« La mère est la porteuse embarrassante dont on rêve la disparition radicale. Avec le fantasme de l’utérus artificiel qu’appellent de leurs voeux certains médecins, elle est évincée d’un bout à l’autre du processus. L’enfant naîtrait sans mère, hors corps, hors sexualité, dans la transparence d’un regard médical maîtrisant chaque instant de son développement. La souillure du corps maternel serait effacée par l’hygiène de la procédure et la surveillance sans relâche des machines signalant toute anomalie. Travail et fantasme d’hommes, non de femmes, comme s’il y avait là un aboutissement de plusieurs siècles visant à transférer techniquement entre les mains du masculin un processus qui lui échappe organiquement. » (p. 77, Le corps indésirable de la femme : la gestation hors corps)
David Le Breton a écrit ce texte en 1999 dans son essai L’adieu au corps que Métailié réédite aujourd’hui dans sa collection SUITES.
Ce livre est un survol de toutes préoccupations du corps considérant son usage, sa dualité, son entretien, y compris moultes constatations très informées sur les piercings, tatouages et autres moyens de se servir de son corps comme d’un étalage de vente, d’une « entreprise à diriger » (p. 33, Maîtrise du corps).
Professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg, membre de l’Institut universitaire de France et du laboratoire URA-CNRS « Cultures et sociétés en Europe », l’auteur discute dans ce livre de haine du corps et de haine du social, d’exclusion des rapprochements réels par le biais du virtuel, de PMA, de choix et de transformations ainsi que du maintien du corps à tout prix.
Il s’agit d’une réflexion et surtout de constatations plus que pertinentes englobant de nombreuses questions qui font de plus en plus l’objet de prises de position radicales et de militantisme doublé de démarchage politique dans notre monde et ce, 14 ans après sa première publication aussi chez Métailié.
Cette lecture s’avère vraiment édifiante, tout particulièrement en ce qui a trait à l’extrait choisi, au regard des visées et comportements masculinistes actuels ayant pour effet l’exclusion des femmes non seulement dans l’espace public mais tout spécialement dans le rôle de procréation à l’heure où l’homme veut contrôler comment et qui donne la vie, qui aura le privilège d’avoir un enfant alors qu’à la source, il s’agit non pas d’une histoire de machine mais d’un acte d’amour intime entre un homme et une femme !
Une super lecture à petit prix : 10 euros seulement.
Voir la fiche du livre sur le site des éditions Métailié.
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12 mai 2013 at 0 h 52 min
http://guillaumeleroy.blogspot.ca/#!/2012/12/le-masculinisme-et-la-mort.html