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La ballade d’Ali Baba

La ballade d'Ali Baba est une fiction savoureuse de famille immigrante élaborée avec verve par Catherine Mavrikakis, publiée aux éditions Héliotrope

La ballade d’Ali Baba
Auteure : Catherine Mavrikakis
Éditions Héliotrope, Montréal

Un roman de route rigolo, principalement entre Montréal, Alger et Key West, au départ d’une famille grecque originaire de Rhodes, raconté au «je» par la Montréalaise fille d’un père charmeur absent, lui-même fils de père absent ayant laissé partir sa femme et ses multiples jeunes enfants dont il était l’aîné vers Alger pour cause de guerre. Ouf ! Attachez vos tuques car ce n’est pas tout, on s’avance aussi un peu vers l’Halloween et les morts vivants ainsi que l’Italie et les vacances !

C’est super drôle, super bien mené, super crédible, super inspiré de la réalité, super sans propagande ni politique ni religieuse.  Un roman qui raconte des histoires de famille, des incidences de corruption, des presque accidents de déneigeuses, des tempêtes de neiges du haut d’un appartement avec vue sur la ville, des vagues de l’océan balayant les côtes…

« Quand je tendis ma carte de crédit, une libraire bien intentionnée me demanda si j’étais Érina, la fille de Vassili Papadopoulos. Un oui laconique fut ma réponse à cette jeune femme qui aurait dû, en travaillant dans les livres, me connaître comme écrivaine. Enchantée, elle me demanda tout de go si je voyais plus souvent mon père. C’était, selon ses dires, un homme aimable, attachant, qui venait souvent à la librairie bavarder. Il était très heureux et gentil, mais une chose l’attristait : le silence que sa fille Érina gardait à son endroit. Elle ne voulait pas le voir, avait-il confié profondément bouleversé à la petite libraire, me faisant passer pour une parvenue honteuse de ses origines et de son père, pourtant moteur de sa réussite. » (p. 50)

La ballade d’Ali Baba est une fiction savoureuse de famille immigrante élaborée avec verve par Catherine Mavrikakis, publiée aux éditions Héliotrope. au cœur de Montréal. L’auteure a par ailleurs vu ses livres récompensés de plusieurs prix par le passé, y compris le Prix des libraires, le Grand Prix du livre de Montréal, le Prix littéraire des collégiens et le prix Victor-Barbeau.


Le grand bousillage

Le grand bousillage  Auteur : Volker BRAUN  Titre original : Machwerk oder Das Schichtbuch des Flick von Lauchhammer Traduit de l'allemand par Jean-Paul Barbe Éditions Métailié, Paris

Le grand bousillage
Auteur : Volker BRAUN
Titre original :
Machwerk oder Das Schichtbuch des Flick von Lauchhammer
Traduit de l’allemand par
Jean-Paul Barbe
Éditions Métailié, Paris

Cet homme, il veut travailler. Oh comme il veut continuer à travailler. Se trouver un travail. Montrer à son petit grandeur nature ce qu’il sait faire et comment les faire, lui qui fut le grand sauveur de toutes les situations catastrophiques quel que soit le problème dans ces mines et lieux de travail que fut l’Allemagne de l’Est. Oui, mais maintenant c’est l’Allemagne réunifiée… Et lui, le héros du passé connu de tous et toutes doit s’adapter à ce monde qui lui est complètement étranger et qui lui a retiré autant son travail que son habit de gloire, sa fierté, sa dignité.

C’est ainsi qu’il se retrouve – entre autres et après plusieurs autres postes à lui confiés en toute confiance par la dame du bureau d’emploi – gardien de nuit dans une ancienne gare de Berlin transformée en musée d’art moderne où certaines oeuvres semblent avoir besoin d’ambulanciers… Lui n’est pas ambulancier mais il sait se servir de ses dix doigts ! Pas comme son rejeton à qui il voudrait bien relever les épaules.

Ce pauvre homme est obsessif dans sa volonté et sa capacité de travailler, de tout régler au quart de tour, de donner des ordres, de mener les équipes, de mettre sa communauté au travail. Finies les interminables pauses sitôt qu’il débarque. Le marasme dans lequel sont plongées les usines et les mines du peuple et même les sols n’a plus sa place. Et s’il doit lui-même s’emparer du matériel de creusage laissé à la traîne par les fonctionnaires syndiqués, il va le faire et il va se battre pour faire le travail à leur place si eux sont si négligents. Parfois, il risque de se faire battre puisque les négligents risquent d’être organisés et fiers mais il rebondira, n’ayez crainte, après son séjour à l’hôpital. Il se rendra jusqu’en Pologne pour travailler. Il est ainsi fait, ce Flick, ce travailleur ayant bien appris sa leçon qu’il était à l’époque propriétaire des usines et des mines, comme tous les habitants de sa communauté.

Ce livre a dû être un casse-tête incroyable à traduire. Car la plume est leste autour des élucubrations de ce personnage un peu obsédé. On se rit de beaucoup de choses dans ce livre et pas uniquement de l’ancienne Allemagne divisée en deux et réunifiée mais du monde actuel, occidental, globalisé, unifié et milliardaire au niveau des cheveux mais horriblement pauvre à partir des oreilles en descendant.

EXTRAITS / CITATIONS

« Il aime bien ses aises, le Travail, il se déplace, tant que les banquiers lui donnent leur bénédiction. Tel le prophète Samuel, il leur prédit leur chute. Mais la Pologne d’aujourd’hui ne voulait rien savoir. Ils poursuivirent donc leur voyage dans ce pays aux mille odeurs, le seigle mûrissait dans les champs. Un terroir béni, avec des cieux infinis pour le plomber. Jusqu’au sol qui se bombait et se dressait et quand ils arrivèrent à Waldenburg, ils sentirent l’odeur du charbon. Et, de fait, Flick devina dans le crépuscule du matin des silhouettes allant en douce chercher le précieux minerai. C’étaient des mineurs licenciés, qui ne savaient rien faire d’autre, qui n’avaient récolté qu’une bonne silicose et qui, depuis qu’il avaient arrêté de faire marcher les machines, continuaient à fouiller à la main. Il les entendit pour ainsi dire proclamer : Ils nous ont ôté travail et espoir mais ils ne nous ôteront pas notre dignité. La chose plut à Flick et il emboîta le pas à ces saints hommes.» (p. 95)

Le grand bousillage de Volker Braun, un roman fiction sur la volonté de travailler, traduit de l’allemand par Jean-Paul Barbe, est publié en français aux éditions Métailié, Paris.


Une petite guerre parfaite

Ce roman prend à la gorge tellement il ressemble à la vérité, aux nouvelles qu’on en avait de cette guerre de pouvoir au Kosovo. C’était la dernière année du vingtième siècle, les bombes et la cruauté humaine se multipliaient dans l’ancienne Yougoslavie où l’on avait oublié l’ancienne bonne entente avec une langue commune forgée de serbe et de croate. Maintenant, c’était les uns qui voulaient contrôler les autres. Et toutes les manoeuvres étaient de mise dans ce pays de tous les dangers qui se faisaient ouvertement avec parfois même de l’entêtement entre les bourreaux à savoir à qui appartenait telle ou telle victime : intimidation, vols, pillages, viols, charniers…

Une petite guerre parfaite    Auteure Elvira DONES  Titre original Piccola guerra perfetta  Traduit de l'italien par Leïla Pailhès Éditions Métailié, Paris

Une petite guerre parfaite
Auteure : Elvira DONES
Titre original :
Piccola guerra perfetta

Traduit de l’italien par :
Leïla Pailhès
Éditions Métailié, Paris

C’est un roman vérité, une fiction historique qui raconte la guerre du Kosovo vue de l’intérieur mais aussi vue par les journalistes étrangers ainsi que par les individus et familles qui avaient fui le pays, qui avaient senti la terreur à leur porte et qui étaient partis vivre ailleurs, peut-être pour toujours ou en tout cas le temps que la folie passe.

C’est un livre qu’on a du mal à poser tellement l’histoire est vraie de cette vérité crue, cruelle et limpide, se réservant un peu de chaleur humaine malgré la froideur générale et le manque d’humanité, l’inexistence du respect dans la rage de ces hommes imbus de leur chauvinisme de s’approprier tout ce qu’il est possible et de détruire le reste.

Mais en fin de compte, qu’est-ce qui fait le chauvinisme, a-t-on envie de se demander. Qu’est-ce qui crée l’intolérance à ce point avec la volonté aveuglée d’en imposer à l’autre ? La volonté d’en imposer à l’autre ? De se montrer supérieur ?

Elvira Dones nous rend dans ce roman toute l’ampleur de cette guerre de territoire entre deux peuples voisins, vraisemblablement une peur panique transformée en rage ethnique qui s’est emparée de son pays juste avant de passer au 21è siècle.

CITATIONS  / EXTRAITS

« La lumière est coupée à cet instant précis et Besa pense que maintenant elle doit vraiment courir chez elle. Besnik, Alma et Drin l’attendent : les valises de la fuite déjà prêtes dans le couloir. Elle s’imagine Besnik, son mari, essayant de s’adresser aux enfants sur le ton de la plaisanterie pour chasser la panique dans leurs yeux. » (p. 8)

« Ils sont essoufflés, les rues sont pleines de policiers serbes, il y a eu des assassinats cette nuit, on ne pourra plus sortir de la ville, ils ont brûlé les magasins et arrêté des gens mais impossible de dire qui, et certains murmurent même que si l’on essaye de quitter Pristina on vous tire dessus sans préavis.  » (p. 22)

« Personne ne veut plus allumer la télévision pour ne pas tomber sur les reportages propagandistes des chaînes serbes. » (p. 30)

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Une petite guerre parfaite est publié aux Éditions Métailié, Paris.