Du 11 novembre 2014 au 29 mars 2015
au Musée des beaux-arts de Montréal
Il s’agit d’une exposition de propagande diffusée par des affiches. De la propagande militaire, chauviniste, affreusement triste alors même qu’en notre siècle, 100 ans plus tard, les propagandistes se sont multipliés et leurs réseaux aussi.
L’exposition comprend des affiches canadiennes, américaines et allemandes. Parmi ces dernières une femme encouragée à pousser ses enfants hors du foyer pour aller se battre pour la gloire. La plupart des affiches montrent la guerre pour ce qu’elle est : amenant la souffrance à ceux qui la font autant qu’à ceux et celles qui la subissent. Sauf exceptions, tous les humains montrés sur ces affiches ont l’air triste ou souffrant horriblement. Toutes sauf trois : les deux affiches canadiennes-françaises où les hommes sont souriants ; à croire que les propagandistes se voyaient déjà millionnaires à faire du marketing militant ou de festivals subventionnés sur le dos des pauvres qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts à cause de toutes les mafias à l’oeuvre, de toutes les causes nombrilistes exclusives. La troisième affiche sur laquelle un homme sourit le montre qui « livre la marchandise », des obus, plusieurs à la fois, à partir de Springfield aux États-Unis… la Springfield des Simpsons ? C’est pourtant si triste de renier la paix pour aller faire la guerre, quelle qu’elle soit, et ce même s’il n’y a pas de bombes mais des morts par exclusion informatisée ou par oeillères communautaristes excluant tous les autres pour des buts de salut personnel ou la richesse ou l’évasion fiscale. Ce sont aussi des guerres meurtrières qui ont pourtant cours sans contraintes.
La deuxième salle de cette exposition temporaire commémorative centenaire de la guerre 1914-18 propose aux visiteurs une réflexion par le biais d’une murale où chaque humain représente cinq mille morts, cinq mille personnes qui ont perdu la vie au profit de la haine. On peut aussi y lire quatre poèmes, deux en français dont un texte éclatant d’amour déchiré et un texte d’Apollinaire et deux en anglais dont le célèbre Flanders’ Fields.
Signalons que le musée des beaux-arts de Montréal présente aussi en ce moment des affiches de Warhol. WAR-hol. Des couvertures de magazines, des affiches de vedettes, des dessins et photos parfois démultipliés en guerilla marketing avant et après l’heure du thé, à se saoûler de propagande à toute heure du jour et de la nuit. Comme si toute la population se trouvait dans les tranchées à trimer pour quelques-uns qui se prélassent bien à l’abri et dans l’hyper-luxe égocentrique dépravant. Je sais pas si la plupart des têtes que l’on voit sur ces affiches de guerre pour les millions sont tellement plus souriantes que celles des affiches propagandistes de la guerre pour le pays. Chaque fois, ce sont surtout les pauvres et les non-politiques qui en paient le prix.
À noter que des photos de la Grande guerre se trouvent aussi dans la très belle exposition des impressionnistes, expressionnistes, cubistes De Van Gog à Kandinsky. Des photos entre autres de peintres s’étant enrôlés volontairement ou de force mais aussi sur tout un mur de soldats et de civils subissant la misère humaine, la misère guerrière inhumaine.
https://www.mbam.qc.ca/expositions/a-laffiche/la-mort-patriote/