Le premier de quatre magnifiques spectacles de danse a eu lieu hier soir à l’Agora de la danse. Une recréation dix années plus tard d’une chorégraphie sur fond sonore électronique avec quelques projections sur écran et surtout trois danseuses exceptionnelles : Karina Champoux, Clara Furey et Anne Thériault.

Duos pour corps et instruments
Chorégraphe : Danièle Desnoyers
Création et design sonore :
Nancy Tobin
Interprètes :
Karina Champoux,
Clara Furey et
Anne Thériault
Agora de la danse
22(complet), 23, 24 janvier à 20 h
+ 25 janvier à 16 h
Parole de chorégraphe : 23 janvier
Trois jeunes femmes, on dirait des soeurs ou des collégiennes ou des droguées de la réussite, en tenue de ville avec chaussures à hauts talons et plateformes. Habituées ensemble, chacune tente de se faire entendre par le biais de chacune son haut-parleur et des solos de danse. Mais lorsque l’une d’elle se fait intimer l’ordre d’arrêter, elle sort avec tant de fracas qu’un individu de configuration masculine dans la salle, drogué par les clichés qui l’avantagent, a passé une remarque impensable : « hystérique ! ». Mais comment ne pas devenir hystérique quand on nous empêche de nous exprimer ? Bref, c’est pas ça qui a arrêté nos fabuleuses artistes sur scène qui ont poursuivi en véritables bêtes de scène : ces femmes semblent avoir des corps totalement mouvables dans tous les sens. D’ailleurs, ce retour d’un spectacle comme on en fait plus sur la base d’une véritable réflexion humaine à l’encontre d’une société automatisée jusque dans la tête double chaque déplacement par un son électronique de manière si précisément affûtée qu’il faut deux techniciens sur scène aux commandes des consoles.
Le spectacle débute sur l’une d’elles assise sur un haut-parleur prenant des poses un peu provocatrices et portant un bracelet au mollet. En fait, elle est déjà là avec un des techniciens quand on arrive. Les autres suivent, la dernière à entrer en scène étant Clara Furey, véritable double de sa mère Carole Laure qui était dans la salle aux côtés de Lewis Furey.
La mécanisation dans la société
Se succèdent des solos et des duos entrecoupés de quelques projections sur grand écran menant au bout d’un moment à l’impression d’une chaîne de montage en usine, imitant au passage les mécanismes de marche exagérés d’un défilé de mode.
La grande soeur
L’une d’elle semble tenir un rôle de grande soeur qui, après avoir crié à l’autre d’arrêter, finit par ramasser ses espadrilles lancées lors de son retour revanchard. Il n’y a que très peu de paroles dans ce spectacle mais la communication est omniprésente, même lorsque la même se met à chanter et que les deux autres se rallient pour tomber à répétition de leur haut-parleur. Question de lui laisser savoir que sa voix n’est pas appréciée, qu’elle devrait se taire, qu’elle doit s’effacer. Mais c’est sans succès. La rebelle ne se taira pas. Et elle va plus tard reprendre sa démarche moqueuse.
La chorégraphe
Depuis 1989, Danièle Desnoyers, directrice artistique et chorégraphe, a signé une quinzaine d’oeuvres pour sa compagnie montréalaise, Le Carré des Lombes.
Agora de la danse
Ce retour d’un spectacle créé en 2003 est une petite merveille. À voir à l’Agora de la danse d’ici au 25 janvier.
23 janvier 2014 at 12 h 10 min
A reblogué ceci sur Femmophobieet a ajouté:
Un homme dans la salle a critiqué, à voix haute et pendant le spectacle, un comportement chorégraphié d’«hystérique» !!!