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Chef-d’oeuvre péruvien à Montréal

Mochica, Côte nord, peut-être La Mina  100-800 apr. J.-C.  Or, chrysocolla, coquillages  28,5 x 41,4 x 4,5 cm  Museo de la Nación, Lima Photo Jacqueline Mallette

Mochica, Côte nord, peut-être La Mina
100-800 apr. J.-C.
Or, chrysocolla, coquillages
28,5 x 41,4 x 4,5 cm
Museo de la Nación, Lima, Pérou
Photo Jacqueline Mallette

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a dévoilé hier l’une des pièces majeures de l’exposition Pérou : royaumes du Soleil et de la Lune – Identités et conquêtes aux époques ancienne, coloniale et moderne présentée en exclusivité au Canada et en grande première à Montréal du 2 février au 16 juin 2013.

Que penser de médias internationaux qui ont surnommé cette oeuvre d’orfèvrerie la « Mona Lisa » du Pérou ?
Ont-ils si peur des femmes ? Laissons-les à leurs phobies et voyons de quoi il s’agit :

Un poulpe en or mochica, une véritable icône de la lutte contre le trafic d’art récupéré en 2006 par les autorités du Pérou puis remis au Museo de la Nación à Lima. Une oeuvre d’orfèvrerie qui synthétise très bien le titre même de l’exposition. Une idée de soleil mais aussi des liens avec le monde nocturne, des symboliques du monde marin et des sacrifices qui étaient selon les hommes de l’époque nécessaires au culte (il fallait donner du sang au dieu décapiteur). Une pièce représentant donc les mondes souterrains et les mondes de la mort.

Les pupilles des yeux sont ornées de chrysocolla, des pierres de teinte aqua que l’on trouve au Pérou, et les dents sont en coquillages.

L’oeuvre est dans un état tout à fait remarquable avec aussi ses petites pendeloques au-dessus des yeux. Cet ornement frontal est remonté sur une très mince plaque en plexi afin de mieux le préserver. En effet, si on n’en connaît pas l’alliage exact, on sait qu’il se compose aussi de cuivre, faisant ressortir l’or par le biais de procédés chimiques qui permettent de produire des surfaces dorées. Bref, « tout ce qui brille n’est pas d’or ».

Le ministre de la Culture du Pérou, Luis Alberto Peirano Falconí, tient à préciser que «cette œuvre – retirée exceptionnellement de son espace d’exposition permanente à Lima – illustre à elle seule la revalorisation de notre passé, la lutte contre le commerce illicite des biens culturels et notre identité péruvienne. »

Voici ma présentation de ce chef-d’oeuvre historique sud-américain, sous forme de vidéo :

Cette oeuvre est également emblématique de la lutte contre le trafic d’oeuvres qui suivrait les mêmes tunnels que les autres trafic illégaux et illicites. « Quand les archéologues fouillent des sites, ils enregistrent tout ce qu’il y a autour », explique Nathalie Bondil ; si on pille sans se préoccuper on détruit toute la mémoire autour des oeuvres trouvées sans compter qu’elles sont perdues comme patrimoine local.

Il faut savoir que les lieux susceptibles de contenir de telles oeuvres ont de tout temps été pillées (pillages de sépultures anciennes par les nouvelles populations sur place, pillages napoléonniens et autres) sauf qu’à partir du moment où les fouilles sont illicites la propriété des oeuvres n’est pas reconnue par la loi et par conséquent elles peuvent être saisies. Ce trafic est néfaste en raison également de l’inéquité du paiement remis aux juaqueros, populations locales disposant de très peu de moyens pour survivre quoique l’on observe aujourd’hui une volonté d’éduquer à l’égard de ce patrimoine et une volonté de rétribuer les objets aux lieux d’où ils ont été extraits.

Pendant l’exposition au Musée des beaux-arts de Montréal, un film accompagnera ce chef-d’oeuvre d’orfèvrerie mochica datable du IVe ou du Ve siècle de notre ère qui fut récupéré en 2006 par les autorités du Pérou puis remis au Museo de la Nación à Lima à la suite d’une dénonciation par un indicateur privé. Intercepté par Scotland Yard dans une galerie de Londres, cet ornement frontal représentant une terrifiante divinité marine encadrée de huit tentacules est devenu une véritable icône de la lutte contre le trafic.

C’est Mona Lisa qui doit bien rigoler de cette histoire rocambolesque ! Décidément, certains hommes auraient besoin de femmes dans leur entourage…

Parlant d’icônes, une suggestion : pendant que vous serez au Musée des beaux-arts, profitez-en pour visiter le 4e étage où l’on peut voir de magnifiques tableaux du Moyen-Âge, néo-classiques et baroques, entre autres des Flandres, du Moyen-Orient…


Danse : The Tempest Replica

Agora de la danse : The Tempest Replica de Crystal Pite

Agora de la danse
The Tempest Replica
de Crystal Pite
Photo Jörg Baumann

Le nouveau spectacle de la super danseuse et chorégraphe Crytal Pite est basé sur une oeuvre de Shakespeare, The Tempest (La Tempête), qui raconte l’histoire d’un bateau échoué et d’individus qui se retrouvent sur une île, seuls avec eux-mêmes, avec leurs démons et avec les autres.

Crystal Pite . Photo Joris-Jan Bos

Crystal Pite . Photo Joris-Jan Bos

Crystal Pite est allée chercher l’essence même de la pièce et l’a transformée en performance dansée au lieu de parlée en formule théâtrale, tout en y incorporant des techniques aussi anciennes que les ombres chinoises et aussi nouvelles que le multimédia et la musique techno absolument appropriée dans le contexte tout autant que les quelques airs mélodieux ou les sons qui viennent ponctuer le tout. C’est une oeuvre complète qui est présentée sur la scène de l’Agora de la danse, dans des décors sobres et efficaces qui laissent beaucoup de place aux danseurs dont les duos sont particulièrement magnifiques : les deux ensembles homme-femme et celui de l’homme qui lutte contre la bête, contre le monstre ou peut-être ses monstres qu’il a reconnu comme les siens selon le texte shakespearien.

C’est vraiment un spectacle exceptionnel et superbement chronométré, qu’il faut voir ; d’ailleurs le public montréalais s’en est bien rendu compte puisque les 4 représentations affichent complet et qu’il ne peut s’y ajouter de supplémentaires étant donné que l’équipe repart immédiatement après le démontage pour aller remonter ailleurs la semaine prochaine et ainsi de suite.

Brava Crytal Pite et bravos et brava aux danseurs et danseuse de la compagnie Kidd Pivot, revenez-nous avec d’autres spectacles aussi… spectaculaires ! et aussi intériorisants et humains !

Vidéo officielle du spectacle :

http://www.agoradanse.com/fr/spectacles/2012/the-tempest-replica

http://kiddpivot.org/touring (en tournée : les prochaines dates pas trop loin de Montréal seraient New York)

L’ÉQUIPE :

Chorégraphe
Crystal Pite

Interprètes
Bryan Arias, Eric Beauchesne, Sandra Marín Garcia, Yannick Matthon, Jiří Pokorný, Cindy Salgado, Jermaine Maurice Spivey

Lumière
Robert Sondergaard

Musique
Owen Belton

Scénographie
Jay Gower Taylor

Costumes
Nancy Bryant

Projections vidéo
Jamie Nesbitt