Violences faites aux femmes, pistes de réflexion, meurtres au nom de l’honneur de la famille, problème des femmes, rééducation des hommes, traditions néfastes, communautés immigrantes, mariages forcés, le nom, l’honneur, le père, le chef de famille, le patriarche, l’aîné, les cousins, les cousines, les jeunes vierges analphabètes du pays d’origine, le cousin qui veut des papiers, les meurtres pour éviter le déshonneur ?…
C’est à un long métrage documentaire exceptionnel que nous convie Raymonde Provencher avec son plus récent film Ces crimes sans honneur, qui sort en DVD aujourd’hui 27 novembre 2012 avec deux disques dans le coffret, la version française et sa version anglaise « Crimes Without Honour ».
Les crimes d’honneur sont des phénomènes anciens, qui remontent à des temps immémoriaux. Nous les avions crus révolus; et pourtant la réalité nous a rejoint au moment où nous nous y attendions le moins. Des milliers de personnes — généralement des femmes — dans le monde sont tuées au nom de l’honneur.
Au Canada, « l’affaire Shafia » a sonné l’heure de notre réveil. En Suède, c’est l’assassinat de Fadime, de la main de son propre père, qui a provoqué l’électrochoc. On tue au nom de l’honneur en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Suède, au Canada; et ce phénomène est en constante augmentation.
Dans Ces crimes sans honneur, la cinéaste tente de dégager certaines pistes de réflexion à travers l’histoire d’Aruna Papp, une chrétienne d’origine indienne vivant au Canada ; de Necla Kelek, une turque vivant en Allemagne ; de Sara, une kurde établie en Suède et d’Arkan, un jeune kurde élevé « à la suédoise ».
Aruna, Necla, Sara et Arkan ont eu le courage de défier ces traditions criminelles de leur communauté en dénonçant ces crimes haineux avec le risque d’être ostracisés.
Produit par Raymonde Provencher (Macumba Films), Ces crimes sans honneur est distribué par Les Films du 3 mars.
Stop the bad name of the community by preventing it
Immigrée torontoise, elle ne s’inquièterait pas d’être stéréotypée à condition que personne ne se fasse tuer pour cela. Ou ne se fasse casser le bras ou ne subisse d’autres violences conjugales non comptabilisées, jamais dénoncées, la peur servant à terroriser les victimes de maltraitance au quotidien.
Pendant 18 ans, elle a vécu de la violence conjugale ; pendant 18 ans « Tout ce que tu comprends ce sont les coups de pied » lui disait son père qui l’avait aussi battue avant son mariage forcé avec un homme qu’il n’aimait pas et qu’il insultait devant tout le monde et qui ensuite s’en prenait à elle.
Elle s’en est sorti. Elle a fait une recherche. Elle a parlé à 1800 femmes qui avaient toutes peur d’être identifiées. Nombre d’entre elles ne se sont pas présentées. Elle-même a un jour détruit l’estime de soi sur la personne de sa propre fille. Elle raconte son histoire, l’histoire d’innombrables femmes qui apprennent du jour au lendemain qu’elle se marient le lendemain avec un individu qu’elles n’ont jamais vu ou avec un membre de la famille. Si elles refusent, elles se font coller une étiquette d’avoir déshonoré leur famille. « Le déshonneur restera à jamais. » Elle explique que plusieurs communautés immigrantes apportent des « traditions néfastes dans ce pays», dit la Torontoise.
Une turque en Allemagne : « Les turcs et les arabes s’isolent »
Après la Suède, après Toronto, le film nous transporte en Allemagne où une auteure d’origine turque explique la charia qui est un code de lois qui régit ce qui finit par être une petite ville dans la ville, code entièrement copié sur la société d’origine d’où est issue la jeune vierge du pays qui n’apprend souvent jamais la langue du pays d’accueil.
« Je suis devenue un être autonome. »
Dans le film de Raymonde Provencher, cette auteure qui a appris en Allemagne en côtoyant les allemands qu’elle pouvait vivre de manière autonome, explique le fonctionnement hiérarchique de l’honneur du patriarche familial, honneur pouvant mener jusqu’au meurtre.
La société d’accueil : « Il faut en parler beaucoup plus »
Elle croit que la société d’accueil doit absolument se mêler des violences faites aux femmes. Il ne s’agit pas d’affaires de famille ou personnelles ; il s’agit de violences faites aux femmes, de maltraitance subie par des citoyennes, qu’elles aient ou non eu la permission ou l’opportunité d’apprendre la langue du pays d’accueil.
On pourrait même croire qu’à la limite ces mariages arrangés servent même à obtenir des passeports et des nationalités sur le dos des filles qui n’ont pas le choix. Cette auteure travaille depuis des années à faire cesser ces mariages forcés et a réussi à les réduire de 25 000 par années à 10 000, en éliminant les analphabètes depuis qu’on impose des tests de connaissance de la langue.
Au Canada, on n’a aucune données sur les mariages forcés.
Le nom, l’honneur, le père, le chef de famille, le patriarche, l’aîné… tous ont une place bien précise dans ces sociétés. L’honneur de la famille est plus important, semble-t-il, que le mal qu’ils peuvent faire pour le préserver.
MOUTON NOIR et BANNIE
Elle parle aussi de l’exclusion dont elle a fait l’objet de la part de sa famille après son divorce qui les humiliait.
En Suède :
Un cri commun : les hommes et les femmes à qui on impose ces mariages sont vulnérables. On demande aux politiciens de s.v.p. écouter. Ces femmes mettent leur vie en danger en s’exprimant sur le sujet.
« Personne n’a osé m’aider. »
« J’ai vu la Suède comme un pays de libertés »
« J’ai perdu ma famille, ma cousine, ma copine. »
Cet homme vivant en Suède que l’on a forcé à marier une cousine l’a laissée en Syrie pendant 3 ans avec d’autres dans la même situation de mariée en attente des papiers d’immigration, dans une pièce de 10m2.
La virginité, l’honneur sont des clauses négociés lors d’un mariage forcé
Mieux vaut prévenir que guérir. La prévention en entendant le problème des femmes doit s’accompagner d’une rééducation des hommes afin qu’ils respectent les droits des femmes.
« Je suis la seule qui ose parler »
Il ne faut pas seulement écouter, il faut s’en mêler, ajoute-t-elle. « J’espère avoir fait une toute petite différence. »
Un film de Raymonde Provencher.
À voir absolument afin de comprendre possiblement les communautés qui ne semblent pas vouloir s’intégrer, pour aider votre voisine ou votre voisin qui ne vous salue jamais, pour survivre à la peine incommensurable que vous a causée votre ex-fiancé qui s’est soudainement marié avec une femme de son pays alors qu’il disait vous aimer…
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