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L’Histoire nationale à l’école québécoise

Je me souviens
Moi je me souviens… Pour vrai, quand j’étais à l’école secondaire, qu’à la suite d’une discussion j’avais comparé mon livre d’histoire avec le livre d’histoire d’un ami qui allait à l’école anglaise. La même bataille dans mon livre avait été gagnée par les Français alors que dans le sien, les Français avaient été vaincus par ses compatriotes. Qui croire ? Je ne me souviens plus de quelle bataille il s’agissait mais je me souviens qu’il avait pris mon livre et qu’il l’avait jeté dans une poubelle au retour de l’école. Voilà, je vous ai relaté un épisode difficilement oubliable de mes années d’adolescence en introduction d’un ouvrage vraiment exceptionnel.

L'Histoire nationale à l'école québécoise. Regards sur deux siècles d'enseignement, Auteurs : collectif sous la direction de Félix Bouvier, Michel Allard, Paul Aubin et Marie-Claude Larouche Éditions du Septentrion, Québec

L’Histoire nationale à l’école québécoise. Regards sur deux siècles d’enseignement Auteurs : collectif sous la direction de Félix Bouvier, Michel Allard, Paul Aubin et Marie-Claude Larouche
Éditions du Septentrion, Québec

De l’enseignement de l’histoire
Enfin, tout un collectif s’est intéressé à l’enseignement de l’histoire au Québec et c’est Septentrion qui le publie avec pour chaque chapitre, une conclusion et une bibliographie imposante.

Quelques extraits
« Rappelant que dans l’Italie en guerre on “ vient de lancer une campagne de haine contre l’Angleterre ”, l’abbé Arthur Maheux se garde bien de dire que nous avons sombré dans un tel excès, sauf qu’à la page suivante, il rappelle que “ les obstacles [aux relations harmonieuses entre anglophones et francophones] certains se rencontrent dans les exposés des faits historiques, et surtout dans tels livres mis entre les mains de la jeunesse. Commentés par des rigoristes, tels manuels instillent, lentement et sûrement, la haine ”. Rappelons, pour mémoire, que le même abbé devient à la fin des années 1940 le premier directeur de l’Institut historique de l’Université Laval et qu’il influencera ainsi ce qu’il est convenu d’appeler l’école de Laval ; il perpétue la thèse bonne-ententiste inaugurée par Joseph-François Perrault et William Smith dès le début du XIXe siècle. » (pp. 168-169, Entre idéologie et racisme, Pédagogues, Chapitre 4 – L’enseignement de l’histoire nationale pendant une ère libérale, sous la direction de Paul Aubin)

« Un bref survol des thèmes liés à l’histoire du Québec et du Canada, prescrits pour le 2e cycle, conduit à cerner l’accroissement de la perspective temporelle, qui débute maintenant avec le peuplement autochtone avant la colonisation et se rend jusqu’à la fin du XIXe siècle (voir le tableau I). On remarque l’ajout de nouveaux contenus, dont le peuplement anglais, les conditions de vie et la technologie à la fin du XIXe, et d’habiletés techniques reliées aux lignes de temps et à la mesure du temps. À noter qu’il est question de compparaison entre la vie d’autrefois et du début des années 1980. » (pp. 269-270, Des thèmes proches de ceux d’avant la réforme de 1964, Chapitre 7  – D’une matière à une discipline… L’enseignement de l’histoire nationale au primaire au Québec, de 1980 à 2010, sous la direction de Marie-Claude Larouche)

Souvenirs en images
Dans les pages centrales du livre, on retrouve sur papier glacé toute une panoplie de pages couvertures d’anciens livres d’histoire, y compris Le Boréal Express qui a également été publié en trois volumes chez Septentrion.

Ouvrage collectif
L’Histoire nationale à l’école québécoise. Regards sur deux siècles d’enseignement
, ouvrage d’un collectif sous la direction de Félix Bouvier, Michel Allard, Paul Aubin et Marie-Claude Larouche, est un livre vraiment exceptionnel dans lequel il est question autant des prêtres/laïcs que des ères de pensée, que du Conseil de l’instruction publique qui un jour de 1894 lance un “ concours public ” pour la rédaction de deux manuels afin de réduire le « trop grand nombre de manuels par discipline » (p. 95) et que des manuels pour protestants utilisés à l’école anglophone à propos desquels on peut lire : « On propose explicitement d’extraire, d’une histoire d’Angleterre rédigée dans la mère patrie par Arabella Buckley mais rééditée en Ontario, la section propre au Canada […] dans laquelle l’histoire du monde anglophone hors de la mère patrie se résume à quelques pages, l’indépendance des colonies américaines […] et l’empire lors du couronnement de la reine Victoria en 1837 » (p. 100, Manuels pour protestants, Manuels, 1888-1897, Chapitre 3 – Les programmes sous deux grands commis : Ouimet et Boucher de la Bruère (1873-1904), sous la direction de Paul Aubin)

Avoir la connaissance de notre histoire
De belle discussions en perspective sur la rigueur (ou sur le manque de rigueur dans un monde aux fins nombrilistes et comment faire la différence) et sur les conséquences positives ou négatives qui s’ensuivent et sur les relations humaines entre peuples, par exemples, avec cette parution plus qu’intéressante qui fera avancer la connaissance que nous avons de notre histoire, ne serait-ce que pour ne pas répéter les mêmes erreurs que par le passé. Nous avons la chance, contrairement à d’autres pays de notre continent, d’avoir une histoire écrite et d’avoir une maison d’édition qui publie des ouvrages hors du temps, des livres littéralement immortels. Nous n’avons plus qu’à nous y intéresser… pour avoir une histoire à raconter.

Accéder directement à la fiche du livre : http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/livre.asp?id=3499 )