Recueil de nouvelles écrites par Louis-Philippe Hébert, il s’agit de cinq histoires d’amour marquées au fer rouge, vues par un cerveau d’homme.

Les ponts de glace sont toujours fragiles de Louis-Philippe Hébert est paru chez Lévesque éditeur, collection Réverbérations.
La plus volubile de ces histoires est celle qui raconte un enfant garçon élevé en pensionnat où il apprit à devenir un citoyen respectable malgré toutes les saloperies des moines observées en pension pendant une année de trop, une année redoublée pour lui apprendre… Ce qui est le plus étonnant dans ce personnage, c’est que malgré toutes les horreurs que lui inspirent ces frères nus sous leur robe, lui et son ancien confrère de classe retournent dans l’immeuble alors qu’ils sont à leur retraite, les lieux ayant été transformés pour recevoir la clientèle aînée. C’est vraiment incroyable tout ce qui peut s’écrire dans le cerveau d’un homme bien éduqué, ayant fait médecine, ayant toujours vécu à peu près correctement tout en réfléchissant tout avec un dégout désopilant. Cet homme privilégié de par sa famille et son statut masculin qui lui ouvrait tant de portes fermées aux femmes mais qui n’ont pas eu l’heur de le rendre heureux raconte ce qui reste dans sa tête, dans son esprit et dans son coeur. Et c’est pas de la tarte !
Les autres nouvelles révèlent des personnages qui ressemblent aux gens que l’on croise dans la rue mais dont l’auteur nous fait découvrir des côtés inconnus. Un homme un peu patriarche qui souhaite retourner sur son île difficile d’accès malgré son âge, sa santé défaillante, l’hiver… Un homosexuel qui fait fortune grâce à sa tante qui lui raconte tant de choses sur les voisins, la famille… Un domestique… Un voyageur aux toilettes de l’aéroport à Miami…
CITATIONS / EXTRAITS
« On a remplacé nos vieux tortionnaires par des jeunes, les robes noires et salies par des vêtements affreusement colorés, et le ton sirupeux d’autrefois a fait place à des interpellations si intimes qu’elles nous prouvent justement que n’avons plus droit à aucune intimité. […] » (p. 86, Le diable ne brûle pas)
« […] La mort tarde à venir chercher celui qui fut pourtant son fidèle serviteur. Car j’ai bien mérité ce titre, croyez-moi, après des années passées dans le système de santé […] » (p. 86, Le diable ne brûle pas)
« Il s’était toujours méfié des médicaments, peut-être parce qu’il en vendait. » (p. 20, Les ponts de glace sont toujours fragiles)
« Tous les garçons étaient épilés de la tête aux pieds. Je craignais d’être observé comme si j’étais un fauve. » (p. 163, Les latrines de l’aéroport de Miami)
Les ponts de glace sont toujours fragiles de Louis-Philippe Hébert est paru chez Lévesque éditeur, collection Réverbérations.
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