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MINOU

Minou (thriller, correspondance) Auteurs : Pierre Fortin et Pierre K. Malouf Marcel Broquet, la nouvelle édition

Minou (thriller, correspondance)
Auteurs : Pierre Fortin et Pierre K. Malouf
Marcel Broquet, la nouvelle édition

Minou est un drôle de roman, un thriller par lettres interposées, rassemblant tout un échange de correspondance entre deux vieux amis, l’un comptable dans la ville (Montréal) où ils ont tous deux vécus à l’enfance et l’autre devenu lutteur de mise en scène en tournée permanente.

Ils auraient vécu un traumatisme en raison d’une petite fille qui serait disparue du jour au lendemain ; les deux se demandent ce qu’il a bien pu lui arriver et mettent en commun leurs idées en plus de se rappeler les fois où ils se sont revus lors d’occasions spéciales ou d’événements politiques québécois.

C’est assez spécial aussi comme lecture car les deux ne se gênent pas pour se dire leurs vérités et s’accuser, se reprocher ceci ou cela.

EXTRAITS

« Pourquoi tous ces efforts, hein ? Pourquoi ? À quoi bon ? Disons qu’une terrible injustice a été commise il y a quarante ans, que je dois réparer, mais sans savoir exactement comment m’y prendre. » (p. 34)

«  As-tu déjà compris pourquoi ces enfants-là se promenaient toujours en groupe, comme une meute, un essaim ? Des coquerelles ! » (p. 36)

« Tes lettres illustrent très bien ton choix de carrière : comptable ! Des listes numérotées, des erreurs magistrales d’addition ! Travailles-tu pour un parti politique ? » (p. 55)

« La nouvelle sur le sort de Picard me réjouit. Oh ! Que je suis un mauvais chrétien, mais au nom des jeunes mortes ou violées qu’il a laissées derrière, c’est vraiment une bonne nouvelle. » (p. 93)

Le roman est publié chez Marcel Broquet, la nouvelle édition.


Naissance d’un vieux prêtre

Un livre pour mieux comprendre les Franco-Français et par extension les pays à tradition catholique. On y trouve des pensées et confessions (si on peut dire…) d’un prêtre, à savoir son cheminement et, par exemple, comment dès la vie de  séminariste ils apprennent à s’éloigner et même à se couper de leur famille, des histoires cocasses, beaucoup d’art, de curiosité intellectuelle, y compris des souvenirs d’enfance et de prêtrise :

 Naissance d’un vieux prêtre	  - 	 Maurice GRUAU

Naissance d’un vieux prêtre
Auteur : Maurice GRUAU
Éditions Métailié,
Collection Traversées

L’éducation de l’époque et une histoire drôle sur l’origine des bébés
« On me répondit qu’elle était à l’étage quand on a apporté le bébé… » (pp. 18-19) ;

Des réflexions
« L’importance des expériences et des amitiés tient aux liens qui les oppose et les unit tout à la fois. » (p. 24) ;

Des analogies
« Tous les jours, il fallait ramasser, serrer comme nous disions, les oeufs dans des nids carrés pratiqués dans le mur et abrités par une vigne vierge aussi fine qu’envahissante. » (p. 26) ;

Des discussions sur le péché
« Également comment comprendre que c’était “un péché” ? À qui avions-nous fait du mal ? » (p. 40) ;

…et sur les sacrifices
« Les sacrifices par contre semblaient plus difficiles à identifier : quand ai-je vraiment fait un sacrifice ? […] Ce que je retenais c’est que plus c’est difficile, plus ça fait mal, et plus cela fait plaisir à Dieu. » (p. 41) ;

Des observations sur l’art sous toutes ses formes, peinture, architecture, sculpture…
« En Bourgogne, on accède à la plupart des églises en descendant au moins quelques marches alors qu’en Mayenne il faut souvent en monter plusieurs. » (p. 150) ;

Les habitants, les nobles, les curés, la vie de séminariste et de prêtre
« J’enseignais la psycholinguistique. Apprendre à écouter les autres, à respecter leur discours, à tenter de l’entendre vraiment et à en saisir les connotations représente un exercice subtil. » (p. 190)

Des événements sociaux et historiques
« Ce document fut publié par le quotidien Ouest France du 27 mai 1968 en page 6. » (p. 197)

Des constatations et des prédictions
« Le sort des églises est un peu lié à celui des cimetières ruraux actuellement moins fréquentés du fait de l’exode rural et moins utilisés à cause de la crémation. » (p. 89)

C’est tout le parcours social observé à travers le regard d’un religieux ayant reçu l’enseignement réservé aux prêtres catholiques du 20e siècle en France, y compris l’avènement d’hommes d’église qui travaillaient à l’extérieur ainsi que la déchristianisation, que l’on retrouve dans cette nouvelle parution de la collection Traversées. Un livre qui rappellera des souvenirs aux aînés et qui aideront les plus jeunes à les comprendre et peut-être à initier un dialogue de partage humain.

On peut parcourir quelques pages du livre et en savoir plus en consultant la fiche du livre sur le site des éditions Métailié, Paris.


Trente tableaux, féminisme rarissime au Québec

Trente tableaux, Paule Baillargeon ONF

Trente tableaux,
Paule Baillargeon
ONF

« J’ai 64 ans et je me souviens… »

C’est à partir d’aujourd’hui que l’on peut télécharger ou se procurer en DVD le documentaire exceptionnellement artistique et autobiographique de la cinéaste Paule Baillargeon qui concerne toutes les femmes du monde et tout particulièrement les Québécoises dites de souche, celles que l’on envie parce qu’elles ont toutes sortes de loi qui soi-disant les protège, celles qui soi-disant ne travaillent pas, celles…

Trente tableaux, cinéaste réalisatrice narratrice Paule Baillargeon

Trente tableaux est un film absolument exceptionnel et extraordinaire. C’est un film humain et féministe (oui, oui, les femmes même québécoises sont de la race humaine) tout en images avec la réalisatrice, auteure et narratrice qui revient sur 30 moments de sa vie de femme et d’artiste, Paule Baillargeon qui s’est fait rabattre le caquet plus souvent qu’à son tour.

Elle se rappelle des tableaux précis qui entre 6 et 64 ans ont marqué sa vie et elle les raconte tout doucement, sans toutefois trop chercher à cacher son désarroi, sa colère ou sa révolte. Elle explique sans expliquer, à l’aide d’images extraites de sa filmographie, d’archives ou filmées exprès pour ce documentaire, illustrant son propos par les paysages, photos d’elle-même, de sa mère, les scènes de théâtre ou de la vie ou même son chien et surtout ses propres dessins d’artiste illustrant ses dires trop vrais… elle qui s’est fait dire toute jeune qu’elle ne savait pas dessiner avant même d’avoir pu essayer, elle qui si loin, en Abitibi, n’avait aucun livre et le prix pour y avoir accès…

Elle raconte les petits voisins violents de son enfance, la religion, Pierre Elliott-Trudeau, les maris et les hommes dans un monde à deux poids deux mesures guidé par la religion catholique, plus catholique que le pape qui se vivait au Québec…

Paule Baillargeon raconte tout particulièrement bien toute sa vie de femme au Québec, les humiliations, les femmes battues, femmes violées et violentées, femmes dénigrées, femmes esclaves, femmes victimes d’une tuerie masculiniste que le reste du monde appelle The Montreal Massacre… la répression des femmes, les femmes que l’on rend invisibles partout dans le monde.

Elle revient aussi sur la crise d’octobre 1970 alors qu’on a perdu la liberté au Québec au nom d’une révolution dite tranquille.

C’est à une phénoménale prise de conscience que vous convie Paule Baillargeon, cinéaste parmi les cinéastes québécoises qui sont mal représentées et mal subventionnées par rapport aux cinéastes masculins.

Trente tableaux est un documentaire majestueux dans le sens artistique du terme, avec un propos anti-masculiniste, féministe et surtout humain qui marque, qui dénonce pour mieux corriger et ne plus se laisser berner, pour que peut-être au Québec les femmes s’entraident au lieu de s’entredéchirer, au lieu de collaborer bêtement, au lieu de s’entretuer pour des miettes disputées âprement… Que le monde entier comprenne que par rapport à n’importe quel groupe ou communauté, ce sont vraisemblablement les femmes qui ont de tout temps subi le plus de maltraitance.

CITATIONS tirées de la narration :

« Nous, les femmes, sommes perpétuellement dans les événements d’Octobre »

« J’ai 16 ans, je fais mon cours classique, j’apprends le grec et le latin, choses qui ne peuvent servir à grand’ chose quand on est destinée à laver la vaisselle et à torcher les autres. »

« Ce n’est pas de sa faute si les filles n’ont pas assez de poumon pour souffler dans la trompette. »

« Ces femmes travaillent comme des bêtes, ces femmes dont on dit qu’elles ne travaillent pas. »

« Il n’y a pas de révolution tranquille pour les femmes. C’est une révolution sanglante. »

« Anasthasie, c’est moi. »
Si toutes les scènes sont marquantes, certaines ponctuent infiniment la narration de Paule Baillargeon, par exemple les séquences de la jeune fille qui se fait enfiler une robe rouge à jupons multiples par deux hommes qui en profitent largement pour la tripoter abondamment.

MAIS PAS SEULEMENT
Trente tableaux ne parle pas seulement des femmes ; plusieurs séquences peuvent parfois s’appliquer à tout le monde :

« Je n’ai pas encore compris que tout le monde souffre tout le temps. »

LIENS

Consulter la fiche du film sur le site de l’ONF. C’est un film qui conscientise !

Trente tableaux peut aussi être visionné en anglais à partir du DVD de l’ONF.  Trente tableaux de Paule Baillargeon en DVD et en version téléchargeable dès le 16 octobre 2012.