmontreal.com depuis 2002Depuis 2002  ServicesMontreal.com

Livres sur l’histoire du monde et romans historiques monde

À la Une sur les blogues
Toutes les chroniques LIVRES, CD, DVD
Tous les articles


La source des femmes

LA SOURCE DES FEMMES raconte la fainéantise et la solidarité masculines que subissent les femmes devant faire les corvées pour toutes et absolument toutes les tâches qui concernent la maison, ce qui inclut d’aller chercher l’eau sur un sentier rocheux aux éboulis fréquents qui font perdre près de la moitié des bébés aux femmes enceintes.

Imaginez-vous, enceinte et devoir transporter 2 chaudières emplies d’eau sur un sentier de chèvres, puis devoir aller chercher le bois pour faire le feu, nettoyer la maison, faire les repas etc. et encore la nuit travailleuse du sexe auprès du mari imposé et souvent très vieux, pendant que tout ce temps, tous les hommes sont assis confortablement au café à ne RIEN FAIRE d’autres que boire du thé, rire et placoter entre eux ! Enfin voilà qu’une jeune mariée, heureuse épouse d’un homme éduqué qui l’a choisie par amour, décide de discuter avec les autres femmes du village de cet aberrant esclavage et suggère de faire la grève de l’amour pour les faire bouger un peu de leur chaise ou de leur coin de palabre ombragé. Mais, on s’en doute bien, ce ne sera pas facile !!!

LA SOURCE DES FEMMES propose une vision proche du conte avec toute une panoplie de personnages y compris la typique belle-mère jalouse et toujours prête à quelque méchanceté, le traitre fils qui est prêt à jeter sa mère et tout le village pour son enrichissement et son pouvoir personnels, l’exploitation par les hommes des traditions et de la religion pour leur confort masculiniste, bref… on en a pour plus de 2 heures et vastement pour notre argent avec, entre autres, des chants et danses, des images du désert, des punitions à peine voilées, des hommes méchants au coeur aride et à l’esprit fermé et à la mauvaise volonté effrayante et des hommes bons au coeur tendre et à l’esprit ouvert et au comportement bienveillant.

Au coeur de tout ce brouhaha, Leîla pour qui le film aurait été écrit.

À complot, complot et demi !
LA SOURCE DES FEMMES est aussi fort que Yentl pour démontrer et dénoncer le nombrilisme solidaire des hommes par le biais de la religion, plus grandiose que le film Absurdistan qui traitait du même sujet de manière plus fantaisiste. plus concentrique que la légende racontée par Nassira Belloula dans son recueil Djemmina.

LA SOURCE DES FEMMES

LA SOURCE DES FEMMES
Un film de Radu Mihaileanu
Avec : Leila Bekhti, Hafisa Herzi, Biyouna

LA SOURCE DES FEMMES
France/Belgique/Maroc. 2011. 136 min. v.o. arabe avec s.‐t. français
Avec : Leila Bekhti, Biyouna, Hafisa Herzi