Un nouveau roman sublime d’intelligence de l’auteure québécoise Carmen Robertson raconte l’histoire de trois femmes, la grand-mère, sa fille la mère et la petite-fille. Elles ont grandi, comme on pourrait dire, à l’abri du besoin, surtout la petite-fille dont la mère a réussi à force de travail sans relâche à être promue au poste de sous-ministre du tourisme. Oui, mais voilà que soudain elle se fait renverser par une bande d’hommes organisés avec leurs pions plantés là où il faut, surtout qu’ils ne parviendraient jamais à obtenir les postes par leurs compétences ou leur rigueur au travail.
Le destin de la grand-mère avait été tout aussi de son temps : sa naissance avait provoqué le décès de sa mère et elle s’était mariée complètement ignorante des choses de la vie, ce qui ne l’a pas empêchée de tenir un journal. La petite-fille est une jeune un peu perdue entre le choix d’études qui ne l’intéressent pas ou les causes humanitaires… Et le bonheur dans tout cela ? A-t-il une place ?
Carmen Robertson parvient même à incorporer l’aïeule de la Commission Charbonneau dans ce roman et c’est, comment dire, plus-que-parfait.
CITATIONS / EXTRAITS
« – Jamais ! J’ai vraiment envie de t’entendre, que tu me racontes ton enfance, ta jeunesse ! Depuis que je suis en anthropologie, j’ai pris conscience de l’importance de comprendre le monde dans lequel on baigne et comment il s’est formé. » (p. 53)
« La fascination pour ce bel homme aux fonctions prestigieuses avait éclaté comme une bouteille de champagne qu’on lance contre la coque d’un navire, gaîté en moins. » (p. 71)
« C’est comme si je pensais habiter dans une maison et je découvre que ce n’était qu’un décor de théâtre. » (p. 77)
« Ce savant courriériste parlementaire déplace les pions au pifomètre, affectant au Tourisme l’actuel ministre de l’Agriculture. » (p. 85)
« On lui enseignerait alors que les filles d’Ève sont les pommes empoisonnées par qui tous les malheurs du monde sont arrivés, leçon qu’elle délogerait plus tard de ses croyances à grand renfort de colère. » (pp. 146-147)
Les blessures du silence est un roman du Québec absolument québécois dans son histoire, ses croyances changeantes, ses générations bouleversantes, signé Carmen Robertson (La Fugueuse) et publié aux éditions Guy Saint-Jean.
Votre commentaire