LE SENS DE LA FÊTE
J’adore le commentaire de l’excellent Jean-Paul Rouve (Poupoupidou, Quand je serai petit dont il était le réalisateur) qui marque vraiment le coup dans la peau d’un photographe complètement intolérant aux femmes qui ne cadrent pas dans son focus. Et ils sont nombreux et pas seulement chez les photographes…
PETIT PAYSAN
Un film puissant sur la vie d’un paysan éleveur de vaches qui s’inquiète en raison d’un virus qui se propage dans les cheptels et qui amène les officiels à la ferme pour tout éliminer et désinfecter, par mesure de précaution. Entre les commentaires Internet des Illuminati et le Wallon qui n’a toujours reçu que des documents mais pas un centime pour compenser les pertes et qui a sa chaîne Youtube, les sujets sont effleurés juste assez pour provoquer des discussions au café après le cinéma à propos des autorités et les décideurs et les bétails (peut-être même aussi les populations qui n’ont pas de lobby organisé et qui subissent leurs peurs).
Le Festival CINEMANIA a débuté hier soir et se poursuit toute la semaine prochaine avec tout spécialement BARBARA, CHACUN SA VIE (avec un hommage à Claude Lelouch qui sera à Montréal pour une rencontre intime et des projections comme LES UNS ET LES AUTRES de même que LA BONNE ANNÉE), TOUT NOUS SÉPARE avec l’immortelle Catherine Deneuve en compagnie de Nekfeu, CHEZ NOUS avec l’exceptionnelle Émilie Dequenne.
Louis-Julien Petit réalise un film drôle pour démontrer le ras-le-bol du petit peuple à qui l’employeur corrosif axé uniquement sur ses profits accorde 75 secondes pour ses pauses-toilette. Eh oui, quand on travaille pour un grand magasin à rabais, tout est compté et en plus de se faire comptabiliser le nombre de clients et clientes qu’ils passent à la minute, les caissiers et les caissières doivent sourire et donner comme on le sait ici leur 110 % minimum pour un maigre salaire de 1000 euros par mois.
Et voilà qu’ils apprennent qu’ils seront bientôt remplacés par des caisses self-service et qu’ils doivent envisager leur mise à pied prochaine. Tissés serré, ils célèbrent l’anniversaire de l’un d’eux, et l’alcool doublé du découragement il y en a un qui avoue qu’il pique déjà son shampoing et ses brosses à dents. Il leur donne un petit cours pratique et ils s’y mettent tous avec l’efficacité exemplaire typique des piteusement appréciés travaillant pour employeur miteux jusqu’à ce qu’ils cumulent tout un stock et ouvrent boutique aux voisins et amis.
Bon, ça n’ira pas toujours sans erreurs… Mais l’erreur, elle est où en réalité quand les milliardaires sont tellement pauvres dans la tête qu’ils ne voient plus clair dans leur frénésie de profits toujours plus fabuleux ?
DISCOUNT est un film cocasse de société dramatiquement détournée, un film qui n’hésite pas à mettre en lumière toutes ces denrées qui sont jetées, piétinées et gâchées alors que tant de personnes ont tant de mal à se nourrir.
Le film a eu un grand succès en France apparemment. Présenté ce matin, on peut le revoir vendredi 13 novembre à Cinemania.
MON ROI, le nouveau film de Maïwenn, est présenté demain et mercredi à Cinemania.
Maïwenn Crédit Photo : Jacqueline Mallette
Le tout nouveau film de Maïwenn est une bombe sur les relations homme-femme et sur la maternité et sur la paternité, une histoire d’amour percutante et passionnante dans laquelle Tony (Emmanuelle Bercot, Meilleure actrice, Cannes 2015) revit en flash-back ses 10 ans de mariage tumultueux avec le séduisant Georgio (Vincent Cassel).
Le film débute sur des images panoramiques de ski dans les Alpes où les pistes sont un peu glacées mais surtout où la skieuse est perturbée par ses émotions. La scène grandiose fait place à une épouse et mère en fauteuil roulant dans une clinique de réadaptation près d’un magnifique lac.
Le long processus de remise en forme de son genou donne à l’avocate le temps de revivre les épisodes de leur histoire : leur rencontre, les premiers jours, leur mariage, son obsession à lui d’avoir un enfant d’elle mais aussi ses escapades, ses absences, ses déboires… Les bons comme les désastreux moments ont tous imprimé leur impact sur elle, elle qui se laisse séduire par son charme, son comportement rempli de folies et de farces qui la font rire aux éclats mais qui font en sorte que ses absences sont d’autant plus cruelles. Même avec toutes ses études de droit, elle n’est qu’un pantin entre ses doigts habiles. Restaurateur qui en met plein la vue, il a l’habitude de jouer avec les gens.
Mais même s’il n’est pas physiquement violent avec elle, ses manoeuvres de manipulation ne font-elles pas aussi mal, un mal plus sournois puisque invisible, qu’un coup de poing ? Et puis pour les amoureux de la conversation-débat post-ciné, on a envie de poursuivre la discussion pour inclure celles qui en plus sont précaires financièrement. Un jour je te donne tout, le lendemain tout disparaît. Un jour je fais tout pour te séduire, le lendemain je suis avec mes potes. T’as qu’à l’accepter. Mais quand c’est l’inverse ?
Maïwenn, qui était venue à Cinemania pour présenter son film POLISSE, réussit à nouveau avec le film MON ROI un tour de force immense.
Le Festival Cinemania débute ce soir au cinéma Impérial.
Votre idole vient soudainement sonner à votre porte parce qu’il sait que vous l’aimez et que vous êtes compréhensive ? Courrez voir ce film !
Elle l’adore dépeint infiniment bien les cellules de protection qui se créent autour d’un personnage qui a gloire, réputation, fortune, château et revenus exceptionnels à sauvegarder lorsque dans sa vie se produit un imprévu qui pourrait avoir de graves conséquences. Alors pour un homme adulé, quelle chance de pouvoir compter sur une belle inconnue, une belle poire bien utile. Une femme, bien sûr.
Sauf que s’il a, lui, tout une machine à son service avec des individus prêts à mentir effrontément parce qu’ils veulent garder leur boulot et leur fierté d’entourage de personnalité connue, elle a, elle, une force intérieure qui lui est inconnue. Une transfert psychologique est dès lors possible.
Le film est aussi drôle par séquences, par exemple quand la caméra se balade dans une pièce que la fan lui dédie dans son appartement où même le plafond a eu droit à des vers de ses chansons…
Elle l’adore a été présenté à Cinémania et sera vraisemblablement aussi au cinéma prochainement.
ELLE L’ADORE, un film de Jeanne Herry dans un scénario de Jeanne Herry et Gaëlle Macé, avec Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte
Anouk Aimée, classe de maître au festival CINEMANIA 2013 Photo Jacqueline Mallette
Avant de tourner la page sur CINEMANIA qui était fabuleux encore cette année, je m’en voudrais de ne pas souligner la merveilleuse ANOUK AIMÉE et sa classe de maître qui a fait salle absolument comble et qui a réjoui tout le monde. Voir en fin d’article deux courts extraits de sa présence à Montréal dans lesquels elle parle de Claude Lelouch, Fellini, Mastroianni avec lesquels elle a travaillé sérieusement sans pour cela se prendre au sérieux et c’est ça, affirme-t-elle, qui faisait que c’était si agréable. Sa classe de maître était précédé du film La Beauté du geste, premier documentaire jamais présenté au Festival, qui nous l’a fait connaître un peu mieux.
J’aurais voulu voir tous les films, écrire un texte sur chacun d’eux mais voici quelques mots sur GRIGRIS, dernière œuvre du réalisateur Mahamat-Saleh Haroun, remarquable à tous points de vue que ce soit au sujet de la solidarité, des solidarités, mais aussi cette impeccable petite pointe d’humour trop réaliste reliant la religion au crime organisé tout autant que la présence du crime organisé par manque de véritables opportunités, pareil pour les femmes qui finissent prostituées (« Je serai jamais mannequin […] ils me trouvent trop grosse » alors qu’on se demande où sur son corps ils auraient pu trouver le moindre gramme en trop), ce qui lui enlève d’office toute ouverture à une vie vécue de façon honorable et répondant aux aspirations pour elle ou pour celui qui l’aime, danseur malgré sa jambe paralysée… tout cela présenté dans une histoire qui se déroule très fluidement tout en gardant l’intérêt du spectateur à vif par la manière africaine que nous connaissons si peu. Vraiment, espérons que ce film prendra l’affiche au Québec.
Et voici d’autres petites citations extraites des dialogues du film GRIGRIS :
« Pourquoi tu fais ce travail ? »
« Tu crois qu’elle fait ça par plaisir ? »
« Si tu la suis, je te vire ! »
Le festival CINEMANIA célébrera son 20e anniversaire à Montréal du 6 au 16 novembre 2014.
Cet après-midi, à Cinemania, il y a événement spécial avec une TABLE RONDE Emmanuelle Devos & Martin Provost. Ensuite à 16h45, on a une seconde chance de voir le film ELLE S’EN VA, suivi de QUAI D’ORSAY, un film qui apparemment nous permet de voir la politique autrement, puis dimanche aussi MARIUS et FANNY. Et plus tard en fin d’après-midi un film de traversée en solitaire à 18h.
En fin de semaine, c’est aussi les RIDM avec en fin d’après-midi samedi un polar photographique avec le film FINDING VIVIAN MAIER à 17h00, l’histoire d’une femme ayant travaillé à un boulot de femme toute sa vie et ayant laissé à sa mort quelque 100 000 photographies de rue toutes plus remarquables les unes que les autres. C’est un homme qui a acheté la boîte de négatifs, sinon elle serait demeurée dans le noir absolu. Histoire de femmes, toujours en développement. Et il faut bien l’avouer qu’aujour’hui encore, les photographes hommes se tiennent les coudes, empêchant obstinément les femmes de percer leurs lignes.
Demain, les RIDM présentent également un film de traversée, de l’Arctique en voilier, à 15h.
Heureusement que ces salles de cinéma ne sont pas trop trop éloignées l’une de l’autre…
N’oublions pas non plus qu’il y a le Salon Mieux-Vivre 50+ au Palais des Congrès, entrée gratuite.
MARIUS Réalisateur : Daniel Auteuil Scénario : Daniel Auteuil, d’après Marcel Pagnol Interprètes : Daniel Auteuil, Raphaël Personnaz, Jean-Pierre Darroussin, Victoire Bélézy, Marie-Anne Chazel
Après avoir si bien fait revivre LA FILLE DU PUISATIER, Daniel Auteuil nous revient magnifiquement avec MARIUS et ensuite FANNY dans la même année, deux films de grand cinéma provençal d’époque créés à l’origine par le merveilleux Marcel Pagnol.
Deux films immenses qui font rire et pleurer, MARIUS est un peu plus léger, FANNY fend le coeur, littéralement, et pas seulement pour tricher aux cartes… Panisse, joué par Jean-Pierre Darroussin, est incomparable quand il pose enfin ses lettres et fils dans son enseigne.
CITATIONS / EXTRAITS DES DIALOGUES : MARIUS
« Le plus vite possible parce que cette bouillabaisse-là, ça n’attend pas. »
« Ah ! Si on peut plus tricher avec des amis, alors c’est plus la peine de jouer aux cartes ! »
« Et moi j’ai fait comment pour mettre quatre tiers dans ce verre ? »
« Si c’est frais ? Goûtez-moi ça, on dirait que ça vient des vignobles du pôle Nord. »
« Mon pauvre Panisse, les chemises de nuit n’ont pas de poches ! »
FANNY Réalisateur : Daniel Auteuil Scénario : Daniel Auteuil, d’après Marcel Pagnol Interprètes : Daniel Auteuil, Victoire Bélézy, Jean-Pierre Darroussin, Raphaël Personnaz
CITATIONS / EXTRAITS DES DIALOGUES : FANNY
« J’en ai connu au moins deux qui sont mortes d’amour. Par pudeur, elles ont fait semblant que c’était de maladie. »
« Il se garde tout son chagrin dans le ventre. »
« La bouillabaisse de ta femme, je la donnerais pas à mon chien et encore, je n’ai pas de chien ! »
« Faut dire qu’il avait la tête plus grosse que le derrière. »
« Et à nous, il en a pas fait de la peine ? Parlez-moi de la pluie ou même des impôts, mais pas de Marius. »
Cookie Réalisatrice : Léa Fazer Scénario : Léa Fazer, Benoît Graffin Interprètes principaux : Alice Taglioni, Virginie Efira, Mehdi Nebbou
Un film qu’il faut voir pour tous les beaux gestes qu’il contient et toutes les initiatives des mecs prêts à aider la femme qu’ils aiment au moment où elle en a vraiment besoin.
Une chinoise sans papiers à Paris
Un jour la mère disparaît sans crier gare, laissant son fils de 6 ans chez une hôtesse de l’air où elle fait le ménage. Mêlées à cela des histoires de coeur et de famille : soeurs très proches, mec réformé, mari inquiet, collègue amoureux, jeunes en plein utopie…
Beaucoup de mamies se reconnaîtront dans ce récent rôle de Catherine Deneuve qui vit des moments d’intenses émotions après avoir été délaissée par un amant aussi fuyant que faux jeton, aux prises aussi avec une fille qui la rejette et mère d’un gamin de 11 ans qu’il faut vite mettre entre les mains d’un adulte vu qu’elle vient de se trouver un énième boulot, cette fois à Bruxelles où elle doit se rendre de toute urgence. Au même moment, Bettie reçoit d’incessants appels pour qu’elle participe à des retrouvailles d’anciennes miss de beauté françaises et faire des photos pour un calendrier. Et c’est le gamin qui répondra, lui qui causera à sa mamie toutes les inquiétudes pendant les quelques jours sur lesquels se déroule le film, lui qui n’aura surtout pas envie de se faire laisser chez son ennuyeux papi paternel en pleine journée d’élections municipales.
Bref, il y a à boire et à manger dans ce film rempli de bouleversements inattendus où Catherine Deneuve ne cesse de nous surprendre. Réalisé par Emmanuelle Bercot sur un scénario d’Emmanuelle Bercot et Jérôme Tonnerre, Elle s’en va rassemble aussi les interprètes Nemo Schiffman, Claude Gensac, Dominique Rocheteau et Mylène Demongeot.
Durée : 116 minutes
CITATIONS / EXTRAITS DES DIALOGUES
« Ah bon ! T’es pas à la retraite ?! »
« Je sais pas si je parle trop mais vous, vous écoutez rien alors. »
Le film débute sur la centenaire toute calme qui boit tranquillement son thé et qui tente de se tirer au pendule. Une seconde plus tard, on voit les parents de jeunes enfants courant comme des désespérés pour s’occuper de leurs marmots tout en s’accrochant à vouloir les amener à l’école et se rendre eux-mêmes au travail à l’heure, dans la hâte et les bouchons, malgré tous les autres pépins qui peuvent survenir.
C’est un film aussi savoureux que drôle et chaleureux de même qu’émouvant, plus qu’actuel sur une génération de parents célibataires, très seuls et toujours à la course, dans le bruit et l’enfer professionnel rigide, frigide et sans pardon de la globalisation.
Mais retournons en arrière pour un peu de bonheur
On ne peut s’empêcher que cette femme, dans son grand calme, a vécu la guerre et vu se développer toutes les réalisations du vingtième siècle, vu fermer nombre d’usines… On ne peut s’empêcher de constater à quel point toutes ces améliorations n’ont servi qu’à rendre la vie infernale au lieu de véritablement améliorer la qualité de vie promise… Et voilà que cette femme centenaire qui réussissait à apporter un peu de paix dans la vie de ses proches est sur le point de voir sa propre vie tirer vers sa fin. Mais pas question de finir dopée par des quantités infernales de médicaments ! Allez, tout le monde à la campagne ! Elle se laisse emmener dans une région de vignobles, dans une magnifique grande maison d’un grand âge avec piscine, calme, bonheur… et des derniers voeux à réaliser !
Coup de coeur
Le sourire de la dame quand ils arrivent près des vignobles est renversant.
CITATIONS / EXTRAITS DES DIALOGUES / PAROLES DE CENTENAIRE
« Puis, ne pleure plus devant moi parce que moi, j’ai bien l’intention de sourire jusqu’au bout. »
« Il faut rayer le passé, sinon on n’avance pas. »
Le film Sous le figuier, avec la fabuleuse Gisèle Casadeus et dans les rôles principaux Anne Consigny, Jonathan Zaccaï et Marie Kremer, est une réalisation d’Anne-Marie Étienne qui signe aussi le scénario.
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